Nice-Matin (Cannes)

Valbonne : la nature comme matière première, muse et écrin

- BÉATRICE COUREL

Dans la cour de l’abbaye, le décor est immuable tous les mercredis soir. Un seul personnage sur cette scène créative en live : Charles Cermolacce. Ce soir, pendant les Nocturnes et jusqu’à la fin de l’été, le sculpteur sur pierres trouvées, ramassées et accumulées, s’immerge dans son inspiratio­n druidique et à partir de 19h.

Très tôt la passion de la pierre est chevillée au corps ?

J’ai un amour de la pierre depuis ma plus tendre enfance. Je dessinais, je peignais des pierres, tout le temps. Quand j’ai rejoint mes deux frères, au conseil départemen­tal en , pour l’entretien du parc de Vaugrenier, puis ceux de la Brague et de la Valmasque, ils m’ont donné massette, aiguille le burin et c’était comme si cela avait toujours été en moi.

Autour de vous cela surprend ?

Créer est un besoin mais au début, on m’a dit, il faut des années pour maîtriser la technique. Eh bien non c’est venu naturellem­ent. Je suis passé rapidement de l’artisan à l’artiste et sans aucun regret, jamais. J’ai eu des prix assez vite et j’ai exposé sans avoir pourtant de contact profession­nel.

Vous vous penchez pour trouver la matière première ?

Partout, je ramasse des pierres quand dedans il y a quelque chose qui résonne en moi. Je récupère de la pierre saine et sèche, c’est avec elle que j’ai commencée, c’est celle qui me parle. J’aime la pierre d’ici. Je récupère aussi du fer, des bouts de verre ou d’anciennes poteries dans la rivière. Je vois, je ressens et je garde pour créer plus tard.

Que de l’improvisat­ion inspirée ?

C’est la pierre qui me parle et j’éprouve le besoin de composer avec l’inspiratio­n puisée dans la nature. Je vois le mouvement, je l’ai dans ma tête. C’est pour cela que je n’aime pas que l’on me demande un sujet précis, que l’on m’impose un modèle. Et je n’ai pas de taille préférée. Une petite réalisatio­n peut exiger plus de patience qu’une grande. Ça vient comme ça vient, doucement, à l’instinct. »

Le temps justement ?

Je ne le regarde jamais, ni ne le compte. Il ne faut pas s’arrêter, pas casser la magie. Reprendre ne sera jamais pareil, alors cela peut durer toute la nuit. Quand il y a des trucs qui me viennent et il faut que je les dessine, à n’importe quel moment. J’ai des carnets de croquis remplis.

Certaines de ses sculptures se sont enracinées sur le territoire de la cité des sciences et de la sagesse: Le Drakkar,route des Crêtes; le Chat ailé et l’Enlèvement d’Europe, place Sophie-Laffitte; la Bête Imaginaire au rond-point des Brucs. Sur le sentier de la Brague, rencontre avec deux oeuvres façonnées à même les blocs : La Licorne et Le Poète échoué.

Ses offrandes à la technopole

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Cermolacce sculpte en direct pendant les nocturnes du mercredi, dans la cour de l’abbaye. (Photo B. C.)

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