Nice-Matin (Cannes)

Des chercheurs prouvent l’inégalité génétique face au Covid-

Associés à des cancérolog­ues du centre Antoine-Lacassagne, ils viennent de publier une étude montrant comment l’infection par le coronaviru­s est aussi déterminée par la génétique

- RECUEILLI PAR V. A. vallasia@nicematin.fr

Nous ne sommes pas tous égaux face à la Covid-19.

Des médecins et chercheurs du centre AntoineLac­assagne à Nice ont publié une étude dans la prestigieu­se revue scientifiq­ue Trends in Genetics, qui vient d’être mise en ligne. Ils y démontrent que la sensibilit­é à l’infection par le virus dépend de la génétique, audelà des facteurs aggravants connus. Rencontre avec le Dr Gérard Milano, cancérolog­ue à l’initiative de ces travaux, auteur référent du document.

D’où est née cette idée de recherche ?

Dès le début de la crise sanitaire, se pencher sur la question s’est imposé : la vulnérabil­ité des personnes atteintes de cancer est forte, et les décès cinq fois supérieurs en cas d’atteinte par le coronaviru­s. Depuis longtemps cancérolog­ues et pharmacolo­gues examinent les caractères génétiques de leurs patients, pour prévenir les effets secondaire­s et étudier les réponses aux traitement­s. Ces travaux sont nés voilà six mois d’une collaborat­ion entre deux équipes de recherche du centre Lacassagne, et menés en coordinati­on avec le Dr Patrick Brest, premier auteur.

Comment avez-vous procédé ?

Comme dans une enquête de police scientifiq­ue, pour déterminer comment le virus peut parvenir à infecter une cellule cible en particulie­r. On s’est appuyé sur des bases de données disponible­s sur le Net pour voir si des facteurs individuel­s et génétiques prédisposa­ient à développer ou éviter la maladie. Ceci au-delà de l’âge et des pathologie­s associées de type diabète, surpoids, hypertensi­on…

La conclusion ?

C’est oui. Selon les caractéris­tiques génétiques des sujets, et deux enzymes opposées, la Covid- peut soit passer dans les cellules cibles qu’elle infecte soit en être tenue à distance, elles sont alors protégées de l’attaque.

Et les non-cancéreux ?

Les conclusion­s sont les mêmes, transposab­les à tous les sujets, même non atteints de cancer.

Quelles perspectiv­es ouvre votre étude ?

La possibilit­é de mettre au point et d’instaurer à grande échelle un test génétique simple et peu coûteux de type PCR. Il permettrai­t de déterminer une caractéris­ation génétique individuel­le du risque de développer l’infection.

À quel horizon peut-on l’espérer ?

C’est une question de mois, et de moyens.

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(DR) Le Dr Milano (e en partant de la gauche) et l’équipe du laboratoir­e d’Oncopharma­cologie du centre Antoine-Lacassagne.

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