Nice-Matin (Cannes)

Un Grassois toujours confiné… au Paraguay

Jean-Claude Meï, 72 ans, y est arrivé début février, 15 jours avant que ce pays d’Amérique du Sud ne se confine. Si le déconfinem­ent y débute lentement, les plus de 65 ans sont toujours assignés à résidence

- MARIANNE LE MONZE mlemonze@nicematin.fr

Avec plus de trois mois de confinemen­t, le Français Jean-Claude Meï devrait sans doute battre un record. Ce Grassois septuagéna­ire est toujours confiné… au Paraguay. Un pays où il est arrivé début février, « et qui s’est confiné mi-février. ». Un mois avant la France ! « Le déconfinem­ent commence doucement, avec les magasins, les coiffeurs. Pour l’instant les supermarch­és, les théâtres ou les restaurant­s n’ont pas rouvert. La date du 15 juin est évoquée. Mais ce sera peut-être en juillet. Je suis ici depuis 4 mois. Confiné depuis trois. Et ce n’est pas fini, parce que les plus de 65 ans sont encore assignés à résidence. Ils ont une permission de sortie le matin de 9 à 10 heures. Le temps de faire des courses et un peu de sport. Moi, je ne dis pas trop mon âge pour sortir plus longtemps. »

Sept millions d’habitants :  morts

Il décrit les Paraguayen­s comme discipliné­s et stricts : « Ici, c’est un petit pays de 7 millions d’habitants, dont 70 % ont moins de 35 ans. Il gère très bien la crise sanitaire. Il y a eu 11 morts et 800 cas de Covid. Essentiell­ement des Paraguyens revenus de l’extérieur.

Du Brésil notamment où la pandémie est beaucoup plus grave. La crise économique, elle, est moins bien gérée. Il n’y a pas de sécurité sociale, pas d’aides aux entreprise­s et beaucoup de chômage. Les gens s’entraident énormément », explique par téléphone ce retraité, ex-commercial à l’internatio­nal en parfumerie. Il était parti pour donner un coup de main à un ancien fournisseu­r de SaintCézai­re-sur-Siagne, la société SFA Romani, qui veut développer son activité en Amérique du Sud. Une zone qu’il connaît bien pour s’y rendre depuis huit ans.

« Et dire que cette fois je ne devais rester que trois semaines ! » s’amuse Jean-Claude Meï, un peu lassé d’attendre tout même, mais toujours très actif et qui ne se plaint pas. « Je suis hébergé dans une maison avec jardin par une famille qui travaille dans le laboratoir­e de parfumerie que j’ai développé ici et qu’elle a récupéré. Pour survivre pendant le confinemen­t, elle s’est mise à fabriquer du gel hydroalcoo­lique et nous avons ensemble développé un produit parfumé aux fragrances très françaises. Il a beaucoup de succès. La famille reçoit plein de commandes. »

Un retour espéré pour juillet

Entre autres occupation­s, JeanClaude Meï, qui vend aussi des matières premières d’Amérique du Sud aux industriel­s grassois, a aussi cherché des terrains pour un Valbonnais qui veut se développer au Paraguay. «Mon ami veut y créer une plantation. La terre est très riche, il y a de l’eau, du soleil et les grandes variations de températur­es – en ce moment, 6° le matin, 28° l’aprèsmidi. Nous sommes en hiver. L’été, c’est plutôt 27 à 40° – obligent les plantes à s’adapter. Cela donne des essences différente­s et précieuses en parfumerie. »

Ce long confinemen­t lui aura donc permis d’achever sa mission : « Il y a beaucoup d’opportunit­és de terrains, mais c’est difficile de faire les transferts de fonds. Comme il y a beaucoup de “narcos”, il y a aussi beaucoup de méfiance. Il a fallu trois mois pour faire venir l’argent ! Là, nous en sommes à la phase d’investisse­ment. »

Dès que l’aéroport d’Asunción rouvrira, « en juillet », espère Jean-Claude Meï, il sera parmi les premiers à sauter dans un avion pour Nice… Mais il ne sera pas le seul Grassois à s’y précipiter. Il y retrouvera sans doute un de ses voisins des Bois Murés rencontré par hasard et lui aussi confiné au Paraguay.

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Jean-Claude Meï, ex-commercial à l’internatio­nal en parfumerie, dans la maison où il est confiné depuis mi-février à quelques kilomètres d’Asunción, la capitale paraguayen­ne. (DR)
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