Le TNN entre fait maison et grands noms
Le « menu » de la saison du Théâtre national de Nice met autant en avant le travail de la troupe de cette institution que des figures reconnues et des pièces plébiscitées dans l’Hexagone.
Arrivée en novembre dernier, Muriel Mayette-Holtz a présenté vendredi sa première programmation en tant que directrice du Théâtre national de Nice (TNN). Avec une volonté claire : mettre en avant « le texte et la troupe du TNN ».
« C’est une ambition ultime. Elle peut faire peur, on peut se dire que ce sera un truc d’intellectuels. Mais justement, ce qui est extraordinaire au théâtre, c’est que le texte passe par l’émotion. Avec de bons acteurs, c’est très facile. Et beaucoup plus puissant que tous les discours qu’on peut tenir. »
Des créations pour débuter
« Quand on s’appuie sur une troupe, on est libre de s’adapter, sans subir. On peut se réinventer, faire des propositions malgré des contraintes énormes », poursuit Muriel Mayette-Holtz.
En temps de mesures sanitaires destinées à lutter contre l’épidémie, compliqué d’engager tout de suite d’importantes sommes pour s’assurer la présence de « grosses machines ».
Des tracas qui pourraient être une belle chance d’entrer dans la lumière pour la troupe nouvellement constituée du TNN (composée des acteurs Augustin Bouchacourt, Eve Péreur, Frédéric de Goldfiem, Jonathan Gensburger, Thibaut Kuttler et Pauline Huriet, de l’auteur et metteur en scène Édouard Signolet et du musicien François Barucco). Premier rendez-vous : Les Parents terribles (29 et 30 septembre, 1er, 2 et 3 octobre), une adaptation de Jean Cocteau par Christophe Perton.
À suivre, le 6 octobre, la première des dix représentations de Bande-annonce Goldoni. Puis place à Petite leçon de zoologie à l’usage des princesses (jouée dix fois également, du 12 au 20 novembre), une création signée
Edouard Signolet.
Jusqu’au mois de décembre, ces spectacles et tous ceux figurant à l’affiche seront proposés en tarif unique et placement libre.
Du féminin, du méditerranéen
La directrice du TNN assure ne pas l’avoir fait volontairement. Mais en établissant les comptes, elle a tenu à souligner la présence de « vingt pièces sur quarante-six mises en scène par des femmes ». « Nous mettrons aussi en valeur les grandes figures féminines du répertoire. »
Autre fil conducteur de cette programmation 2020/2021 : la Méditerranée. «Il est très important, dans cette région, d’avoir régulièrement rendez-vous avec les grands textes italiens, comme ceux de Goldoni, Eduardo De Filippo ou Dante. Mais aussi avec les Espagnols comme Garcia Lorca ou les auteurs grecs », note Muriel Mayette-Holtz. « Je pense aussi aux auteurs contemporains de ces pays, qu’on connaît moins. »
Moins de crochets par l’Afrique du Nord, prévus en revanche car « Marseille, notamment avec le Mucem, le fait déjà très bien ».
Le génie du « Français », la démesure d’Abkarian
Pas évident quand on a concocté une programmation cohérente dans sa globalité d’en extraire des temps forts. Mais on a tout de même tenté le coup avec la directrice du TNN. Qui a fini par répondre sans trop d’hésitation.
« J’évoquerais d’abord la Comédie-Française, avec 20 000 lieues sous les mers (2, 3, 4 et 5 décembre), de Christian Hecq. C’est moi qui l’ai fait entrer à la Comédie-Française, c’est l’un des plus grands clowns français. On le retrouvera dans La Mouche (1er, 2 et 3 avril 2021), un spectacle ovationné aux Molières. » « Et puis on verra Simon Abkarian avec Électre des bas-fonds (24, 25 et 26 mars 2021). Son théâtre est généreux, avec beaucoup d’acteurs sur le plateau. C’est quelque chose qui me fait très plaisir. »
La nouvelle saison du TNN fera également la part belle à la danse, avec la venue des Ballets de Monte-Carlo pour La Mégère apprivoisée (29 et 30 avril 2021) et la présentation de My Ladies Rock, spectacle chorégraphié par JeanClaude Gallotta (15 et 16 décembre). Plusieurs dates seront également dédiées au cirque.
Avec Édouard Baer, Nicole Garcia, Claude Lelouch...
Le Théâtre national de Nice n’a pas l’intention de laisser les grands noms à l’écart, loin de là. À de multiples reprises au cours de l’année, on en retrouvera sur les planches, ou bien lors des Conversations intimes, animées par Catherine Ceylac. Dans ce cadre, les rendez-vous de la saison dernière avec Claude Lelouch et Laurent Laffite, annulés à cause de la Covid-19, seront reprogrammés, à des dates encore à définir. Côté scène, Jacques Weber, ancien directeur du TNN, sera présent avec Hugo au bistrot (du 1er au 9 décembre).
Puis ce sera au tour d’Édouard Baer dans Les Élucubrations d’un homme soudain frappé par la grâce (10, 11 et 12 décembre).
Plus tard dans la saison, place à Nicole Garcia pour Royan, la Professeure de français (18, 19 et 20 mars 2021).
Programmation complète et réservations sur tnn.fr
Issu du Conservatoire de Nice, Jonathan Gensburger fait partie des nouvelles recrues de la troupe du TNN. « Humainement, tout est à créer entre nous, on se découvre. On a tous des personnalités, des envies, des forces et des faiblesses différentes. En tout cas, cela peut paraître bête, mais on a tous envie ! » Envie de briller sur scène, évidemment, mais aussi de s’investir dans différentes missions qui leur seront confiées tout au long de l’année. Comme l’encadrement d’une école de théâtre destinée aux - ans, dont se chargera Fréderic de Goldfiem. Ou encore un comité de lecture piloté par Pauline Huriet, destiné à faire émerger de beaux textes, peut-être joués un jour à Nice. Jonathan Gensburger, lui, devra donner vie à des rendez-vous « cabaret ». « Ce sera gratuit, centré autour d’artistes comme Brel, Gainsbourg, Brassens ou d’autres plus actuels. On sera autour d’un piano, au bar du théâtre, dans la salle Pierre-Brasseur ou dehors », résume-t-il. Le but de toutes ces opérations ? « Tout faire pour sensibiliser les gens qui n’ont pas forcément l’idée de venir ici. On veut que le théâtre aille dans la ville, qu’il tisse des liens. »