Nice : les danseurs de l’opéra à la pointe des masques !
Les restrictions sanitaires liées au coronavirus, imposent au Ballet Nice Méditerranée de s’adapter en modifiant les chorégraphies, imposant des protections. Eric Vu-An doit faire le grand écart
Comment danser sans se toucher, sans trop s’approcher tout en exprimant l’amour, la sensualité, la fusion ? « C’est super, super compliqué », souffle Eric VuAn… derrière son masque. Depuis quelques mois, le directeur artistique du Ballet Nice Méditerranée fait le grand écart. Entre les restrictions sanitaires liées à la Covid19 et la gestuelle voluptueuse des oeuvres prévues au programme de l’opéra de Nice, il faut faire des choix. Et des modifications. Pour débuter la saison artistique automnale sur la scène du Théâtre de Verdure, les 18 et 19 septembre, à 21 heures, les danseurs vont exécuter un triptyque sacrément trituré (1).
D’abord une suite extraite de Sylvia, ballet créé en 1876 par Léo Delibes, qui en composa également la musique. Ensuite un pas de deux. Celui de Belong (chorégraphie de Norbert Vesak et musique signée Syrinx et Robert de la Rose). Enfin, Oceana, que l’Américaine Lucinda Childs a spécialement imaginé pour le ballet niçois en 2011. Le tout accompagné d’une discipline de fer. Même si celle-ci est monnaie courante dans le milieu de la danse, notamment classique, là, on met la barre vraiment très haut. Voilà pourquoi, Eric Vu-An tient à saluer « l’attitude militante, disciplinée des danseurs ». Ce qui le touche : «Depuis la reprise, tout le monde est là avec un immense respect pour le travail. » Et il faut bien ce dévouement chevillé au corps et à l’âme pour coller aux arabesques ubuesques de la crise. « Les joueurs de foot et les sportifs de combat peuvent se toucher, mais pas les danseurs. C’est comme ça et nous, on doit respecter le protocole venu d’en haut. »
Protocole qui démarre le matin à la Diacosmie, dans la plaine du Var : « Dix danseurs par studio avec fenêtre ouverte pour l’aération. L’échauffement se fait sans masque, mais dès que les danseurs répètent, ils sont masqués, sauf s’ils dansent avec leurs conjoints. J’ai cette chance d’avoir, sur 26 danseurs, douze vivants en couple. »
Pas chassés vers la ruse
Protocole qui a évidemment joué les empêcheurs de danser en rond côté programmation. Au départ, Five Tangos devait ouvrir le bal de septembre. Souci : « Hans Van Manen, le chorégraphe, ne voulait pas de masques. » Alors Sylvia a joué la remplaçante via une suite entièrement revisitée par Eric VuAn: « Un berger recherche Sylvia. Un marchand d’esclaves lui présente un groupe de femmes… voilées. J’ai adapté le ballet, changé la chorégraphie et profité de la situation puisque toutes les danseuses portent un masque sous le voile. On ne le verra pas. J’essaie de trouver des astuces pour préserver mes danseurs et sauvegarder mes spectacles. L’important est de survivre avec les moyens qu’on a. »
Pour Belong, le maître respire. Sans bâillon : « Il n’y a qu’un couple exécutant le pas de deux. Un vrai couple dans la vie, donc là, pas de masque imposé. »
Quant à Oceana, « Lucinda Childs m’a donné le feu vert pour procéder à des transformations : les masques bleus chirurgicaux seront en adéquation avec les costumes bleu pâle. Six couples, non masqués donc, seront sur scène, mais seulement pour le dernier mouvement. Pour les autres mouvements, je ne sais pas encore comment on va se mouvoir même si les danseurs ont été testés, même s’ils le seront encore plusieurs fois ».
Tout cela est un peu… Casse-Noisette !
Vendredi 18 septembre et samedi 19 septembre, à 21 heures,auThéâtredeVerdure.Tarifunique :20 euros. Et bien sûr, masque obligatoire pour le public, qui pourra malgré tout, à la fin du spectacle, dialoguer avec les artistes sur scène.Achat des billets sur plac” e 1 heure avant le spectacle, à la billetterie de l’opéra, 4 et 6, rue Saint-François-de-Paule, du lundi au vendredi, de 9h à 17h30 ou en ligne sur le site de l’opéra. Tél. 04.92.17.40.79.