Trois mois de prison avec sursis pour avoir été violent avec son épouse
« Si l’on pouvait prolonger le bonheur de l’amour dans le mariage, on aurait le paradis sur la terre ». La citation de Jean-Jacques Rousseau convient bien aux problèmes relationnels constatés au sein d’un couple de Portugais résidant en Principauté. Entre 2018 et 2019, les deux quinquagénaires ont connu l’enfer après vingt-huit ans de vie commune. Injures, violences, souffrances psychologiques intenses ont d’ailleurs conduit le ménage à la séparation. Puis au divorce. Enfin, devant le tribunal correctionnel pour la plainte déposée entre-temps par l’épouse pour maltraitance.
À la barre cependant, fini les conflits. Les deux conjoints n’ont plus aucune haine réciproque. Leurs rapports sont bienveillants. Madame refuse de se porter partie civile. Elle espère qu’avec cette audience son mari comprendra sa douleur, son calvaire, ses larmes après de multiples dénonciations et déclarations à la Sûreté publique notées sur le maincourantier. Monsieur, un peu forcé, fait acte de discorde, à la rupture. Il interroge la victime. Cette auxiliaire de vie fait part de son mal-être profond, de sa dépression après avoir été hospitalisée. Car elle vivait avec la hantise d’avoir un cancer et la poursuite d’un traitement assez lourd. « Je n’allais pas bien. Mon mari était devenu violent car il suspectait une relation adultère… Je déposais plainte pour qu’il arrête tout simplement ses violences régulières depuis 2018 devant nos enfants. Oui, je me suis défendue verbalement… »
« Je ne supportais pas la désunion de notre couple »
En réponse, le prévenu, gérant de société, reconnaît que sa femme dit la vérité. « Je travaillais beaucoup. Je dormais peu. Je ne supportais pas la désunion de notre couple. » Le magistrat l’interrompt : « Pourquoi avoir gardé les clefs du domicile de Madame ? Peut-être pour mieux la surveiller ? » L’intempérant oscille de la tête, comme pour acquiescer : « Je regrette mes gestes… » Toutefois, la procureure Alexia Brianti a bien saisi l’absence de vengeance de l’épouse. « Cette femme a dénoncé les faits, six au total, pour se protéger.
Car Monsieur fait preuve de violences impressionnantes devant des témoins et confirmées par des expertises médicales, malgré les avertissements judiciaires. Il essaie de minimiser les faits. Il est responsable et n’a pas d’altération. »
Il est requis six mois de prison avec sursis, le régime de la liberté d’épreuve et l’obligation de soins pendant trois ans. Alors, Me Thomas Giaccardi essaie de troquer le masque de jalousie de son client contre un visage d’homme blessé, affecté par la perte du bonheur, d’équilibre, d’harmonie de son couple. « Il a du mal à passer outre ! Il bloque sur cette relation avec un amant. La jalousie le rend différend. Il ne sait plus où il en est. Son monde s’écroule. Il s’est réfugié dans le travail. C’est sa thérapie et la seule chose qu’il sait faire depuis l’âge de 17 ans. Les soins sont inutiles. Maintenant, c’est une famille séparée mais apaisée. » Le tribunal a réduit à trois mois la peine réclamée par le ministère public et à deux ans la liberté d’épreuve. * Assesseurs : Mme Françoise Barbier-Chassaing et M. Florestan Bellinzona.