Nice-Matin (Cannes)

LES RAISONS DE LA PANIQUE

AU LENDEMAIN DE L’AFFOLEMENT GÉNÉRAL SUR LA CROISETTE

- SANDIE NAVARRA ET GREGORY LECLERC

Un « coup de folie » général. Au lendemain de l’impression­nant mouvement de foule qui a secoué la cité des Festivals lundi soir peu avant minuit (nos éditions d’hier), aucune autre explicatio­n n’est avancée par les autorités pour éclaircir l’origine de la panique générale.

Si une enquête, confiée à la sûreté urbaine de Cannes, est en cours, aucune interpella­tion n’a eu lieu et aucun suspect n’est recherché.

« Le mouvement de panique a été généré par une fausse rumeur », confirmait la préfecture hier après-midi. Retour sur ces quelques minutes qui ont mis la ville en alerte maximale.

23h15

Début de panique rue FelixFaure, à quelques pas des Allées, bondées en ce mois d’août. Plusieurs témoins évoquent une dispute qui aurait dégénéré entre deux hommes devant un glacier. Une piste que la police doit encore confirmer (lire ci-dessous).

L’un d’eux aurait crié « coups de feu » ! Provoquant la fuite des passants.

« On marchait sur la Croisette, pas loin du Palais, quand on a vu arriver une vague de gens courant et hurlant », rembobine Alizée, jeune Bretonne en vacances. « On n’a pas réfléchi, on a couru aussi dans la même direction qu’eux. J’ai eu la peur de ma vie, j’ai tout de suite pensé à un attentat. »

23h20

Scène de chaos à travers la ville. Les clients affolés quittent les terrasses, gonflant la vague humaine qui déferle sur la Croisette et le Carré d’Or. Certains abandonnen­t leurs effets personnels. «On a même retrouvé des chaussures et des vêtements », décrit un restaurate­ur des Allées. En quelques minutes à peine, les rumeurs les plus folles circulent : fusillade, attentat, voiture-bélier, braquage qui tourne mal, forcené retranché dans un palace... « On était sur une plage privée de la Croisette quand on a vu une foule courir dans la rue. La panique est montée très vite. Les gens autour de nous ont commencé à se lever, à partir en faisant tomber les tables. En fait, ce sont eux qui nous ont fait peur ! On entendait crier, des mères de famille et leurs enfants pleuraient, tout le monde était affolé. On nous a dit qu’il y avait eu un braquage dans un casino et qu’un homme armé d’une kalachniko­v était entré au Carlton », raconte Aziz, jeune Cannois venu profiter d’une soirée entre amis.

23h25

Forces de l’ordre et secours se mobilisent. Polices nationale et municipale bouclent la Croisette et les artères voisines. Les hommes de la Brigade anti criminalit­é, armes longues en bandoulièr­e, débarquent au Carlton. La scène, filmée, est immédiatem­ent diffusée sur les réseaux sociaux, alimentant la terreur. « Certains ont pensé que c’était eux les tireurs. Mais de toute façon quand on voit des policiers armés et un dispositif de sécurité aussi important, on se doute bien qu’il se passe quelque chose de très grave ! », glisse Martine, quinquagén­aire à peine remise de ses émotions.

Au même moment rue Florian, au restaurant La Mome. Un cul-de-sac d’une trentaine de mètres. Une vingtaine de personnes terrifiées s’engouffren­t là, alors qu’y dînent près de trois cents personnes en terrasse et à l’intérieur. La panique dévaste les tables. Pas d’autre issue pour eux que de monter dans les étages. Dans cette furie collective, certains forcent les portes des appartemen­ts sur les paliers, afin de s’y réfugier. « Ils se sont cachés où ils pouvaient, dans les étages sur le toit. Quand vous imaginez qu’il y a peutêtre en bas dans la rue des personnes qui arrosent les terrasses, vous ne réfléchiss­ez pas, c’est l’instinct de survie qui prime », témoigne Ugo Lecorche, propriétai­re.

00h00

La tension baisse d’un cran. La foule s’est figée, arrêtant sa course folle. 81 pompiers continuent de prendre en charge les blessés – 43 au total – victimes de chutes, bousculade et autres crises de panique.

Des dizaines de passants, smartphone en main, filment les rues et tentent de glaner quelques informatio­ns auprès des forces de l’ordre déployées à travers le centre-ville. « Est-ce qu’on est en sécurité ? Qu’est-ce qu’on doit faire ? », s’inquiètent encore certains. Le Carlton sera passé au peigne fin afin de lever tout doute sur la présence d’un éventuel homme armé (lire ci-contre).

Aux alentours de 2 heures du matin, alors que les rues rouvrent à la circulatio­n, les restaurate­urs recensent les lourds dégâts...

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 ??  ?? Polices municipale et nationale, compagnie de CRS, pompiers... Un impression­nant dispositif de sécurité a été déployé. (Photo S. N.)
Polices municipale et nationale, compagnie de CRS, pompiers... Un impression­nant dispositif de sécurité a été déployé. (Photo S. N.)

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