CASTEX: PAS DE PANIQUE
Masques, tests, recrutements, durée d’isolement... Une stratégie pour éviter de reconfiner
Un appel « au sens des responsabilités » face à une « dégradation manifeste » ,maispasde« logique de confinement généralisé ». Alors que l’on pouvait s’attendre à des mesures d’envergure pour faire face au rebond de l’épidémie, dont les statistiques attestent chaque jour (1), le gouvernement souhaite privilégier des mesures prises localement, selon la situation de chaque département.
« Tout confirme que le virus n’a pas baissé en intensité », a pourtant souligné le Premier ministre Jean Castex, lors d’une intervention en fin d’après-midi, après un Conseil de défense le matin. Ce dernier a d’ailleurs porté à 42 le nombre de départements classés en rouge. Et il n’y a « pas de ligne Maginot », a-t-il prévenu : le virus « finit inévitablement par toucher les personnes vulnérables ». Mais l’essentiel des mesures « ne doivent pas se décider depuis Paris [et] s’appliquer partout au même moment et de la même manière ».
Tests plus rapides et meilleur traçage
Un positionnement inattendu alors que le président du Conseil scientifique, JeanFrançois Delfraissy, avait estimé mercredi que l’exécutif allait « être obligé de prendre un certain nombre de décisions difficiles [...] dans les huit à dix jours maximum ». À l’arrivée, le principal changement dévoilé hier va plutôt dans le sens inverse, puisqu’il s’agit de la réduction de la durée d’isolement à 7 jours pour les cas positifs et leurs contacts. Autre point, également pragmatique : le Premier ministre veut réduire les temps d’attente « trop importants » pour les tests. Des « créneaux horaires » seront ainsi réservés aux personnes prioritaires (celles qui ont des symptômes, ont été en « contact rapproché » avec une personne positive, sont des soignants ou travaillent en Ehpad). Enfin, 2 000 personnes supplémentaires vont être recrutées à l’Assurance-maladie et dans les Agences régionales de santé (ARS) pour renforcer le traçage des contacts de personnes infectées. Une philosophie qu’a ainsi résumée l’hôte de Matignon : « Lutter contre le virus en évitant de devoir mettre entre parenthèses notre vie sociale, culturelle, économique, l’éducation de nos enfants et notre capacité à vivre normalement. »
Pas de confinement généralisé
Affirmant que « le virus est là pour quelques mois encore » – alors que l’OMS estime que la pandémie pourrait être vaincue en moins de deux ans dans le meilleur des cas –, il a jugé que « nous devons réussir à vivre avec lui sans nous laisser entraîner à nouveau dans une logique de confinement généralisé ». Exemple de cette approche pragmatique et locale voulue par le gouvernement : concernant les cas de Marseille,
de Bordeaux et de la Guadeloupe, où on constate « une évolution préoccupante » notamment chez les plus à risques, Jean Castex a dit avoir demandé « aux préfets concernés de [lui] proposer d’ici lundi de nouvelles mesures complémentaires ». En conclusion, le chef du gouvernement a demandé « en particulier aux personnes âgées d’observer la plus grande prudence » , et a dit en appeler « solennellement au sens des responsabilités de chacune et chacun » pour le respect des mesures barrières, de la distanciation et du port du masque.
1. « Pour la première fois depuis de longues semaines, nous constatons une augmentation sensible de personnes hospitalisées », a d’ailleurs insisté Jean Castex.