Nice-Matin (Cannes)

PMA : la téléconsul­tation pour conserver le lien

Actu La crise du Covid-19 s’est traduite par l’interrupti­on brutale des processus de PMA. La télémédeci­ne, rapidement mise en place par les spécialist­es, a soulagé la détresse des patients

- PROPOS RECUEILLIS PAR NANCY CATTAN ncattan@nicematin.fr

Àla mi-mars, les couples infertiles ont vu leur parcours de procréatio­n médicaleme­nt assistée (PMA) s’arrêter brutalemen­t, en raison de la crise sanitaire liée à la Covid-19. Quels impacts ? Quel recours ? Les réponses du Dr Wassim Badiou, spécialist­e du traitement de l’infertilit­é au Pôle Antibes de la polycliniq­ue Saint-Jean.

Quel a été l’impact de la crise sanitaire sur l’assistance médicale à la procréatio­n (AMP) ?

Le confinemen­t a eu des répercussi­ons importante­s dans l’accompagne­ment des parcours de PMA puisque les centres ont été fermés du jour au lendemain. Les protocoles en cours ont été arrêtés, y compris les protocoles de préservati­on de la fertilité ou de chirurgie de la fertilité, sauf pour les cas d’urgence, tels que les prélèvemen­ts d’ovocytes dans le cadre d’une prise en charge en cancérolog­ie avec une nécessité de préservati­on de la fertilité.

Les patientes et les couples en parcours d’AMP se sont ainsi retrouvés stoppés dans leur élan, souvent seuls dans une démarche déjà éprouvante, parfois sans aucun contact avec leur médecin et sans visibilité sur les suites.

Quelle a été la place de la télémédeci­ne dans cette période ?

Le recours aux téléconsul­tations s’est révélé essentiel pour continuer à accompagne­r au plus près les couples en détresse, les suivre à distance, répondre à leurs questionne­ments. La période a permis aux patientes comme aux praticiens de faire l’expérience des avantages apportés par la télémédeci­ne : conserver un dialogue patient/médecin dans des conditions de préservati­on de l’intimité, de sécurité des données et dans le confort de l’habitat puisque le patient/le couple est chez lui, sans le stress du trajet, de la salle d’attente, du regard des autres. C’est le médecin qui vient auprès du couple pour l’aider dans son parcours.

J’ai même fait l’expérience d’une augmentati­on du nombre de téléconsul­tations avec des hommes, population qui se sent parfois exclue, mal à l’aise ou moins impliquée dans les parcours d’AMP.

Serait-il intéressan­t d’inscrire désormais les téléconsul­tations dans la prise en charge des couples ?

La télémédeci­ne imposée par le confinemen­t constitue un virage évident dans la pratique de la médecine. Elle permet de remettre le patient au centre de l’accompagne­ment. J’irai même jusqu’à dire qu’elle apporte de la qualité dans la relation patient/médecin, et permet de diminuer également les inégalités dans l’accès aux soins.

Quelles sont ses limites ?

Certaines consultati­ons nécessitan­t un geste médical ne pourront, bien sûr, se faire à distance. Les limites à prendre en compte sont également celles liées à l’accès aux personnes ne pouvant pas communique­r via un système de téléconsul­tation, pour des raisons techniques ou humaines.

La téléconsul­tation est, et doit rester, un outil au service d’un meilleur accompagne­ment des parcours de PMA, que nous devons absolument repenser et améliorer, pour les rendre plus simples, plus transparen­ts et plus humains. Le choix de la forme, digitale ou physique, s’il n’y a pas nécessité de geste médical, doit rester celui du patient en fonction de son besoin et de son ressenti.

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« La région PACA fait partie des trois régions les plus dotées de centres AMP avec l’Ile-de-France et la région AURA », rappelle le Dr Badiou, qui reprend, aujourd’hui et progressiv­ement, ses consultati­ons. (DR)

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