Un air de Lido au Martinez
Morgan Schneiderlin a accordé son premier entretien en tant que joueur du Gym à Nice-Matin
Il est la recrue phare de ce début de mercato niçois. Hier, après le déjeuner, Morgan Schneiderlin s’est posé dans le jardin de l’hôtel de Divonne-lesBains pour retracer sa brillante carrière et évoquer les raisons qui l’ont poussé à revenir en France. A ans, le milieu international n’est pas venu à Nice pour se la couler douce au soleil. Il a même très envie, déjà, d’enfiler son numéro six pour de nouvelles conquêtes.
Êtes-vous d’accord si on vous dit que Nice a recruté un joueur anglais ?
Oui, j’ai fait toute ma carrière làbas. Je suis parti à ans, je reviens à en France. Je me suis forgé en tant qu’homme et j’ai appris mon métier de footballeur en Angleterre. Au bout de quatre ans, je ne pensais même plus en français. Je n’avais plus besoin de traduire mes pensées. J’ai toujours gardé mon petit accent.
Partir aussi jeune à l’étranger, c’était un choix risqué mais le bon au final…
A l’époque, j’étais pas mal sollicité, par de gros clubs. Car j’ai été de toutes les sélections jeunes. Mais, à ans, je ne me sentais pas prêt mentalement et physiquement pour quitter Strasbourg. Mes parents m’ont toujours laissé libre de mes choix. Au bout de deux saisons avec les pros, je sentais que j’avais une progression mais pas le temps de jeu espéré. Strasbourg voulait me garder, mais il y avait une forme d’impatience chez moi.
C’est à ce moment que vous optez pour Southampton, alors en Championship
(D anglaise)…
Je ne connaissais pas bien ce club mais les
‘‘ dirigeants me voulaient absolument. Le projet a été clair, avec cette réputation de faire confiance aux jeunes comme Walcott, Bale. Je me suis rendu sur place avec mon père. J’ai été séduit. Je me suis dit : “Allez, je tente ça.”
Ma décision a surpris pas mal de monde. Au final, c’était le bon choix.
Vous parliez un anglais scolaire ?
Non, j’étais catastrophique (rires). J’ai eu la chance de tomber dans une équipe où il n’y avait pas de Français. Je vivais seul. Du coup, je n’ai pas eu le choix. Tout ce que je regardais à la télé, tout ce que j’écoutais comme musique, c’était en anglais pour progresser. Au bout de six mois, un an, je pouvais avoir une conversation.
En Angleterre, vous avez dû également faire évoluer votre jeu…
C’est aussi pour ça que j’ai rejoint ce pays. Je devais progresser dans le jeu sans ballon, muscler mon jeu. En France, Furlan ou d’autres me disaient que j’étais bien avec le ballon mais qu’au milieu, il fallait récupérer plus de ballons. A ans, il n’y a rien de mieux que le Championship pour muscler son jeu.
Vous vous êtes fait bousculer lors des premiers entraînements ?
Oh que oui (il rigole) .A l’entraînement, en match, je me suis fait soulever. Je me souviens encore du premier ballon que j’avais touché lors
‘‘ d’un match à Cardiff. C’était un petit stade, à l’anglaise. Je reçois un ballon, je me crois dans mon salon et, là, je me fais défoncer. Je prends un énorme tacle, le ballon sort en touche, les supporters crient comme s’il y a but. Pendant deux minutes, je me suis demandé ce qu’il se passait. Il a fallu vite se mettre dans le truc, aborder les entraînements d’une autre façon. Je ne pensais plus à ne pas perdre le ballon, mais à en récupérer le plus possible pour l’équipe. J’ai changé de mentalité. Attention, j’aime le jeu, avoir le ballon (sourires).
La D et la D anglaise étaient donc d’excellents laboratoires…
Tout à fait. Car, même en Premier League, tu as plus de temps. En dessous, ça joue beaucoup plus long. Pour ma progression, c’était parfait. En Ligue one, j’ai passé un an. Lors d’un match à Dagenham, j’ai dû toucher trois ballons avec les pieds, mais avec la tête. Du vrai kick and rush. C’était en décembre. Le terrain était catastrophique.
Dans cette équipe niçoise, vous êtes attendu pour apporter votre hargne au milieu.
Je ne vais pas tacler à tout-va, non plus (sourires) .Jevais apporter ce que je sais faire : jouer au ballon, mettre le pied, avoir cette envie permanente de gagner. Je ne vais pas m’inventer une personnalité à ans.
Comment trouvez-vous les jeunes de l’OGC Nice ?
Les générations changent, c’est tout à fait normal. Les jeunes ont du talent, sont cool, respectueux. Mais je ne les ai pas encore beaucoup côtoyés aux entraînements. A leur âge, j’avais aussi envie de jouer tous les matchs. Tout le monde a un chemin différent dans sa carrière. Comme je l’ai déjà dit, je peux leur donner des conseils. Ils peuvent venir me voir quand ils veulent, ou pas, sans souci. Je ne veux surtout pas passer pour un vieux con. Je suis encore jeune, j’aime déconner. Je ne suis pas là pour être le papa de tout le monde. Mais si besoin, je suis là. A Strasbourg, j’avais pu m’appuyer sur Pierre Ducrocq ou Greg Paisley. J’ai également beaucoup appris avec Jean-Marc Furlan.
Racontez-nous la genèse de votre arrivée à Nice.
Ça fait quelques années que des clubs français essaient de me faire revenir. Mais ça ne m’emballait pas plus que ça de rentrer en France. La mentalité anglaise, la façon de concevoir le foot, j’adorais ça. La Premier League, c’est le top. En début d’année, mon agent me parle de contacts avec Nice et me dit de réfléchir tranquillement. J’ai laissé mûrir la chose dans ma tête. Il y a eu la crise du coronavirus, etc. A un certain moment, j’ai été prêt à écouter. Le contact que j’ai eu avec Julien Fournier et le coach a été excellent. Ils m’ont séduit.
Vous suiviez la Ligue ? L’OGC Nice ?
Je connaissais le projet niçois car je m’intéresse énormément au foot. Je savais ce que le club avait produit comme beau football lors de ces sept dernières années avec Claude Puel, Lucien Favre et Patrick Vieira. J’avais suivi l’histoire du rachat. C’était le meilleur projet si on rentrait en France. Avec Nice, je savais exactement où j’allais. A ans, c’était primordial. J’avais besoin d’un club structuré comme l’est l’OGC Nice. Par exemple, quand j’ai rejoint Everton, c’était pour Ronald Koeman. Par la suite, il y a eu des choix qui me paraissaient moins en adéquation avec ce qu’on m’avait vendu.
Je ne vais pas tacler à tout-va, non plus”
J’avais suivi l’histoire du rachat”
L’idée de rejoindre la Côte d’Azur et un cadre de vie très appréciable pour la famille a également compté ?
Ma femme ne voulait pas revenir en France, c’est la vérité (sourire en coin). Je ne viens pas pour la Côte d’Azur, le soleil et une belle vue chaque matin au réveil. J’ai vécu plusieurs années à Manchester où il pleut tout le temps. Ça ne m’a jamais fait peur. Le critère numéro un est sportif.