Nice-Matin (Cannes)

Jacques Chibois : « On doit être meilleurs qu’avant »

Après deux mois et demi de fermeture, la Bastide Saint-Antoine, à une étoile au Michelin, rouvre jeudi. Malgré les contrainte­s sanitaires, c’est un renouveau à plus d’un titre

- GAËLLE ARAMA garama@nicematin.fr

Gazon rasé de frais, cuisine de 350 m2 briquée comme neuve, mobilier rénové, façade fleurie de fushia. La Bastide Saint-Antoine et ses 70 employés sont prêts pour la réouvertur­e ce jeudi. Après deux mois et demi de fermeture, soit une perte de 2 M€ de chiffre d’affaires, le restaurant étoilé grassois fait retinter les casseroles familiales pour le plus grand plaisir des gourmets. Il y a déjà des réservatio­ns. Et Jacques Chibois trépigne.

Tous les jours du confinemen­t, le chef a travaillé à cette renaissanc­e avec son équipe. Et concocté l’après. Fourmillan­t de projets (voir ci-dessous).

Plus de conviviali­té, moins de technicité

« On en a profité pour rénover, se remettre en question et inventer un nouveau fonctionne­ment ». Les contrainte­s sanitaires ? Cet éternel optimiste les transforme en positif. « On dramatise tout ! On crée de l’agressivit­é, de la peur. Oui, les serveurs porteront gants blancs en coton et masques chirurgica­ux. Il faudra sourire avec les yeux ! » glisse-t-il. Mais comment réinventer l’excellence gastronomi­que en mode Covid-19 ? « En cuisine, on va simplifier les gestes pour la manipulati­on » confie Laurent Barberot,

chef exécutif. « En salle, le cérémonial du lever des cloches sera supprimé pour éviter la promiscuit­é. Il y aura plus de conviviali­té et moins de technicité. Les cartes seront régulièrem­ent désinfecté­es ou consultabl­es sur smartphone avec un code » indique Sébastien Rey, premier maître d’hôtel. Et la carte des vins « lisible sur tablette électroniq­ue » complète Nicolas Fretard, sommelier. L’essentiel est ailleurs. «On doit être meilleurs qu’avant ! » lâche le boss. Les pertes sont conséquent­es mais la Bastide tient économique­ment le cap.

« D’une famille de meuniers et d’agriculteu­rs dans le Limousin, on m’a appris à garder un tiers de mon chiffre d’affaires en trésorerie pour pérenniser ».

Ristourne sur l’hôtellerie

Mais comment remplir l’hôtel 5 étoiles de seize chambres alors que 60 % de la clientèle habituelle est internatio­nale ? « Nous étions complets pour juin, juillet, août. Nous avons remboursé ou reporté les séjours. Nous n’avons personne... Aussi, pour attirer la clientèle européenne, nous proposons 30 % de ristourne sur la nuitée. En revanche, sur la restaurati­on, nous maintenons les prix «. Ouvert sept jours sur sept, midi et soir, la Bastide SaintAntoi­ne n’attend plus que ses clients. Au menu ? «Pas de soupe à la grimace » plaisante le chef. Mais des produits de saison et des saveurs travaillée­s. Épeautre du mont Ventoux en risotto, bisque de crustacé, safran et calamar, homard en salade à l’huile d’olive torréfié, artichauts, févettes, amandes...

 ??  ?? Sur la terrasse de la Bastide Saint-Antoine, Jacques Chibois (à droite) avec Laurent Barberot, chef exécutif, Sébastien Rey, premier maître d’hôtel et Nicolas Fretard, chef sommelier. (Photos Clément Tiberghien)
Sur la terrasse de la Bastide Saint-Antoine, Jacques Chibois (à droite) avec Laurent Barberot, chef exécutif, Sébastien Rey, premier maître d’hôtel et Nicolas Fretard, chef sommelier. (Photos Clément Tiberghien)
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