Phytothérapie et aromathérapie entrent à la faculté de médecine
Après l’hypnose et la méditation, la faculté de médecine de Nice continue de diversifier ses offres de formation, en créant un diplôme universitaire de phytothérapie et aromathérapie
Dans la même logique qui la conduisait en 2015 à créer l’Observatoire des médecines nonconventionnelles (omnc. unice.fr), la faculté de médecine de Nice lance dès septembre un nouveau diplôme universitaire (DU) de phytothérapie et d’aromathérapie (1). Destiné à tous les métiers de la santé, ce diplôme vient répondre à un vrai besoin, alors que les produits à base de plantes rencontrent un succès croissant auprès du public.
« Dans ce contexte, les professionnels de santé se retrouvent face à une offre de plus en plus variée de la part des laboratoires. Avec des produits de qualité très diverse, parfois tout simplement inefficaces », met en garde Pascale Gélis Imbert, docteur en pharmacie et responsable de ce DU. « Avec cette formation, nous souhaitons apporter aux professionnels de santé des connaissances solides afin qu’ils puissent conseiller ou prescrire à chaque patient les plantes médicinales les plus adaptées, et selon des critères d’efficacité validés », complète le Pr Patrick Baqué, doyen de la faculté de médecine de Nice.
Le boom des huiles essentielles
Des connaissances qui devraient aussi permettre de développer le sens critique. « Les médecines non-conventionnelles, de façon générale, ont le vent en poupe ; 70 à 80 % des Français y ont recours plus ou moins régulièrement. Le marché des huiles essentielles, en particulier, connaît une progression spectaculaire, avec une croissance estimée à 10 % chaque année. Les intérêts commerciaux sont énormes. Ce succès a malheureusement Pour le Dr Véronique Mondain, infectiologue au CHU de Nice, fervente défenseuse d’une médecine intégrative – « et non “alternative” », insiste-t-elle – il s’agit apaisantes et anti-infectieuses. C’est une approche qui a toute sa place dans les traitements curatifs, notamment en première intention, mais aussi dans les soins de confort. » Si la phytothérapie et l’aromathérapie font déjà partie de son arsenal contre des pathologies comme les cystites ou les mycoses vaginales récidivantes, l’infectiologue fait encore figure d’exception parmi les médecins.
En prévention ou comme traitement complémentaire
Quelle place pourraient leur réserver les professionnels de santé encore peu connaisseurs de ces soins non conventionnels ? « La phytothérapie, comme l’aromathérapie s’intègrent parfaitement dans une démarche de prévention, ou de traitement des maladies bénignes, du mal de ventre à la douleur articulaire, en permettant d’éviter la prise de médicaments aux effets indésirables potentiels. Elle a aussi parfaitement sa place en complément des traitements classiques pour des maladies plus graves en étant attentif au interactions médicamenteuses », répond Pascale Gélis Imbert. « Il reste que, quelle que soit la pathologie, il est important que, préalablement à tout soin, un diagnostic soit posé par un médecin. Un simple mal de dos peut malheureusement cacher parfois une maladie grave. D’où l’intérêt que des médecins, titulaires d’un diplôme universitaire de phytothérapie et aromathérapie, puissent eux-mêmes prescrire des plantes médicinales ou des huiles essentielles après avoir authentifié les causes des troubles », insiste le Pr Baqué. Et ces professionnels de santé sont assurés de trouver un bon écho auprès de leur patientèle : les Français seraient de plus en plus nombreux à rechercher des médecins compétents pour prescrire ces soins non conventionnels.