Loxcea plonge dans le grand bain des masques
Après l’arrêt brutal des commandes de maillots qu’elle fabrique habituellement pour les clubs de natation, l’entreprise toulonnaise rebondit en confectionnant des masques homologués
La crise sanitaire a porté un coup dur au carnet de commandes de Loxcea. Cette petite entreprise installée depuis 1995 à Toulon est spécialisée dans la création et la fabrication, sous la marque Koomkatt, de maillots de bain pour des dizaines de clubs sportifs. Avec le confinement et la fermeture des piscines, son business est tombé à l’eau. Mais le salut est venu de la rade. « Toutes nos ventes de maillots pour les galas de fin d’année, pour la natation synchronisée, se sont arrêtées du jour au lendemain. Nous avons fait part de nos difficultés sur les réseaux sociaux et plusieurs hôtels et restaurants nous ont sollicités pour des masques en tissu à leurs couleurs. Ils en voulaient pour leur personnel ou pour offrir à la clientèle. A partir du 2 juin, nous serons prêts à leur proposer des modèles uniques, à leur image, rapidement », explique Jean-Philippe Pic, le créateur de Loxcea.
En vente sur une boutique en ligne
Il poursuit : « Nous avons tout : le savoir-faire, les machines, ne restait plus qu’à se mettre au travail. Nous avons fabriqué plusieurs centaines de pièces en une semaine. Pourtant, au départ nous ne voulions pas surfer sur cette vague-là, mais on est venu nous chercher. Il existe un besoin, nous y répondons. »
Les établissements comme Les Tables de la Fontaine (place Lambert), Le Petit Biscuitier (place Pierre-Semard), Le Chamo (sur le port) ont passé commande et d’autres projets sont en attente de validation. La mairie de Toulon a aussi frappé à la porte de la toute petite entreprise « mais elle souhaitait des quantités et des délais intenables pour nous », regrette Jean-Philippe Pic.
Celui-ci est en effet seul pour la création, le dessin des modèles, la coupe des tissus et la prospection.
Il fait travailler un infographiste et des couturières pour la réalisation des masques. Tous sont à Toulon ou dans les communes voisines. Début mai, il a lancé une boutique en ligne (Koomkatt-masque.com) pour les vendre aussi au grand public.
Si les entreprises peuvent lui demander (à partir de dix pièces) des protections personnalisées reprenant leur code couleur ou leur logo, les particuliers, eux, ont le choix entre une grosse vingtaine de modèles originaux et colorés, à motifs ou unis. Les modèles existent pour adultes et aussi pour enfants (cinq choix) à partir de 3 ans. « Il y a une deuxième vague, un engouement pour le masque objet de style, de mode, confie le patron de Loxea, en soulignant, sur nos modèles, les élastiques sont très souples, agréables à porter. C’est un produit dont nous sommes fiers. Les premiers retours des clients qui les ont reçus sont très positifs. Beaucoup de masques sont sur le marché mais nous, nous avons la chance de répondre à des normes strictes et de qualité. »
Des normes strictes de qualité
Jean-Philippe Pic est très sensible et vigilant à la traçabilité de ses masques à deux plis : « On utilise les meilleurs matériaux certifiés OEKOTEX Standard 100, un label qui garantit la non toxicité des textiles et colorants. C’est important car nos produits se portent au contact de la peau. Ils sont en tissus techniques trois couches polyester et polyamide. Les tissus viennent des meilleurs ateliers italiens et espagnols, les fils de France, les élastiques de France et d’Espagne. D’ailleurs, je pense qu’après cette crise, beaucoup de choses vont se relocaliser. » Prêt à relever le défi d’une plus grande production, l’entrepreneur pense à l’avenir : « Je ne compte pas poursuivre indéfiniment la fabrication de masques, cela me permet de limiter la casse, mais j’ai surtout envie de continuer à faire des maillots », reconnaît-il. D’autant qu’il avait des ambitions pour la rentrée : créer une nouvelle ligne et une gamme de vêtements complémentaires : tee-shirt, survêtement, avec les mêmes logos et couleurs pour les clubs. « Ce n’est que partie remise », espère-t-il, pour relancer sa petite entreprise.