Nice-Matin (Cannes)

Il cultive un jardin d’éden à son domicile !

Sur plus de 2600 m² de jardin à Antibes, Bernard Neveux fait pousser fruits, légumes et plantes rares. Avec sa main verte, il cultive de tout avec un seul objectif : récolter du... plaisir !

- FLORINE AMENTA

D’un désert, il en a fait un lieu paradisiaq­ue. Oasis en plein Antibes, son domicile est idyllique et… atypique. Tout comme lui. Cigare en bouche, chemise à moitié ouverte, à soixante-neuf ans, Bernard Neveux, est l’homme le plus heureux du monde. Et ça, c’est lui qui le dit : c’est grâce à ses plantes.

« Il y en a plus de mille huit cent dans mon jardin ! », lance-t-il, fier. Banane, avocat, tomate, fraise, raisin, pamplemous­se, potiron… Ce sont plus d’une vingtaine de variétés de fruits et légumes qu’il cultive, seul. « J’ai près de 330 pieds de tomates un peu partout, 400 avocats qui poussent par an… »Et aussi, une « fille de l’air », de plus de deux mètres devant lequel ce jardinier reste admiratif. La magie de Dame Nature ? Non, il ne peut pas s’en lasser.

Des variétés du monde

Mais la prouesse est ailleurs. « Son jardin, c’est un vrai exploit ! Il enchaîne les réussites d’acclimatat­ions, il a beaucoup de variétés rares qui viennent d’Amérique du sud, centrale, de Tahiti... » se plaît à raconter Christophe Romero, son « homme de main ». Botaniste, l’amoureux des plantes explique avec passion l’histoire de chacune des variétés qui ornent le lieu : « Regardez, c’est un bananier Fe’i, il a une sève rouge et les bananes sentent la carotte. Ça vient de Polynésie, là-bas cette variété se mange cuite. » Cet arbre et bien d’autres, sont le fruit de graines ramenées lors de voyages à travers le monde mais aussi de cadeaux d’amis collection­neurs.

Aujourd’hui loin de leurs terres d’origine, de nombreuses espèces grandissen­t tout naturellem­ent dans le jardin situé au nord de la cité des Remparts. Et si ça pousse, c’est grâce à la main verte et à l’attention sans nulle pareille de ce fondu de chlorophyl­le. Une main magique qu’il a su travailler seul. Tel un autodidact­e, Bernard Neveux est arrivé à Antibes il y a trente années de cela. « Ici, il n’y avait rien, je suis arrivé avec ma caravane et j’ai construit ma maison », se remémore-t-il comme une grande aventure. Sans formation en botanique, il a créé, en 1988, son entreprise de spa et piscine : « Batisud. »

Rien ne se perd, tout se transforme

Issu d’une famille « très très pauvre avec treize enfants », le sexagénair­e a le goût de la récup. Des bacs à poissons comme jardinière­s, des anciennes filtration­s de piscine pour son bassin de nénuphars et surtout, le petit plus qui fait tout : son « engrais vert. » Sa compositio­n ? « Ce sont les déchets broyés que me donnent les jardiniers au lieu de les amener à la déchetteri­e. »Et puis, il y a aussi le cochon, et « ses besoins que je mets au pied des arbres. »

Enfin, ici, rien ne se perd. Vraiment rien. Pas non plus le temps. Quand il ne cultive pas, Bernard Neveux travaille encore pour son entreprise. Et puis sinon, il optimise son Eden à lui. En deux jours, il crée une ombrelle en bambou pour y faire courir des tomates dessus… « Entre deux bananiers j’ai fait grimper un arbre à cornichons », montre celui qui se fait appeler « maestro » par ses proches : « Je suis un vrai maniaque en fait, je veux utiliser tout l’espace. »

D’amour et d’eau fraîche

Tel un chef d’orchestre, il contrôle ses cultures à la baguette. Comme si tout était simple. Et pourtant. Ce sont des centaines heures que Bernard Neveux a passées, les pieds dans la terre, à créer ce bout de paradis : « Tous les jours je passe un peu plus de dix heures ici. » Sa vie.

Du travail, mais pas que… L’astuce de cette réussite ? « Beaucoup d’amour, une terre parfaite et beaucoup d’arrosage. » Ce sont donc, par jour, dix mille litres d’eau qu’il puise sous terre.

Le tout, pour cultiver le... plaisir. Exceptionn­ellement, il lui est arrivé de vendre ses récoltes, mais la plupart du temps, « c’est pour la famille et les amis ».

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