L’insupportable attente !
Comme partout en France, les patrons des discothèques des Alpes-Maritimes restent suspendus à une décision de réouverture de leurs établissements. Qui, pour l’instant, ne vient pas...
On s’est fait rouler dans la farine ! » Thierry Fontaine, président national de la branche « nuit » de l’UMIH (Union des métiers et des industries de l’hôtellerie) pèse ses mots. À l’image de tous ses confrères qui gèrent l’une des quelque 1 600 discothèques disséminées sur le territoire français, et dont il est l’un des porte-parole, il reste sur sa faim. Pire, il estime aujourd’hui que « la profession s’est fait berner et, depuis le remaniement, n’a plus d’interlocuteur au gouvernement. »
Pourtant, voici une dizaine de jours, au sortir d’une réunion provoquée à Bercy par Agnès Pannier-Runacher, la ministre déléguée auprès du ministre de l’Économie – toujours en poste aujourd’hui –, les professionnels du secteur avaient fait savoir qu’ils étaient satisfaits des réponses obtenues, notamment la probabilité d’une ouverture de leurs établissements dès le 11 juillet en contrepartie d’un protocole sanitaire extrêmement strict.
« L’État sera au rendez-vous »
Mais les propos d’Olivier Véran tenus mercredi après-midi à l’Assemblée nationale, lors de la session des questions au (nouveau) gouvernement, sont venus doucher leurs espérances. Répondant à une interrogation de la députée LR de Saône-et-Loire, Josiane Corneloup, le ministre des Solidarités et de la Santé a assumé le fait que «la France a pris la décision de ne pas rouvrir les discothèques en l’état compte tenu de la situation sanitaire. Ce n’est pas la faute des acteurs du monde de la nuit, a-t-il dit, ce n’est pas non plus la faute des personnes qui dansent et qui font la fête (...), c’est la faute à un virus qui circule. »
Dur à entendre pour toute une corporation qui, depuis la mi-mars, n’attend qu’une chose : qu’on lui communique une date ferme de reprise d’activité. Or, Olivier Véran ne l’a pas fait, se retranchant derrière « la réouverture récente d’un club en Suisse ayant mené au confinement de 300 personnes ». Le ministre de la Santé a quand même admis qu’il faut « accompagner les acteurs du monde de la nuit. Personne ne peut survivre à la fermeture d’une activité économique pendant sept mois. Le gouvernement n’a laissé mourir personne depuis le début de la crise. L’État sera au rendez-vous pour leur venir en aide. » Reste à savoir de quelles mesures compensatoires il s’agit et quand elles entreront en vigueur...
Seul signal positif envoyé aux gérants de boîtes de nuit, celui qui concerne la concurrence déloyale qu’ils subissent de la part de nombreux pubs et bars de nuit. En toute impunité, mais surtout sans aucun respect du protocole sanitaire, ceux-ci profitent de la situation pour se transformer en discothèques (lire ci-dessous). Un problème dénoncé avec force par les intéressés...
« J’ai conscience des fêtes clandestines, j’ai conscience des bars qui ne jouent pas le jeu, il faut qu’il y ait du contrôle » ,a insisté le ministre sur ce point précis. Rappelons que plus de 150 députés se sont portés au soutien d’une profession sinistrée qui entend désormais mener une action en justice pour défendre ses intérêts.