Nice-Matin (Cannes)

5 sélections surprises en équipe de France

- PAR CHRISTOPHE­R ROUX

Didier Deschamps aurait dû annoncer sa liste des 23 pour l’Euro 2020 fin mai. Le sélectionn­eur des Bleus avait jusqu’à demain pour la transmettr­e à l’UEFA. Le championna­t d’Europe reporté d’un an (11 juin 11 juillet) à cause du Covid-19, on a jeté un oeil dans le rétro. On y a cherché ces joueurs surprises convoqués pour disputer une grande compétitio­n internatio­nale avec le maillot Bleu. Ceux qu’on n’attendait pas ou plus tard. La liste aurait pu être exhaustive, voici notre Top 5 de ces quarante dernières années.

1. Pascal Chimbonda, Mondial 2006

« Un truc qui lui casse les couilles ». Pascal Chimbonda s’emportait en 2016 dans les colonnes de Ouest-France. L’ex-latéral droit exprimait sa lassitude, fatigué de ne voir sa carrière réduite qu’au Mondial 2006 et à la surprise des supporters français lorsque Raymond Domenech l’a convié en Allemagne. Fraîchemen­t élu meilleur arrière droit de Premier League avec Wigan et sur le point de rejoindre Tottenham, le Guyanais n’a jamais été appelé en Bleu avant ce 14 mai 2006. A ses yeux, il méritait d’être là et « n’a rien volé ». Domenech, après avoir demandé son numéro à Thierry Henry, l’avait appelé un mois plus tôt pour lui conseiller de reporter ses vacances. Jonathan Zebina et Anthony Réveillère, trop souvent blessés cette saison-là, restent à quai. Aligné en préparatio­n contre le Danemark à Lens, pour ce qui sera son unique cape, Chimbonda ne jouera pas une seule minute outre-Rhin mais repart avec le statut de vice-champion du monde et une chanson aux Guignols de Canal +. Si Franck Ribéry, l’autre bizuth de la liste se révèle, le natif des Abymes, lui, ne sera plus jamais sélectionn­é. « J’avais besoin d’un bon remplaçant, d’un joueur capable d’apporter de la bonne humeur comme Vincent Candela y était parvenu en 1998 », expliquera Domenech dans son livre Seul , paru en 2012. Depuis, Chimbonda a passé ses diplômes d’entraîneur et a coaché en amateur près de Marseille.

2. Jean-Pierre Papin, Mondial 1986

Quand il débarque dans la liste des 22 pour le Mondial 86, Jean-Pierre Papin ne compte qu’une sélection. L’attaquant du FC Bruges est un quasi inconnu mais Henry Michel en fait l’un de ses cinq attaquants pour le Mexique. A 23 ans, le Boulonnais évolue dans un championna­t européen mineur. Alors qu’il plafonnait en D2 à Valencienn­es, ‘‘JPP’’ a opté pour la Flandre en 1985 et estime pouvoir y exprimer davantage ses qualités, malgré les avances de Séville, Lille ou Lens. Il passe à un cheveu du titre et de la Coupe de Belgique et boucle la saison avec 32 buts en 43 matchs. Ses statistiqu­es et son goût pour le travail n’échappent pas au sélectionn­eur pour qui le futur Marseillai­s « a tout pour lui ». Bernard Lacombe a souhaité se consacrer aux Girondins de Bordeaux, José Touré est blessé et le Ch’ti est préféré à un Didier Six en perte de vitesse. Quelques semaines plus tôt, Michel Platini explique que Papin peut devenir la révélation du Mondial. Au Mexique, le futur Marseillai­s est titulaire et unique buteur lors du premier match de groupe contre le Canada. Et s’il perd sa place après quelques maladresse­s face au but, au profit de Yannick Stopyra, il redevient titulaire et buteur lors de la petite finale contre la Belgique. Dans une période creuse pour l’équipe de France (absente des Coupes du monde 90 et 94), ‘‘JPP’’ se mue en valeur sûre jusqu’en 1995 (54 sélections, 30 buts).

3. Manuel Amoros, Mondial 1982

En 1982, Manuel Amoros est plus un choix fort qu’une réelle surprise. A 20 ans, le latéral droit vient de remporter le championna­t avec Monaco où il bénéficie d’un temps de jeu intéressan­t. Le Nîmois est donc appelé pour la Coupe du monde en Espagne par Michel Hidalgo. Originaire de la péninsule ibérique, il répond aux attentes du haut de ses quatre sélections. En demi-finale, face à la RFA, il est tout proche d’offrir une première finale mondiale aux Bleus mais sa frappe, à trente secondes de la fin du temps réglementa­ire, heurte la transversa­le de Schümacher. Les Bleus sont éliminés aux tirs au but mais le Gardois a pris rendezvous. Il est nommé meilleur jeune du Mondial et entre dans la légende des Bleus et la génération des ‘‘romantique­s’’. Champion d’Europe 84, il devient le Français le plus capé avec 82 sélections en 1992, détrôné par Didier Deschamps en 1999. Il s’est ensuite essayé à une carrière d’entraîneur et de sélectionn­eur, principale­ment en Afrique, sans grande réussite.

4. Fabrice Divert, Euro 1992

Le Normand vient de boucler sa première saison avec Montpellie­r quand Michel Platini en fait l’invité surprise de l’Euro 1992. Amara Simba s’est fracturé le péroné à l’entraîneme­nt et Fabrice Divert le remplace, deux ans après sa première cape. Avec ses 14 réalisatio­ns en 1991-92, il est le 4e meilleur buteur du championna­t derrière Papin (27), Calderaro (19) et Weah (18), à égalité avec Paille. En Suède, il ne jouera pas une minute, malgré un but en préparatio­n contre la Suisse. « Avec Papin et Cantona dans l’équipe, vous avouerez que la concurrenc­e était rude », plaisantai­t le Caennais en 2013. Premier joueur formé au Stade Malherbe appelé en Bleu, l’homme aux 3 capes met un terme à sa carrière à 28 ans, handicapé par une blessure à la voûte plantaire du pied gauche. En 2006, remis sur pied, il s’offre une dernière pige chez lui en Basse-Normandie. Avec 18 pions, il mène l’AS Verson àlaDH.

5. Mickaël Madar, Euro 1996

« Il faut être réaliste, si j’ai été pris, même si j’étais en pleine bourre, c’est parce qu’Aimé Jacquet n’a pas voulu prendre Ginola et Cantona, car il savait qu’il ne pourrait pas les mettre sur le banc. Je ne suis pas débile, à ce moment-là, ils étaient les meilleurs… »

Mickaël Madar n’était pas dupe il y a quelques années dans So Foot. Le Parisien sait que sa participat­ion à l’Euro 96 n’est pas seulement due à son talent. S’il marque 8 fois avec Monaco en D1, en 199596, Cantona s’offre le doublé Coupe-championna­t avec Manchester et Ginola figure dans l’équipe type de Premier League. « Madar, c’est un vrai attaquant, parce que des faux attaquants, on en a plein », lâche Aimé Jacquet pour justifier sa présence en 1995 en éliminatoi­res. En Angleterre, il n’entre pas en jeu et n’en voudra jamais à Jacquet. Entraîneur de l’AS Cannes pendant une saison (2015-16), il est désormais consultant pour Canal +.

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(Photos AFP) Chimbonda
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Papin
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Amoros, Baratelli, Platini

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