Nice-Matin (Cannes)

Aux Rencontres de l’opéra au château Diter, à Grasse

C’est dans ce lieu unique que s’est réuni jeudi dernier un parterre d’artistes lyriques internatio­naux pour y créer ces Rencontres, devant un public nombreux et conquis.

- LAURENCE LUCCHESI llucchesi@nicematin.fr

La magie tamisée de la douce chaleur du Sud... la nuit à pattes de velours et la mélodie fantomatiq­ue lointaine de la Méditerran­ée. » En découvrant l’écrin végétal, sublimé par les ors du soleil couchant, des abords du cloître du château Diter, on ne peut s’empêcher de se remémorer cette évocation, extraite de Tendre est la nuit, de l’auteur américain Scott Fitzgerald. C’est là, au coeur du jardin, dans ce décor de cinéma, planté de cyprès, peuplé de sculptures, d’un temple d’inspiratio­n romaine et distillant des effluves de rose, de jasmin et d’oranger, que vont avoir lieu les

‘‘ toutes premières Rencontres de l’Opéra au château Diter, en hommage à la soprano Mady Mesplé et au baryton-basse Gabriel Bacquier. En présence notamment d’une « marquise » de choix, en la personne de Michèle Mercier, au moment même où la série des Angélique est rediffusée sur la chaîne 6ter.

Un concert gratuit de soutien aux artistes

Un concert gratuit, organisé par ClaudeNico­le Martinot dans le cadre des Soirées estivales 2020, rendu possible grâce à la famille Diter mettant gracieusem­ent sa propriété à dispositio­n pour accueillir l’événement. Et réunissant un parterre prestigieu­x d’artistes lyriques internatio­naux aux couleurs de voix et tessitures différente­s : Norah Amsellem, Kassandra Dimopoulou, Avi Klemberg, Thomas Morris, Béatrice Fontaine, Filip Modinos, Laëtitia Goepfert, Richard Alexandre Rittelmann,

et Valeriya Kucherenko au piano. Point d’orchestre de l’Opéra de Nice, crise sanitaire oblige. Mais justement l’occasion, pour les connaisseu­rs comme pour les profanes, d’avoir le côté le plus pur de l’opéra, par le prisme des seules voix. Dixit Henry-Jean Servat, qui présente la soirée et nous rappelle, en expert ayant lui-même créé une Traviata, l’essence même du genre : «Il ne faut pas oublier que l’opéra, qui date du XVIIe siècle, était un art populaire. Tout le monde s’imagine maintenant que l’opéra est quelque chose de complèteme­nt élitiste, alors que pas du tout. Lorsque les seigneurs commandaie­nt des opéras en Bavière ou en Autriche, on les jouait dans des pièces rondes où étaient conviés leurs serviteurs. À Vienne, comme on le voit dans le film Amadeus, on jouait même dans des granges, au milieu des poules ! »

Carmen parmi les spectateur­s

Au programme : du Poulenc pour commencer, avec notamment Nous voulons une petite soeur interprété par Béatrice Fontaine et Thomas Morris. Une exquise « mise en bouche » !

Puis une succession d’airs célèbres, tels que l’air de Habanera, extrait du Carmen de Bizet, qui fera vibrer le public, en particulie­r lorsque Kassandra Dimopoulou s’avancera pour chanter parmi les spectateur­s. Un public que l’on sent emporté également par les interpréta­tions très enlevées de différents morceaux du Rigoletto de Verdi, de même que par celles des Contes d’Hoffmann d’Offenbach. Puccini et Gounod sont également au rendez-vous, toujours avec des artistes de très haute tenue. Quant au célèbre Casta Diva, extrait de Norma, de Bellini, sublimé en son temps par La Callas, il est magistrale­ment porté par la voix d’exception de Norah Amsellem. Le public retient son souffle, et on en a le frisson... À l’entracte, on en profite pour goûter davantage encore à la beauté des lieux, en allant découvrir le mas d’origine, situé sous le clocher.

Un rêve de palais de style Renaissanc­e

L’opéra n’est pas du tout élitiste”

Un rêve de palais de style Renaissanc­e, tout en pierre vénitienne rouge et ocre, regorgeant de colonnades, de pièces amoureusem­ent chinées, de patios carrelés bordés de palmiers. Émerveille­ment devant la chapelle devenue chambre d’hôte avec son jardin privatif, et face à l’orangerie, sa cheminée et ses plafonds peints d’après des oeuvres anciennes. Quant à la piscine hollywoodi­enne...

La seconde partie de la soirée réservera au public d’autres temps forts, avec notamment le Lakmé de Léo Delibes, égrené de manière délicieuse­ment aérienne par Béatrice Fontaine et Laëtitia Goepfert. Le Duo des chats de Rossini fera sourire l’audience, qui sera définitive­ment transporté­e par La Traviata, un éblouissan­t O sole mio et enfin Ce bal est original, chanté par tous les artistes.

Un fabuleux bouquet final, pour clore en beauté ces Rencontres de l’opéra en forme d’hymne au spectacle vivant.

◗ Dimanche  juillet : Hommage à Gerswhin, avec Norah Amsellem, Richard Alexandre Rittelmann, Avi Klemberg, pianiste Valeriya Kucherenko.

◗ Dimanche  août : Soirée Mozart, avec Norah Amsellem, Richard Alexandre Rittelman, Frédéric Diquero, orchestre Passion classique dirigé par Matthieu Peyrègne.

◗ Mercredi  septembre : Soirée Masque de fer, d’après le livre de Pierre Dagonnot, librettist­e Albert Enriquez, narrateur André Peyrègne, Norah Amsellem, Richard Alexandre Rittelmann, Avi Klemberg, pianiste Valeriya Kucherenko.

◗ Jeudi  décembre : Soirée baroque aux bougies, Stéphanie Varnerin, Richard Alexandre Rittelman, instrument­s d’époque. Buffet dînatoire servi au château sur réservatio­n en présence des artistes. Tarifs : concert  €, buffet dînatoire avec boisson  €. Rens. 06.71.42.74.60. ou expression­sculturell­es@wanadoo.fr

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Le public, face au cloître médiéval
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