« Comme en prison » : le cri d’alerte en Ehpad
Les familles ont réclamé des « mesures assouplies » dans une pétition signée par 27 000 personnes, dont une Hier, le ministère de la Santé a donné son feu vert
Laurence Lillini habite Saint-Jeannet. Sa mère est dans une maison de retraite dont elle préfère taire le nom. « Ce n’est pas mon histoire que je veux raconter. C’est la situation de 27 000 personnes. »
Vingt-sept mille, c’est le nombre de signataires de la pétition « Ehpad : stop aux mesures drastiques inadaptées, illogiques et cruelles de confinement ! Laissez-nous voir humainement nos anciens ! » Parmi les signataires : la Saint-Jeannoise. Elle défend son point de vue.
« Mourir de tristesse »
Au téléphone, Laurence Lillini est inarrêtable : « Les gens ne se rendent pas compte. Depuis le 14 mars, les personnes qui sont en maison de retraite sont toujours confinées dans leur chambre. Comme en prison. On leur apporte leurs plateaux. Les familles ne peuvent pas les voir plus de vingt minutes, à deux mètres de distance. On n’a pas le droit de leur apporter à manger. On n’a pas le droit de les toucher. »
Et de souffler, la voix tremblante : « Ils sont en train de mourir de tristesse. » Elle attendait les annonces du gouvernement, jeudi, pour voir les conditions s’améliorer dans les Ehpad. Mais elle a déchanté. « Il n’y a rien eu. On préfère gérer l’urgence économique mais on oublie nos aînés. »
Et d’exposer : « C’est très dur pour les gens qui sont 100 % dépendants, parce qu’ils sont aveugles, sourds ou ont Alzheimer. Certains n’ont pas compris pourquoi on les avait abandonnés. On aimerait leur apporter un peu de tendresse. » Laurence Lillini enchaîne : « On aimerait qu’ils sortent de leurs chambres, que des gestes barrières soient mis en place et que les conditions de visite soient aménagées. » Et de conclure : « Il faut que les choses se passent rapidement. On ne peut pas les laisser comme ça tout l’été. »
À croire que ce cri d’alerte a été entendu hier [lire cidessous]. Le ministère de la Santé a annoncé «une reprise des visites des proches », à partir de vendredi, quand « la situation sanitaire le permet ».