Comment la cellule Oracle lutte contre les dégradations d’antennes
« La radioactivité, les ondes électromagnétiques, les pollutions et virus en tous genres sont l’oxygène toujours davantage vicié du XXIe siècle. » Dans la nuit du 17 au 18 mai, un groupe d’activistes proche de l’ultra gauche libertaire revendiquait ainsi l’attaque de plusieurs antennes relais dans les environs de Grenoble. « Nous ne voulons pas d’un monde où la garantie de pouvoir communiquer à distance sans cesse et partout, s’échange contre le fait de pouvoir être surveillés et contrôlées constamment », indique le groupuscule sur le site Indymedia. Le gouvernement prend cette montée en puissance des activistes, dans un débat jusqu’alors dominé par les écolos, très au sérieux. Au point qu’une cellule d’enquête nationale de la gendarmerie, baptisée « Oracle », les traque un peu partout en France. Le but : mettre fin aux sabotages d’antennes relais. Le mouvement prend une telle ampleur que des sites anarcho-libertaires donnent même des conseils sur le Web pour détruire des antennes relais. Facebook a tenté de lutter contre la propagation de ces tutos activistes, mais les sites Internet sont multiples.
C’est le cas de « Marseille infos autonomes », qui se décrit comme un « site collaboratif de luttes ». En toute impunité, il donne le mode d’emploi qu’il qualifie de « recette ». Il suggère
d’utiliser des outils pour entrer, comme des coupeboulons, préconise l’emploi de gants, de « quelque chose pour couvrir son visage », une capuche « pour limiter les traces ADN », mais aussi du carburant « 500 ml de White Spirit ou du kérosène, plutôt que de l’essence ». Ahurissant. Quand ce n’est pas la main de l’ultra gauche, c’est celle, dans d’autres pays, de l’extrême droite. Les complotistes se sont emparés du sujet. Il leur permet à bon compte de lancer une opération de destruction de biens en surfant sur la crainte populaire.
Dans cette lutte, la cellule Oracle a déjà obtenu plusieurs victoires. En avril, deux jeunes gens ont été interpellés dans le Jura. Leur ADN avait été retrouvé sur place. Oracle a également permis deux arrestations dans la vallée du Paillon, à Contes. Le 18 juin, deux jeunes gens de la région de Nice s’étaient introduits sur le site de la future antenne 5G de Contes, dans le quartier du Castellar.
Ils ont immédiatement été interpellés : à la suite de plusieurs dégradations, une surveillance vidéo avait été mise en place. La justice a ouvert une information judiciaire pour « dégradation des biens d’autrui par moyen dangereux et association de malfaiteurs ». Ils ont été mis en examen et placés sous contrôle judiciaire.