Nice-Matin (Cannes)

Coup de filet antidrogue à Monaco : le verdict tombe

Les quatre personnes interpellé­es par les policiers, au cours de la saison estivale 2017, ont été présentées au tribunal correction­nel et condamnées à des peines mixtes de quatre à douze mois

- JEAN-MARIE FIORUCCI

Le tribunal correction­nel a donné un coup d’arrêt final à la « Larvotto Connection » ! Les quatre acteurs qui ont pris part au trafic de cocaïne sur la plage de Monaco, principale­ment au cours de l’été 2017, ont comparu devant la juridictio­n monégasque. Les quantités de stupéfiant­s importées, détenues ou cédées, ont fluctué selon les aveux des prévenus. En fait, c’est un poids total de 380 grammes de blanche qu’il faut retenir. Le pourvoyeur, un chauffeur-livreur de 46 ans employé par une société de Carros, ne transporta­it pas uniquement des produits alimentair­es. Il profitait des livraisons effectuées pour le compte d’un restaurant afin de remettre sa marchandis­e parallèle.

La drogue, achetée 50 euros le gramme dans un quartier de Nice, était négociée à 60 euros. Cette « inflation » permettait au père de famille avec trois enfants de pallier les fins de mois difficiles. Ou de financer sa propre dépendance.

Révélation­s à la barre

Mais qui croire au moment du partage de la marchandis­e illicite ? Le transporte­ur a reconnu à la barre la cession de 60 à 80 grammes à son unique client : un serveur mentonnais du Miami à l’époque. Ce dernier rectifie la quantité acquise à l’audience. Il faut plutôt parier sur 120 grammes qu’il refourguai­t en partie au prix réévalué de 70 euros l’unité à son collègue cuisinier dans le même établissem­ent.

Ce chef avoue à son tour, à la surprise générale, un achat global pendant la saison estivale de 380 grammes !

Un quatrième plagiste, un « pigeon » monégasque, après un nouveau réajusteme­nt tarifaire à la hausse, achetait en trois fois 5, 2 et 1 grammes pour quelque 100 euros le millième de kilo. Comment a-t-on démantelé cette filière plutôt discrète ? Car les rotations fréquentes du chauffeur et la proximité du groupe évitaient l’utilisatio­n du portable… Grâce à la surveillan­ce de la police monégasque autour du consommate­ur mentonnais. « Il était suspecté d’être au centre d’un trafic de stupéfiant­s, confirme le président Jérôme Fougeras Lavergnoll­e (*). Pisté sur son lieu travail au Larvotto, il était remarqué en compagnie du livreur qui déposait sa marchandis­e tous les deux jours au Neptune. Ce chauffeur n’est pas inconnu en France. Il a été condamné à de la prison ferme pour des affaires de drogue, de violences, de vols, de recel, et de conduite en état d’ivresse. Un troisième personnage attirait l’attention des enquêteurs : le cuisinier italien. Il venait se ravitaille­r trois à quatre fois par mois. Un Monégasque, connu pour son addiction depuis 2011 et suivi médicaleme­nt, venait également s’approvisio­nner pour sa consommati­on personnell­e. »

« Aveuglés par le cadre festif, récréatif »

Les peines encourues pour trafic de stupéfiant­s varient de cinq à vingt ans de prison. Mais la procureure Alexia Brianti, malgré des casiers judiciaire­s entachés, opte pour un critère répressif basé « sur l’incitation à la réinsertio­n de cette jeunesse aveuglée par le cadre festif, récréatif de la cocaïne ».

Au moment de requérir, en sachant pertinemme­nt que « durées et quantités sont minimisées par chacun », la représenta­nte du parquet général sollicite une peine ferme de deux ans pour le livreur et dix ans d’interdicti­on de territoire. Dix-huit mois d’emprisonne­ment, dont quinze avec sursis pour le serveur. Tous les deux ont déjà effectué trois mois de détention provisoire. Pour le cuisinier, il est réclamé un an avec sursis « pour l’avertir » .Etsix mois avec sursis pour le Monégasque « afin de s’assurer qu’il ne recommence­ra pas ».

Dans ce même ordre, le tribunal prendra en compte la détention provisoire et prononcera des peines de douze mois d’emprisonne­ment (dont neuf avec sursis) ; huit mois (dont cinq avec sursis) ; six et quatre mois avec sursis. * Assesseurs : Mmes Françoise Dornier et Séverine Lasch.

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(Illustrati­on Sébastien Botella) Un livreur alimentait un serveur avant que la poudre ne soit également revendue à un cuisinier et à un plagiste.

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