Le Yachting Festival annulé à son tour
L’avis du préfet a changé la donne. Le plus grand salon nautique à flot d’Europe n’aura pas lieu. Il devait se dérouler du 8 au 13 septembre. Professionnels du tourisme et exposants sont dépités
Le plus grand salon de plaisance à flot d’Europe n’aura pas lieu. Sa 43e édition était prévue du 8 au 13 septembre. Annulé ? Contrairement à ce qui a dans un premier temps été annoncé, ce n’est pas précisément la décision qui a été prise par le préfet des Alpes-Maritimes. En effet, de source proche du dossier, la préfecture n’aurait pas annulé le Cannes Yachting mais refusé d’accorder la dérogation permettant à l’organisateur d’accueillir 15 000 personnes. Nuance ! Bernard Gonzalez aurait estimé qu’en raison de l’évolution défavorable de la situation dans le département, il n’était pas raisonnable d’autoriser une jauge à plus de 5 000 personnes. L’organisateur refusant de revoir la volumétrie à la baisse, l’événement n’aura donc pas lieu. Cette source indique que le dossier d’organisation a été constitué en début d’été, alors même que la situation sanitaire s’est dégradée depuis. Les mesures sanitaires compensatoires prévues par l’organisateur auraient été en outre jugées insuffisantes par la préfecture. L’organisation ne prévoyait pas par exemple de dépistage systématique des exposants et des prestataires. Par ailleurs, le système de comptage des participants aurait été jugé trop aléatoire. «Les organisateurs ont tenté un coup de poker », estime cette même source. Hier soir, alors que le site Internet de Reed Expositions affichait toujours fièrement « Le yachting Festival confirme sa tenue ! », l’annonce officielle et les explications des organisateurs tardaient à venir. Quoi qu’il en soit, très attendu, scruté, ce rendez-vous devait marquer la reprise des grands congrès dans la cité des festivals depuis le déconfinement.
Signes avant-coureurs
Depuis trois jours déjà, une vague de signes avant-coureurs plus qu’inquiétants laissait planer le doute quant au maintien de cet événement. Certes, des pontons avaient bien été déplacés dans le vieux port de Cannes pour faire place nette aux unités rutilantes à dévoiler en exclusivité mondiale. Mais entre pêcheurs de la prud’homie et plaisanciers à quai à l’année, on sentait le vent tourner. Et les rumeurs allaient bon train : « Les Italiens et les Américains ne vont pas venir. Les traiteurs n’ont pas été sollicités. Les clients habituels n’ont pas réservé »…
L’an dernier, le salon nautique cannois avait explosé tous les records d’affluence — 54 000 visiteurs uniques — et enchanté les exposants avec une configuration inédite. L’espace dédié aux bateaux à voile avait migré au port Canto, pour gagner en fluidité et en espace. Cette édition 2020 s’annonçait plus modeste, avec 400 bateaux présentés contre 650 l’an dernier. À peine plus de quinze jours avant l’ouverture prévue, les professionnels du tourisme sont complètement dépités [lire par ailleurs].
Plus qu’un coup dur, un mauvais présage pour les autres rendez-vous d’automne au Palais
des festivals. À commencer par CanneSeries, initialement programmé le 27 mars dernier et reporté au 9 octobre (en parallèle du marché MipCom, du 12 au 15 octobre).
« Décision incohérente et inappropriée »
Le maire de Cannes David Lisnard ne mâche pas ses mots face à la décision de l’État : «Le préfet prétexte des lacunes dans les mesures sanitaires proposées par l’organisateur alors même que l’agence régionale de santé a qualifié le protocole sanitaire de la manifestation de très satisfaisant. [...]. Cette décision est effectivement absurde sur le plan sanitaire car le Cannes Yachting Festival a lieu en plein air sur 90 000 m2, sur plusieurs sites [...], et l’organisateur a prévu des mesures de protection parfaitement adaptées à la situation, y compris en cas de passage en zone rouge. » Le maire de Cannes va plus loin : « Cette annulation est très préjudiciable en matière économique : de nombreuses familles de prestataires (commerçants, artisans, etc.) attendaient cet événement impatiemment et sont, aujourd’hui, sans revenus. C’est un coup porté à l’emploi et à l’économie. Enfin, cette décision est totalement inéquitable, puisque tous les autres événements du département accueillant un large public ne sont pas traités de la même façon. [...] Cette décision d’annuler le salon de la plaisance est donc incohérente et inappropriée. »