Nice-Matin (Cannes)

Extras : « Nous sommes toujours confinés ! »

Jean-Daniel Ortiz, 60 ans, s’est imposé comme porte-parole des extras qui ont multiplié les stand-up ces dernières semaines sur la Côte d’Azur. Le Cannois lance un appel alarmant

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Ce matin, à 10h, sa haute silhouette sera devant le Conseil départemen­tal à Nice. Pour un stand-up immobile et silencieux avec une centaine d’autres extras. Dans l’espoir d’être reçus. En chemise blanche et pantalon noir. Une mobilisati­on par chaque semaine depuis le déconfinem­ent. À Cannes, Grasse ou Nice. En quelques semaines, Jean-Daniel Ortiz, 60 ans, maître d’hôtel, adepte du service à la française, s’est fait le porte-parole de « cette armée de l’ombre », comme il dit. Ces indispensa­bles « invisibles » de l’événementi­el. Les extras. Ils seraient environ 5 000 sur la Côte d’Azur. Aux alentours d’un millier sur le bassin cannois. Tenace, le Cannois, extra depuis 20 ans, chef de rang durant neuf ans au prestigieu­x restaurant de la Tour d’Argent à Paris, a décidé de se battre pour eux.

Pourquoi êtes-vous engagé pour défendre la cause des extras ?

Nous n’avons pas de syndicat profession­nel ni d’associatio­n. Localement, avec quelques autres extras, on a essayé de motiver pour sauver notre métier.

Un métier méconnu…

Être extra, c’est un choix de vie. C’est le dernier métier féerique ! On arrive dans un lieu vide et on crée un événement.

Dans la région, on a la chance d’avoir des touristes qui célèbrent fêtes et anniversai­res extraordin­aires.

Nos employeurs sont les traiteurs, les hôtels, les congrès et les grands événements

‘‘ comme le Grand Prix, le Festival… Mais aujourd’hui, avec cette crise, l’évènementi­el est en danger.

Les extras sont en danger.

Quel est le constat ?

Nous sommes toujours confinés ! Nous ne travaillon­s plus depuis mimars. C’est l’angoisse.

Aujourd’hui,  % des extras n’ont plus de droits. Donc plus de ressources. Certains sont déjà au RSA ou cherchent un emploi pérenne. C’est mon cas, je suis en fin de droits. Si l’État ne fait rien pour l’événementi­el, cette filière va payer le prix fort. Quand l’activité va reprendre, plus personne sur le marché ne sera compétent. Si nous disparaiss­ons, qui va cuisiner, organiser et servir, dans les mairies, les conseils généraux, chez les particulie­rs, lors de concerts, spectacles ou événements sportifs ? Exemple : le Mipim emploie  maîtres d’hôtels en trois jours ! Nous sommes les représenta­nts du savoirfair­e français… Il faudra dix ans avant que de vrais extras soient formés.

Que réclamez-vous au gouverneme­nt ?

Sans crise sanitaire, pas de problème, on travaille entre  et  heures par mois, en gagnant de  à € de l’heure net. Depuis , notre statut s’est durci. Il faut faire  heures sur  mois pour générer des droits au chômage contre  heures sur  mois auparavant. En clair, Pôle Emploi ne tient pas compte de l’extrême flexibilit­é de nos emplois.

Par exemple, quand on travaille dix jours, Pôle Emploi ne comptabili­se pas le week-end pour calculer le chômage. Avec la crise sanitaire, ce n’est pas tenable. D’autant que la nouvelle réforme envisagée en octobre va être encore plus dure. Le taux journalier va être divisé par deux.

Sur   mails envoyés aux élus, j’ai eu  réponses”

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(Photo Dylan Meiffret) « Si l’Etat ne fait rien, la filière de l’événementi­el va payer le prix fort », annonce Jean-Daniel Ortiz.

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