« Les PME ont une capacité de résistance hors norme »
En visite sur la Côte d’Azur, Alain Griset estime que le pire a été évité. S’il n’y a pas de rebond de l’épidémie, le nouveau ministre aux petites et moyennes entreprises, « parie sur la relance »
De par ces fonctions antérieures, Alain Griset, ministre délégué aux Petites et moyennes entreprises, connaît mieux que bien le secteur. Avant sa nomination le 6 juillet, il était président de l’Union des entreprises de proximité. Passant du syndicalisme patronal à l’action gouvernementale, Alain Griset a l’avantage d’avoir négocié, en mars dernier, avec le gouvernement d’Édouard Philippe les dispositifs de soutien vitaux pour les TPE et les PME. De l’autre côté de la barrière désormais, il se pose comme un ministre à l’écoute de ces entreprises qui constituent près de 95 % du tissu économique national.
Y a-t-il un risque de faillites en cascade à la rentrée ?
Les TPE et les PME tiennent le choc. En temps normal, nous faisons face chaque année à environ faillites. Il est, aujourd’hui, manifeste qu’en dépit de la crise sanitaire, on ne note pas d’accélération de ce phénomène. C’est vrai, il y a un risque d’effet retard. Mais je sais que les hommes et les femmes qui portent ces petites et moyennes entreprises ont une faculté de résistance extraordinaire. Ils considèrent leur « boîte » comme « leur bébé » et ils sont prêts à beaucoup de sacrifices – souvent se priver de toute rémunération – pour que leur entreprise survive. Mon rôle, avec le Premier ministre et le ministre de l’Economie, est de les y aider. D’éviter le pire. Nous l’avons fait. Et nous avons des atouts pour y parvenir : le rebond a été plus fort que prévu. Avant cette crise sans précédent, la France se portait bien, bénéficiant d’un retour de la croissance et d’un recul du chômage. De ce fait, si l’épidémie de Covid disparaît, nous pouvons de nouveau faire le pari du retour de la croissance !
Vous pariez donc sur la relance à court terme ?
Le août, nous présenterons un plan de relance aussi ambitieux que lucide. La relance passera par la transformation de nos modèles économiques. L’État consacrera ainsi milliards à la transformation énergétique de notre pays. Par ailleurs, nous maintiendrons le cap de la baisse des impôts. On a beaucoup parlé de la suppression de la taxe d’habitation, mais nous envisageons une baisse de milliards sur deux ans de l’impôt de production.
Ce matin [lire hier] vous visitez une verrerie à Biot, en début de semaine, vous étiez à Lourdes. Quel enseignement tirez-vous de ces visites sur le terrain ?
Qu’il y a toujours des trous dans la raquette ! Je m’explique : en France, les mesures d’aide s’appliquent en fonction des codes des entreprises. Ces codes – NAF, APE, etc. – sont issus de la nomenclature de l’activité française. À Lourdes, cité très gravement touchée par la crise sanitaire – avec une chute d’activité de % [lire ci-dessous] –, nous avons constaté que, n’ayant pas le code idoine, les magasins de souvenirs ne bénéficiaient pas des dispositifs de soutien. Nous y avons donc remédié, en élargissant le dispositif d’accompagnement – exonération de charges, chômage partiel, fonds de solidarité – aux magasins de souvenirs, aux magasins des galeries marchandes et d’aéroports, aux métiers d’art ainsi, entre autres, qu’aux traducteurs-interprètes.
Et les discothèques qui restent fermées ?
J’ai travaillé avec les professionnels de ce secteur – dont en grand danger – pour les inciter à établir des protocoles permettant de reprendre leur activité tout en garantissant la sécurité sanitaire. Pour l’heure, l’interdiction de réouverture de ces établissements de nuit est maintenue. Avec Jean Castex et Bruno Le Maire, j’ai donc présenté des mesures spécifiques qui doivent permettre d’éviter une « hécatombe » économique. Les night-clubs sont désormais éligibles au Fonds de solidarité, ce qui évacue le risque d’expulsion au septembre qui menaçait un grand nombre de ces entrepreneurs. Par ailleurs, ce secteur bénéficiera d’une aide de niveau réévaluée à € pour trois mois – cette aide est de € pour toutes les autres entreprises du secteur du tourisme. Enfin, je suis favorable à ce que les préfets prennent des sanctions contre ceux qui, profitant de la fermeture des boîtes de nuit, organisent des soirées privées qui réunissent parfois plusieurs centaines de personnes.