Nice-Matin (Cannes)

Tim Blue : « J’ai joué pour les fans »

Après huit saisons brillantes passées à Antibes, Tim Blue ne sera plus un joueur des Sharks à la rentrée. L’Américain aurait bien étendu son bail mais tire un bilan positif de ces années

- PROPOS RECUEILLIS PAR VIVIEN SEILLER (AVEC JEREMY TOMATIS)

C’est la fin d’une époque. La fin d’une histoire, aussi, entre un club et l’un de ses joueurs les plus marquants. À la reprise de l’entraîneme­nt, les Sharks d’Antibes et Tim Blue ( ans, m) n’avanceront plus sur le même chemin après huit ans d’aventures communes. Arrivé en , l’intérieur américain à la main gauche soyeuse a rapidement pris ses marques au point de devenir le taulier d’une équipe souvent irrégulièr­e. Lui a fait le job, marqué ses adversaire­s et les esprits des supporters antibois. Bloqué par le règlement n’autorisant qu’un seul joueur US par équipe, les Sharks ont décidé de ne pas prolonger le bail de leur numéro  et retireront prochainem­ent son maillot de manière symbolique. Un numéro lourd de sens porté par un certain David Rivers au cours des années … Si Tim Blue n’a pas connu les sommets NBA comme son illustre prédécesse­ur, il restera un joueur historique du côté de la cité des Remparts. Jeudi, le Floridien aux dreadlocks a reçu Nice Matin sur sa terrasse antiboise pour jeter un oeil dans le rétro. Avec cette simplicité que ses coéquipier­s n’ont jamais cessé de louer.

Quel est votre sentiment ?

Je suis un peu triste mais je suis content de tout ce qui m’est arrivé. C’est un sentiment étrange (« bitterswee­t » en anglais).

Les échanges avec le club ?

Notre dernière rencontre date d’il y a deux semaines. Ils m’ont expliqué leur position, on a parlé de la situation, notamment avec le virus. C’est aussi une question de budget et je suis Américain…

Votre « statut » de joueur US a compté dans la décision ?

Il y a plus d’une raison. C’est général mais je comprends. C’est surtout triste de terminer comme ça. Si la saison avait pu aller au bout… J’aurais préféré jouer mon dernier match contre Fos-sur-Mer en sachant que c’était le dernier. J’aurais agi différemme­nt.

Il y a de la rancoeur ?

Il n’y a pas de problème, je comprends la situation. Ce n’est pas évident à gérer. Ils m’ont prouvé leur confiance par le passé. Le président a toujours été là, on a d’ailleurs parlé de l’éventualit­é de travailler un jour avec le club. J’ai aimé mes huit années passées ici. J’ai eu des hauts et des bas, c’était difficile mais j’ai travaillé dur pour atteindre mon meilleur niveau.

Ils vous ont proposé de débuter la saison prochaine pour devenir le meilleur scoreur…

()

Je ne veux pas revenir juste pour un match, ce serait bizarre. Devenir meilleur scoreur, ok, mais pas de cette manière.

Votre carrière est terminée ?

(Il marque une pause) .Jenesais pas encore. Je cherche un challenge, il y a des touches mais rien de concret. Je préférerai­s rester en France mais pourquoi pas jouer en Europe si ce n’est pas trop loin ? Bon, je n’irai pas jusqu’en Russie mais si c’est proche… (sourire).

On a entendu parler d’un intérêt du club du Cannet que vous avez démenti. Qu’en est-il ?

Je n’ai jamais parlé avec le club (sourire). C’est arrivé de nulle part. On ne sait pas qui a sorti cette rumeur. Je me suis demandé si mon agent avait parlé avec le club, mais non. Maintenant, j’en rigole, mais sur le moment un peu moins…

C’était du jamais vu, un Américain qui reste si longtemps dans le même club !

J’ai eu un bon feeling. J’ai aimé passer du temps ici : la ville, le basket, les fans, les gens autour…

Vous êtes une légende aux yeux des supporters !

C’est vrai (sourire). Les fans ont été géniaux dès le départ. Ils m’ont accepté, intégré. Je me suis bien senti. J’ai joué pour eux.

Ils vous ont remercié ?

Oui ! Ils m’ont envoyé beaucoup de messages. C’est vraiment plaisant de voir ça, je ressens l’impact que j’ai pu avoir sur les gens. Mes anciens coéquipier­s aussi, c’est agréable de voir le respect qu’ils ont pour moi.

Le club a décidé de retirer votre numéro. C’est rare en France !

Oui. C’est assez incroyable. Être aux Sharks pour toujours c’est génial. Je pourrai revenir et voir mon maillot dans la salle.

Vous auriez pu l’imaginer quand vous étiez jeune ?

C’était un rêve mais je n’aurais jamais pu penser que ça allait arriver. D’ailleurs je n’y crois toujours pas mais quand ça va arriver je m’en rendrai compte.

Vous étiez pourtant inconnu au moment de votre arrivée ().

C’est vrai. C’est Alain Weisz qui m’a fait venir. J’ai essayé de me faire un nom. J’avais déjà  ans mais je n’avais jamais joué en France. On m’avait dit que le jeu était athlétique dans ce championna­t mais je n’en savais pas plus. Je voulais juste être prêt pour répondre au défi physique.

Votre jeu, comment le décrire ?

Ma principale qualité, c’est de pouvoir switcher les postes. Je suis polyvalent, je peux jouer à l’extérieur et à l’intérieur. Je suis assez rapide pour ma taille. J’ai un bon shoot mais j’aurais pu travailler mes lancers francs.

Votre meilleur souvenir ?

La première montée en Pro A (). C’était ma première saison en France, on ne me connaissai­t pas et je termine MVP des finales. Ensuite il y a eu une autre montée (), personne ne pensait qu’on reviendrai­t mais on avait l’expérience de la fois précédente.

Et vous êtes resté au club malgré le retour en pro B !

J’ai pris ça pour moi. Je faisais partie de l’équipe donc cette descente c’était aussi de ma faute. Je voulais prendre ma revanche et montrer que notre place était en Pro A. Finalement on est remonté.

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(Photo Patrice Lapoirie et archives NM)
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