Arrêter les insecticides dans ses plantes
Pour lutter contre les nuisibles sans utiliser de mauvais produits dans le jardin ou sur les plantes du balcon, quelques idées très simples à la portée de tous
Pas besoin d’être spécialiste ou jardinier hors pair pour supprimer les pesticides à son échelle. Dans un petit jardin, sur un balcon, on peut déjà appliquer des choses simples, à la portée de tous. « L’idée, c’est d’essayer d’inviter la biodiversité partout, dès qu’on en a l’occasion, pour lui laisser faire son travail », souligne Olivier Ciais, professeur des écoles à Nice et fondateur de Shilakong (1). Cette association oeuvre pour l’éducation à l’environnement par la permaculture, en accueillant du public et dispensant ateliers et formations pour tous les âges, dans son Jardin du Petit Pessicart sur les hauteurs de la capitale azuréenne, ou auprès de la Maison de l’Environnement de Nice, ou encore en intervenant dans le milieu scolaire.
Faire des associations
Premier « bon geste » pour éviter les insecticides, insiste Olivier Ciais : mettre en place des associations, ou guildes, entre nos plantes. Au jardin ou en pot, certaines espèces vont se protéger entre elles. Par exemple, « le basilic est l’un des meilleurs répulsif contre les parasites et nuisibles de la tomate, excepté la punaise. Planté à côté – nous, on met un pied de basilic pour trois pieds de tomate – il va protéger le pied de tomate qui, lui, apportera de l’ombre au basilic qui n’aime pas le plein soleil ». Et pour la punaise ? Là, ce sera « solution mécanique », autrement dit les chasser à la main.
Fleurs et relais au potager
Même sur un petit espace, de plus en plus de personnes souhaitent commencer un carré potager. Alors pour limiter les parasites sur les plantes potagères, Olivier Ciais conseille d’y mettre aussi des fleurs. « Installer des plantes mellifères dès qu’on en a l’occasion permet de participer à la pollinisation et attire les insectes qui se nourrissent des parasites. » Des phacélies, de la sauge ou des oeillets d’Inde par exemple, feront très bien l’affaire. Près des plantes potagères, ne pas hésiter également à installer des « plantes relais, qui seront attaquées par les parasites avant et permettront de réagir dans les temps, ou piégeront les ravageurs ». Par exemple, des capucines ou des orties.
Penser à la prévention
« Agir en prévention donnera une plante plus forte qui saura se défendre, rappelle Olivier Ciais. Quand on peut laisser faire la nature, c’est toujours mieux. » Il ne faut donc pas négliger la qualité du sol – pour les plantes en pleine terre surtout – en pensant notamment à le couvrir. «La paille, les mauvaises herbes qu’on a retirées, les résidus d’extracteur de jus, forment un paillis qui rendra la terre plus vivante, plus aérée, plus riche et retiendra l’eau à disposition de la plante. » Là encore, planter des espèces couvrantes peut être une solution. Une courge à côté des pieds de tomates par exemple, ou capucines et phacélies à nouveau. Disperser un peu de cendres dans la terre, permettra aussi de lui apporter des minéraux et arrêtera les limaces.
Un nettoyage des plantes à l’eau et au savon noir aidera également à prévenir les attaques de ravageurs.
Utiliser des auxiliaires comme les coccinelles
En jardinage urbain, quand la biodiversité n’est pas suffisamment présente, il peut être utile d’introduire des insectes auxiliaires. Les coccinelles par exemple, aideront à lutter contre les pucerons. « La larve de coccinelle met environ trois semaines à devenir adulte et pourra manger, pendant cette période, jusqu’à 9 000 pucerons », indique Olivier Ciais (2). Il faut déposer les larves à l’aide d’un bâtonnet sur la tige de la plante infectée et laisser faire. Attention cependant à ce que la plante ne soit pas également victime de fourmis : « Les fourmis, qui se nourrissent des pucerons, tueront les coccinelles. Pour que l’intervention de l’auxiliaire fonctionne, il faut d’abord traiter les fourmis ». Contre les fourmis, on peut installer les pieds des jardinières dans des coupelles d’eau, ce qui les arrêtera. Ou utiliser de la terre de diatomée, un anti fourmi naturel.
1. Pour se développer et mener à bien, entre autres, un projet de « perma-école », l’association a lancé une campagne de financement participatif qui s’achève le 6 juillet. Rens. www.shilakong.org
2. On peut trouver des larves de coccinelles en jardinerie. A Nice, à la Maison de l’Environnement, Shilakong encadre des formations jardinage avec distribution de larves de coccinelles, la prochaine ce sera le 18 juillet. Gratuit. Rens. et inscription 04.97.07.24.60.