Nice-Matin (Cannes)

Thorenc : de l’aigle aux bisons

Du sommet de la station climatique à la vie sauvage de la réserve des Monts d’Azur, une belle escapade à faire en famille au plus près de la nature, dans le cadre sublime des Préalpes d’Azur.

- TEXTE ET PHOTOS CHRISTIAN HUAULT chuault@nicematin.fr

C’est une balade en deux étapes et à faire entre petits et grands que nous vous proposons aujourd’hui. D’abord l’ivresse des sommets avec une randonnée de difficulté moyenne, mais accessible à tous pour admirer un panorama grandiose au sommet du pic de l’Aiglo. Ensuite, toujours à Thorenc au-dessus de Grasse dans ces Préalpes d’Azur aux allures de petite Suisse, un safari à pied ou en calèche dans la réserve des Monts d’Azur, royaume des bisons, chevaux sauvages ou autres cerfs et chamois. Une immersion en pleine nature qui débute aux premières heures de la journée au col de Bleine sur la D5 qui relie Gréolières et Thorenc à Saint-Auban. La marche commence sur le petit sentier goudronné montant à droite de la stèle commémoran­t le crash d’un bombardier américain sur le pic de l’Aiglo, justement, en mai 1944. En suivant le fléchage très bien fait (pic de l’Aigle) et les balises jaunes sur les arbres, on grimpe rapidement sur un étroit sentier rocailleux à travers une fraîche et agréable forêt de conifères, ponctuée de quelques jolies clairières. Entre les rayons du soleil qui s’immiscent dans le vert des sapins, des écureuils qui çà et là sautent de branche en branche, indifféren­ts aux pas de l’homme quelques mètres sous eux... Après 50 minutes de marche et au fur et à mesure de notre progressio­n sur la crête, le panorama se dégage jusqu’à une vaste étendue plate où une réserve d’eau jaune sert de repère. On file tout droit pour grimper les quelque 500 derniers mètres et rejoindre le sommet et ce fameux pic de l’Aiglo. À 1648 mètres d’altitude, la vue à 360 degrés y est tout simplement époustoufl­ante.

Un charme suranné

Le regard embrasse le pic du Bauroux et le mont Lachens, SaintAuban et sa clue, et au loin, les sommets du Mercantour. Mais aussi la longue plaine de Thorenc et son parc à bisons que l’on devine au loin goûter au bonheur du bain dans le lac de la réserve des Monts d’Azur.

On les y rejoindrai­t bien ! Mais avant cela, et après une petite pause salvatrice entourés d’une nuée de papillons tous plus beaux les uns que les autres, il nous faut redescendr­e. En partie par un autre itinéraire cette fois, plus court et plus facile, que l’on prendra à droite au niveau de la citerne d’eau. Sur un chemin bien large, en pente douce, bordé d’immenses sapins. La rando se termine par le même petit sentier qu’au départ à travers clairières et conifères. En tout six petits kilomètres avalés au train de sénateur, pause de 30 minutes au sommet comprise, en 2 h 30 environ.

L’heure de la pause déjeuner est arrivée. Cap sur le hameau-village de Thorenc (commune d’Andon), qui fut au début du XXe siècle une station climatique réputée, très fréquentée par l’aristocrat­ie russe et niçoise. L’architectu­re de ses imposantes demeures,

‘‘ avec tourelles pointues et colombages, lui confère un charme suranné. Mais en ce lundi de mi-août, on n’y rencontrer­a pas âme qui vive, le seul restaurant subsistant y étant même fermé... Qu’à cela ne tienne, un pique-nique fera l’affaire. Une fois rassasiés, nous mettons le cap dans la plaine sur la réserve des Monts d’Azur, à deux kilomètres de là. Un endroit unique de 700 hectares, fruit de la passion d’un couple franco-tchèque, Patrice et Alena Longour, engagés depuis 10 ans à Thorenc dans le pari fou de réintrodui­re dans nos contrées les espèces sauvages de l’Europe à l’Antiquité.

Dans les talons d’Achille et Espoir

Ici, dans l’esprit de concilier tourisme et écologie, les animaux sont les maîtres des lieux. Et les visiteurs, de simples invités de la faune. « Tout l’inverse d’un zoo, sourit Alena. Aux Monts d’Azur, ce sont presque nous, les humains, qui sommes en cage, spectateur­s de la liberté de nos espèces qui se réappropri­ent l’espace. » Outre le plaisir non feint de pouvoir approcher à pied ou en calèches bisons, chevaux sauvages de Przewalski, cerfs, sangliers, ou autres chamois, l’objectif de la visite est aussi et surtout pédagogiqu­e : « Faire comprendre que la grande faune joue un rôle essentiel dans le maintien des écosystème­s, mais qu’elle joue aussi un rôle moteur dans le patrimoine social et culturel de notre continent. » De nombreux safaris guidés et des logements éco-responsabl­es sont proposés à La Réserve. Les circuits à pied étant interdits aux enfants de moins de 6 ans, vous pouvez, comme nous, opter en famille pour la balade d’une heure en calèche. Guidés par Marion, aussi volubile qu’intarissab­le sur cette faune exceptionn­elle, et tirés par ses deux très espiègles chevaux de trait, Espoir et Achille, on se prend vite au jeu de l’approche délicate et nonperturb­atrice des troupeaux de bisons et de ses magnifique­s chevaux de Przewalski à la robe Isabelle en tous points similaires à ceux peints dans les grottes préhistori­ques les plus célèbres...

Du pic de l’Aigle aux bisons, la reconnexio­n avec la nature aura été totale.

Vous êtes les invités des animaux”

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