Nice-Matin (Cannes)

Michelle Salucki : « Je reste dans le combat politique »

Battue lors des dernières élections municipale­s de Vallauris-Golfe-Juan, celle qui demeure conseillèr­e départemen­tale entend poursuivre son action publique de manière différente

- PROPOS RECUEILLIS PAR JÉRÉMY TOMATIS jtomatis@nicematin.fr

Un peu plus de deux semaines après sa défaite au second tour des élections municipale­s [le 28 mars, NDLR], Michelle Salucki porte un regard très critique envers son successeur, Kevin Luciano au point de refuser de siéger au conseil municipal au sein de l’opposition. Malgré tout, elle ne compte pas abandonner le combat politique. Parce qu’elle demeure conseillèr­e départemen­tale du canton d’Antibes-Ouest. Mais aussi en réactivant son associatio­n Tradition et modernité.

La défaite est-elle digérée ?

Je n’ai aucune amertume. Je suis très lucide. Mais je reste dans le combat politique. Je ne peux pas arrêter. C’est juste un engagement que je continue autrement. La manière dont la campagne s’est déroulée révèle une absence de valeurs et la seule volonté d’obtenir un poste. Or, on se bat pour une ville et non pas pour une fonction. On a vu des gens dire “le , on prend la ville”. Pour tout ça, je suis persuadée que la cité va être en difficulté rapidement.

Dans quelle mesure ?

Quand j’ai été élue en , Vallauris était en faillite. Mais je ne m’en suis jamais pris personnell­ement à l’ancien maire. J’avais dit, en revanche, que l’on se mettait au travail. Je connaissai­s la ville car je siégeais dans l’opposition. Je connaissai­s les emprunts toxiques mais j’ignorais, en revanche, que l’on était en réseau d’alerte. Cela m’avait été caché. Ça a été une découverte brutale à mon arrivée.

Vous restez impliquée dans la vie politique de la ville…

Ce n’est pas difficile de perdre. Je n’ai pas leur ego. Je suis d’une nature humble. La preuve, c’est que je n’ai pas fini le budget prévisionn­el. Je me disais que si quelqu’un d’autre que moi passait, il avait alors la liberté de boucler son propre budget. Or, je constate qu’il n’y arrive pas.

C’est-à-dire ?

Il ne peut pas tenir ses promesses. Il arrive et dit qu’il fera table rase de tout ce que j’ai fait. C’est invraisemb­lable. Il supprime toutes les animations prévues au mois d’août. Il ne sait clairement pas gérer la crise Covid. Or, on a un tissu économique qui souffre et que l’on doit accompagne­r.

Vous avez relancé votre associatio­n Tradition et modernité…

Elle n’a jamais vraiment été fermée. Elle vivotait. On a, en revanche, relancé les adhésions.

C’est une associatio­n avec des statuts politiques, qui vise à rassembler tous ceux qui souhaitent participer à une vigilance politique sur la ville.

Vous allez rester conseillèr­e départemen­tale ?

Tout est lié. Le Départemen­t est un moteur, un appui, un levier. C’est d’ailleurs pour cela que j’avais voté contre la métropole. Le Départemen­t, ce sont des élus de terroir. Tout ce que j’ai pu voir dans les commission­s, ce sont des gens impliqués. On est dans la proximité. C’est ce qui m’intéresse et me passionne. Et le Départemen­t a toujours été un appui fort pour Vallauris.

N’auriez-vous pas eu davantage de poids dans l’opposition ?

On se serait bagarré. J’y ai laissé des gens de talent. Je ne suis pas possessive. J’ai toujours considéré que je ne suis que de passage. Je n’ai jamais dit que je prenais la ville. Mon unique obsession était de la redresser. Ce n’est que pour ça que j’ai travaillé jour et nuit.

Comment avez-vous vécu la crise sanitaire ?

Je suis le maire des crises. Et la dernière a été particuliè­rement compliquée. On m’a félicité de manière générale. Seul Monsieur Luciano a dit que je l’avais mal gérée. On peut me dire que les projets n’étaient pas bons. La critique ne me dérange pas, on n’est pas en dictature. Mais je ne comprends pas les jugements faits sur mon attitude morale. On a quand même dit que j’avais trop dépensé pour contrer cette crise sanitaire. Mais combien vaut une vie ? J’ai perdu un conseiller municipal ! Et on me dit que j’ai mal géré la crise ? C’est honteux.

Pensez-vous avoir péché par manque de communicat­ion ?

C’est vrai. J’ai trop travaillé et pas été assez stratégiqu­e. Pour moi, le travail est naturel. Le montrer, c’est de la communicat­ion et je n’ai pas su faire. On est obligé de faire tourner une ville avec de l’humain. Il faut être juste. Il faut savoir que les ressources humaines ont un coût énorme. Nous allons d’ailleurs demander à la préfecture, mon groupe et moi-même, un contrôle de la légalité. Il va falloir être très vigilant. Je suis étonnée qu’il y ait autant de promesses sur le budget de la ville. Je n’accuse personne, je souhaite juste qu’il y ait de la transparen­ce.

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(Photo archives Frantz Bouton) Michelle Salucki a décidé de ne pas siéger dans l’opposition.

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