Rififi en arrière-boutique : des restaurateurs en grève
Pas de couscous aujourd’hui sous la halle de la gare du Sud. Pas de caviste non plus. Mais plutôt la soupe à la grimace… Plusieurs restaurateurs, remontés contre leur bailleur – le groupe Urban Renaissance – font la grève de la réouverture et promettent de faire résonner leur colère sur le parvis du « food hall » ce matin. « Nous serons au moins onze kiosques fermés », annonçait, hier, JeanLaurent Comparetto, patron de La Cave de Hub’ et président de l’association des commerçants de la gare du Sud. « On arrive à saturation », souffle le caviste. « Tout a mal commencé », complète Julie, qui tient, elle, le bar à couscous, Les Amalgames.
« On ne veut pas mourir ! »
Et d’énumérer « les souffrances ». D’abord « l’inauguration alors que nous n’étions pas prêts et que pour certains d’entre-nous, nous n’avions pas d’électricité ». Ensuite, « l’épisode de la canicule sans clim’ où des clients ont fait des malaises et des employés ont exercé leur droit de retrait ». Puis, « les toilettes de la halle fermées pendant un mois cet hiver » .Etencore: « Un gros problème de chauffage cet hiver ». « Le service attendu n’est pas rendu mais en revanche le bailleur nous demande toujours de payer, payer, payer… On a les loyers les plus chers des Alpes-Maritimes ! », s’exaspère Jean-Laurent Comparetto. La goutte d’eau de cette coupe déjà bien pleine (ces kiosquiers sont en procès contre Urbain Renaissance), ce sont les loyers qui leur ont été prélevés pendant le confinement. « Les bons élèves, ceux qui sont gentils avec le bailleur, ont été exemptés de loyer. Nous, en revanche, on a dû payer… On ne s’en sort plus ! On ne veut pas mourir alors on va faire du bruit ! », s’indigne le marchand de vin.
« Quelques réfractaires »
Pour le bailleur, Jocelyn Berthier, directeur général d’Urban Renaissance, relativise l’importance de ce mouvement de grogne : « Je n’ai vent que de quelques locataires qui ne souhaitent pas rouvrir [ce matin]. À ma connaissance, il n’y aurait seulement que cinq grévistes ».
Ces grévistes ? « Quelques personnes qui ont commencé à ne plus régler le loyer et avec lesquelles on est en contentieux », affirme-t-il. Avant d’expliquer : « Pendant la période de fermeture administrative, on a annulé les redevances des locataires corrects mais pas de ceux qui ne nous payaient déjà pas avant ».
Et de balayer : « Aujourd’hui, on est heureux de rouvrir. On respecte toutes les normes sanitaires. Nous avons fait 800 000 euros de travaux pour améliorer le confort climatique pendant le confinement. On veut sortir par le haut de la crise du Covid et nous sommes très tristes que quelques réfractaires ne s’inscrivent pas dans cette dynamique-là »