Nice-Matin (Cannes)

« L’occasion de redonner aux enfants le désir d’apprendre »

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Conseiller en éducation, muséologie, formation et organisati­on de réseaux ou d’entreprise­s, le Niçois André Giordan, est notamment l’auteur de Apprendre à apprendre (plus de   exemplaire­s vendus), aux éditions Librio.

Comment mettre à profit l’été pour préparer au mieux la rentrée ?

La plupart du temps, les parents achètent des cahiers de vacances pour se donner bonne conscience ou parce qu’ils n’ont pas suffisamme­nt confiance en eux pour faire travailler leur enfant. Mais c’est parfois motif de crise et si l’élève n’est pas motivé ça ne sert pas à grand-chose. Il ne faut pas l’imposer. En revanche, s’il le réclame alors il faut l’accompagne­r et passer un contrat avec lui en déterminan­t un nombre de pages à faire par semaine, qu’il fait quand il veut. Les parents sont les plus mal placés pour faire travailler l’enfant. Il vaut mieux confier cette tâche à un grand-parent, une grande soeur, un voisin, quelqu’un à qui l’enfant tient. On peut aussi choisir de se connecter à des applicatio­ns en ligne, gratuites et ludiques, qu’on peut adapter au niveau de l’enfant.

Est-ce malgré tout une bonne idée de faire réviser son enfant après cette période source de stress ?

Pour moi, l’été est une formidable occasion d’apprendre en dehors de l’école, de profiter des moments de la vie quotidienn­e pour cela. Faire des mathématiq­ues en cuisinant et en s’intéressan­t à la quantité, au prix. Jouer au pilou et se demander comment on trace un rond, une perpendicu­laire pour matérialis­er quatre zones. On peut faire de la physique en se demandant comment on lance le pilou, quelle est sa trajectoir­e ? Une parabole ? Qu’est-ce que c’est ? Travailler le français en écrivant une carte postale ou un message aux copains ; choisir des livres ensemble et on en discute. Bien sûr, il faut que les parents s’y intéressen­t, aient des idées. Après une visite au musée, on échange, fait des recherches sur les artistes. On va voir un film en V.O. pour apprendre de l’anglais puis on en discute : comment est fait le scénario ? Quel est le message qu’il fait passer ? On va en balade et on fait un carnet de voyage, où on raconte, on dessine, on s’intéresse à la géographie du coin. On écoute des chansons en anglais, on imprime les paroles et essaye de comprendre...

L’intérêt est de réviser en jouant, faire des recherches, valoriser la curiosité. Apprendre ce n’est pas qu’emmagasine­r des connaissan­ces. Les vacances sont l’occasion de redonner le désir d’apprendre. Mais aussi d’apprendre à apprendre : comment prendre des notes, faire une dissertati­on ? Comment apprendre une table de multiplica­tion facilement.

Quel rythme adopter ?

Il faut laisser passer une ou deux semaines pour décompress­er, dormir, s’ennuyer. L’ennui peut être une bonne chose car ça permet de méditer, réfléchir, instaurer un moment de rêverie, faire de la médiation. Eloigner l’enfant des écrans à condition de le présenter comme un jeu, un défi : vas-tu tenir un jour sans tablette sans t’ennuyer ? On interdit le smartphone mais ça peut être un objet de culture important. C’est une encyclopéd­ie. Avec les plus grands on peut discuter des réseaux sociaux, comment ils gagnent leur vie par exemple.

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(Photo Frantz Bouton)

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