LES RAISONS DE LA PANIQUE
AU LENDEMAIN DE L’AFFOLEMENT GÉNÉRAL SUR LA CROISETTE
Un « coup de folie » général. Au lendemain de l’impressionnant mouvement de foule qui a secoué la cité des Festivals lundi soir peu avant minuit (nos éditions d’hier), aucune autre explication n’est avancée par les autorités pour éclaircir l’origine de la panique générale.
Si une enquête, confiée à la sûreté urbaine de Cannes, est en cours, aucune interpellation n’a eu lieu et aucun suspect n’est recherché.
« Le mouvement de panique a été généré par une fausse rumeur », confirmait la préfecture hier après-midi. Retour sur ces quelques minutes qui ont mis la ville en alerte maximale.
23h15
Début de panique rue FelixFaure, à quelques pas des Allées, bondées en ce mois d’août. Plusieurs témoins évoquent une dispute qui aurait dégénéré entre deux hommes devant un glacier. Une piste que la police doit encore confirmer (lire ci-dessous).
L’un d’eux aurait crié « coups de feu » ! Provoquant la fuite des passants.
« On marchait sur la Croisette, pas loin du Palais, quand on a vu arriver une vague de gens courant et hurlant », rembobine Alizée, jeune Bretonne en vacances. « On n’a pas réfléchi, on a couru aussi dans la même direction qu’eux. J’ai eu la peur de ma vie, j’ai tout de suite pensé à un attentat. »
23h20
Scène de chaos à travers la ville. Les clients affolés quittent les terrasses, gonflant la vague humaine qui déferle sur la Croisette et le Carré d’Or. Certains abandonnent leurs effets personnels. «On a même retrouvé des chaussures et des vêtements », décrit un restaurateur des Allées. En quelques minutes à peine, les rumeurs les plus folles circulent : fusillade, attentat, voiture-bélier, braquage qui tourne mal, forcené retranché dans un palace... « On était sur une plage privée de la Croisette quand on a vu une foule courir dans la rue. La panique est montée très vite. Les gens autour de nous ont commencé à se lever, à partir en faisant tomber les tables. En fait, ce sont eux qui nous ont fait peur ! On entendait crier, des mères de famille et leurs enfants pleuraient, tout le monde était affolé. On nous a dit qu’il y avait eu un braquage dans un casino et qu’un homme armé d’une kalachnikov était entré au Carlton », raconte Aziz, jeune Cannois venu profiter d’une soirée entre amis.
23h25
Forces de l’ordre et secours se mobilisent. Polices nationale et municipale bouclent la Croisette et les artères voisines. Les hommes de la Brigade anti criminalité, armes longues en bandoulière, débarquent au Carlton. La scène, filmée, est immédiatement diffusée sur les réseaux sociaux, alimentant la terreur. « Certains ont pensé que c’était eux les tireurs. Mais de toute façon quand on voit des policiers armés et un dispositif de sécurité aussi important, on se doute bien qu’il se passe quelque chose de très grave ! », glisse Martine, quinquagénaire à peine remise de ses émotions.
Au même moment rue Florian, au restaurant La Mome. Un cul-de-sac d’une trentaine de mètres. Une vingtaine de personnes terrifiées s’engouffrent là, alors qu’y dînent près de trois cents personnes en terrasse et à l’intérieur. La panique dévaste les tables. Pas d’autre issue pour eux que de monter dans les étages. Dans cette furie collective, certains forcent les portes des appartements sur les paliers, afin de s’y réfugier. « Ils se sont cachés où ils pouvaient, dans les étages sur le toit. Quand vous imaginez qu’il y a peutêtre en bas dans la rue des personnes qui arrosent les terrasses, vous ne réfléchissez pas, c’est l’instinct de survie qui prime », témoigne Ugo Lecorche, propriétaire.
00h00
La tension baisse d’un cran. La foule s’est figée, arrêtant sa course folle. 81 pompiers continuent de prendre en charge les blessés – 43 au total – victimes de chutes, bousculade et autres crises de panique.
Des dizaines de passants, smartphone en main, filment les rues et tentent de glaner quelques informations auprès des forces de l’ordre déployées à travers le centre-ville. « Est-ce qu’on est en sécurité ? Qu’est-ce qu’on doit faire ? », s’inquiètent encore certains. Le Carlton sera passé au peigne fin afin de lever tout doute sur la présence d’un éventuel homme armé (lire ci-contre).
Aux alentours de 2 heures du matin, alors que les rues rouvrent à la circulation, les restaurateurs recensent les lourds dégâts...