31 mai 1858 : Charles III crée le premier journal de Monaco
Intitulé l’ « Eden », il était destiné à faire connaître au monde le renouveau de la Principauté et à attirer les touristes
C’était l’époque où naissaient les grands journaux : le Times à Londres, Le Figaro à Paris. Le Prince Charles III décida que Monaco aurait le sien.
Il voulait informer le monde du renouveau de la Principauté. Il baptisa son journal l’Eden. L’image de Monaco devait être paradisiaque !
Par la suite, le journal prit tout simplement le nom de Journal de Monaco - titre qu’il porte aujourd’hui, étant devenu le Journal Officiel de la Principauté, porteur des textes législatifs.
Le premier numéro sortit le 30 mai 1858. Au haut de la première page s’étalait un dessin - l’étroite et émouvante Principauté d’alors : le Rocher et son palais, en contrebas le port et les Bains de mer Saint-Charles, avec leur Hôtel des Étrangers et, sur la gauche, le Plateau des « Spélugues » (des « Grottes »), terrain agricole sur lequel Charles-III allait créer Monte-Carlo.
Aidé du directeurfondateur du Figaro
Pas de gare, bien sûr. Le chemin de fer n’arrivait pas encore en Principauté. On se rendait à Nice en omnibus à chevaux. Le directeur-fondateur du Figaro, Hyppolite de Villemessant, avait apporté ses conseils rédactionnels au prince. C’était un hôte fréquent de la Principauté. D’ailleurs, il y mourut en 1879.
Il fit venir une équipe de journalistes parisiens autour du rédacteur en chef Charles de Lorbac, connu pour ses chroniques mondaines, touristiques et gastronomiques. Il serait l’homme qui peaufinerait l’image touristique de la Principauté.
Vive le progrès !
L’essor de la grande presse, à l’époque, avait été rendu possible grâce à l’apparition d’une machine révolutionnaire : la rotative.
Elle avait été inventée par un homme, Hippolyte Marinoni, qui appartient à l’histoire de notre région : il fut maire de Beaulieusur-Mer en 1891, lorsque cette cité s’est séparée de Villefranche.
Au milieu du XIXe siècle, la Principauté avait bien besoin d’un journal pour se remonter le moral. Elle vivait des jours difficiles. Les finances étaient désastreuses. Menton et Roquebrune avaient fait sécession.
Charles III, conseillé par sa mère, avait été obligé d’utiliser... la dot de sa femme, la comtesse Antoinette de Mérode, pour financer la construction du nouveau quartier de Monte-Carlo (le « Mont Charles »).
Première pierre et cérémonie fastueuse
Le premier article du nouveau journal de Monaco porta précisément sur la pose de la première pierre du Casino : « Une transformation s’opère sous nos yeux. En face du vieux Monaco si riant et si pittoresque, s’élève une cité nouvelle sur le riche plateau des Spélugues. Puissante par ses capitaux et l’intelligence des hommes qui sont à sa tête, la Société des Bains de Monaco vient de jeter les fondements d’un établissement grandiose autour duquel vont se grouper de magnifiques hôtels et des villas élégantes. »
La cérémonie fut fastueuse : « Partout des fleurs, des guirlandes, des panoplies et des drapeaux se mêlaient aux feuillages des gigantesques et séculaires oliviers de cette terre promise ! Un arc de triomphe richement décoré avait été dressé à l’entrée de la Société des Bains de Monaco... S.A.S. Monseigneur le Prince arriva en compagnie de son fils, le jeune prince Albert, âgé de 9 ans... Il fut présenté à ce dernier un plat d’argent sur lequel se trouvait une truelle, en argent elle aussi, et un peu de mortier. Le jeune prince a garni les quatre coins de la pierre que les appareilleurs ont aussitôt mise en place. Alors ont éclaté de joyeuses fanfares... Puis la foule s’est écoulée de cette vaste esplanade qui, bientôt, étendra vers la mer ses avenues de palmiers, d’orangers et de roses... »
Ainsi le journal de Monaco allait-il accompagner la nouvelle vie de la Principauté.
De toute évidence, Monaco avait l’intention de ressembler au titre de son journal : l’Eden...