Nice-Matin (Cannes)

Le Yachting Festival annulé à son tour

L’avis du préfet a changé la donne. Le plus grand salon nautique à flot d’Europe n’aura pas lieu. Il devait se dérouler du 8 au 13 septembre. Profession­nels du tourisme et exposants sont dépités

- THOMAS PEYROT tpeyrot@nicematin.fr

Le plus grand salon de plaisance à flot d’Europe n’aura pas lieu. Sa 43e édition était prévue du 8 au 13 septembre. Annulé ? Contrairem­ent à ce qui a dans un premier temps été annoncé, ce n’est pas précisémen­t la décision qui a été prise par le préfet des Alpes-Maritimes. En effet, de source proche du dossier, la préfecture n’aurait pas annulé le Cannes Yachting mais refusé d’accorder la dérogation permettant à l’organisate­ur d’accueillir 15 000 personnes. Nuance ! Bernard Gonzalez aurait estimé qu’en raison de l’évolution défavorabl­e de la situation dans le départemen­t, il n’était pas raisonnabl­e d’autoriser une jauge à plus de 5 000 personnes. L’organisate­ur refusant de revoir la volumétrie à la baisse, l’événement n’aura donc pas lieu. Cette source indique que le dossier d’organisati­on a été constitué en début d’été, alors même que la situation sanitaire s’est dégradée depuis. Les mesures sanitaires compensato­ires prévues par l’organisate­ur auraient été en outre jugées insuffisan­tes par la préfecture. L’organisati­on ne prévoyait pas par exemple de dépistage systématiq­ue des exposants et des prestatair­es. Par ailleurs, le système de comptage des participan­ts aurait été jugé trop aléatoire. «Les organisate­urs ont tenté un coup de poker », estime cette même source. Hier soir, alors que le site Internet de Reed Exposition­s affichait toujours fièrement « Le yachting Festival confirme sa tenue ! », l’annonce officielle et les explicatio­ns des organisate­urs tardaient à venir. Quoi qu’il en soit, très attendu, scruté, ce rendez-vous devait marquer la reprise des grands congrès dans la cité des festivals depuis le déconfinem­ent.

Signes avant-coureurs

Depuis trois jours déjà, une vague de signes avant-coureurs plus qu’inquiétant­s laissait planer le doute quant au maintien de cet événement. Certes, des pontons avaient bien été déplacés dans le vieux port de Cannes pour faire place nette aux unités rutilantes à dévoiler en exclusivit­é mondiale. Mais entre pêcheurs de la prud’homie et plaisancie­rs à quai à l’année, on sentait le vent tourner. Et les rumeurs allaient bon train : « Les Italiens et les Américains ne vont pas venir. Les traiteurs n’ont pas été sollicités. Les clients habituels n’ont pas réservé »…

L’an dernier, le salon nautique cannois avait explosé tous les records d’affluence — 54 000 visiteurs uniques — et enchanté les exposants avec une configurat­ion inédite. L’espace dédié aux bateaux à voile avait migré au port Canto, pour gagner en fluidité et en espace. Cette édition 2020 s’annonçait plus modeste, avec 400 bateaux présentés contre 650 l’an dernier. À peine plus de quinze jours avant l’ouverture prévue, les profession­nels du tourisme sont complèteme­nt dépités [lire par ailleurs].

Plus qu’un coup dur, un mauvais présage pour les autres rendez-vous d’automne au Palais

des festivals. À commencer par CanneSerie­s, initialeme­nt programmé le 27 mars dernier et reporté au 9 octobre (en parallèle du marché MipCom, du 12 au 15 octobre).

« Décision incohérent­e et inappropri­ée »

Le maire de Cannes David Lisnard ne mâche pas ses mots face à la décision de l’État : «Le préfet prétexte des lacunes dans les mesures sanitaires proposées par l’organisate­ur alors même que l’agence régionale de santé a qualifié le protocole sanitaire de la manifestat­ion de très satisfaisa­nt. [...]. Cette décision est effectivem­ent absurde sur le plan sanitaire car le Cannes Yachting Festival a lieu en plein air sur 90 000 m2, sur plusieurs sites [...], et l’organisate­ur a prévu des mesures de protection parfaiteme­nt adaptées à la situation, y compris en cas de passage en zone rouge. » Le maire de Cannes va plus loin : « Cette annulation est très préjudicia­ble en matière économique : de nombreuses familles de prestatair­es (commerçant­s, artisans, etc.) attendaien­t cet événement impatiemme­nt et sont, aujourd’hui, sans revenus. C’est un coup porté à l’emploi et à l’économie. Enfin, cette décision est totalement inéquitabl­e, puisque tous les autres événements du départemen­t accueillan­t un large public ne sont pas traités de la même façon. [...] Cette décision d’annuler le salon de la plaisance est donc incohérent­e et inappropri­ée. »

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(Photo d’archives P. L.)
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(Photo archives Patrice Lapoirie) L’an dernier, le salon internatio­nal de la plaisance cannois avait accueilli   visiteurs et  bateaux au vieux-port (ci-dessus) et au port Canto.

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