PMA : la téléconsultation pour conserver le lien
Actu La crise du Covid-19 s’est traduite par l’interruption brutale des processus de PMA. La télémédecine, rapidement mise en place par les spécialistes, a soulagé la détresse des patients
Àla mi-mars, les couples infertiles ont vu leur parcours de procréation médicalement assistée (PMA) s’arrêter brutalement, en raison de la crise sanitaire liée à la Covid-19. Quels impacts ? Quel recours ? Les réponses du Dr Wassim Badiou, spécialiste du traitement de l’infertilité au Pôle Antibes de la polyclinique Saint-Jean.
Quel a été l’impact de la crise sanitaire sur l’assistance médicale à la procréation (AMP) ?
Le confinement a eu des répercussions importantes dans l’accompagnement des parcours de PMA puisque les centres ont été fermés du jour au lendemain. Les protocoles en cours ont été arrêtés, y compris les protocoles de préservation de la fertilité ou de chirurgie de la fertilité, sauf pour les cas d’urgence, tels que les prélèvements d’ovocytes dans le cadre d’une prise en charge en cancérologie avec une nécessité de préservation de la fertilité.
Les patientes et les couples en parcours d’AMP se sont ainsi retrouvés stoppés dans leur élan, souvent seuls dans une démarche déjà éprouvante, parfois sans aucun contact avec leur médecin et sans visibilité sur les suites.
Quelle a été la place de la télémédecine dans cette période ?
Le recours aux téléconsultations s’est révélé essentiel pour continuer à accompagner au plus près les couples en détresse, les suivre à distance, répondre à leurs questionnements. La période a permis aux patientes comme aux praticiens de faire l’expérience des avantages apportés par la télémédecine : conserver un dialogue patient/médecin dans des conditions de préservation de l’intimité, de sécurité des données et dans le confort de l’habitat puisque le patient/le couple est chez lui, sans le stress du trajet, de la salle d’attente, du regard des autres. C’est le médecin qui vient auprès du couple pour l’aider dans son parcours.
J’ai même fait l’expérience d’une augmentation du nombre de téléconsultations avec des hommes, population qui se sent parfois exclue, mal à l’aise ou moins impliquée dans les parcours d’AMP.
Serait-il intéressant d’inscrire désormais les téléconsultations dans la prise en charge des couples ?
La télémédecine imposée par le confinement constitue un virage évident dans la pratique de la médecine. Elle permet de remettre le patient au centre de l’accompagnement. J’irai même jusqu’à dire qu’elle apporte de la qualité dans la relation patient/médecin, et permet de diminuer également les inégalités dans l’accès aux soins.
Quelles sont ses limites ?
Certaines consultations nécessitant un geste médical ne pourront, bien sûr, se faire à distance. Les limites à prendre en compte sont également celles liées à l’accès aux personnes ne pouvant pas communiquer via un système de téléconsultation, pour des raisons techniques ou humaines.
La téléconsultation est, et doit rester, un outil au service d’un meilleur accompagnement des parcours de PMA, que nous devons absolument repenser et améliorer, pour les rendre plus simples, plus transparents et plus humains. Le choix de la forme, digitale ou physique, s’il n’y a pas nécessité de geste médical, doit rester celui du patient en fonction de son besoin et de son ressenti.