Retraites : Castex cajole les partenaires sociaux
Le Premier ministre a accepté de reporter les discussions sur les réformes des retraites à la fin de l’année et de l’assurance chômage début 2021
Après avoir clamé sa foi dans le « dialogue social » lors de sa déclaration de politique générale, le Premier ministre Jean Castex a donné des gages aux partenaires sociaux, hier, en acceptant de « détendre le calendrier » sur les réformes des retraites et de l’assurance chômage.
Première satisfaction pour les syndicats et le patronat, qui avaient tous repoussé l’idée de reparler rapidement du dossier des retraites : les concertations sur ce thème sont repoussées « au moins jusqu’à la fin de l’année » a assuré le Premier ministre.
Comme réclamé par le Medef notamment, Jean Castex a annoncé qu’il saisirait de nouveau le Conseil d’orientation des retraites (COR) à la rentrée afin d’évaluer la situation financière des régimes actuels en distinguant la partie liée à la crise en cours du déficit structurel. Selon une estimation provisoire du COR dévoilée en juin, le déficit pourrait approcher les 30 milliards d’euros cette année, un chiffre mis en avant par l’exécutif pour justifier la nécessité de prendre des mesures.
« Il faut d’abord savoir nous respecter »
Autre satisfaction, le report, jusque début 2021, de la totalité de la réforme de l’assurance chômage, y compris les mesures déjà entrées en vigueur le 1er novembre qui durcissent les conditions d’ouverture de droits (avoir travaillé six mois pendant une période de 24 mois, au lieu de 4 mois sur 28) et de leur rechargement. Le Premier ministre, arrivé à Matignon avec une réputation de négociateur, a salué « le sens des responsabilités des partenaires sociaux et la qualité du dialogue », alors que ceux-ci se sont sentis largement marginalisés pendant les trois premières années du quinquennat. « Tout cela ne préjuge pas d’un accord global. Il y aura, on le sait, des divergences (...) mais il faut d’abord savoir nous parler, nous respecter et fixer des voies et des chemins pour l’avenir », a-t-il plaidé, promettant sur les retraites « une nouvelle méthode ».
Le Premier ministre a garanti un « calendrier extrêmement exigeant » d’abord sur l’emploi et également « pour arrêter et finaliser le plan de relance » auquel les partenaires sociaux seront étroitement associés. Des concertations auront lieu dès la semaine prochaine au ministère du Travail sur l’emploi des jeunes, dont 700 000 sont attendus sur le marché du travail à la rentrée.
Il s’agit de fixer les modalités de la réduction annoncée du coût du travail de 4 000 euros par an (prime ou exonération de cotisations), qui doit concerner chaque jeune de moins de 25 ans employé par une entreprise.
Pour les nombreuses concertations à venir (financement de la protection sociale, dépendance, assurance chômage, travailleurs détachés, partage de la valeur), un agenda sera envoyé aux partenaires sociaux en début de semaine prochaine.