Le Sénat, ce pied-à-terre parisien des territoires
La chambre haute renouvellera la moitié de ses élus le 27 septembre, dont ceux du Var et des Alpes-Maritimes. Dans notre système bicamériste, elle est le porte-voix des collectivités
On ne va pas vous faire prendre des vessies pour des lanternes : les sénatoriales du 27 septembre ne passionnent pas les foules. D’autant moins que les sénateurs sont élus au suffrage indirect par une poignée de grands électeurs – députés, conseillers régionaux et départementaux, maires et conseillers municipaux pour l’essentiel. Soit autour de 2 200 électeurs, dans le Var comme dans les Alpes-Maritimes.
Le Sénat est désormais renouvelé par moitié tous les trois ans. Dans quinze jours, ce sont les 172 sénateurs des départements de l’Ain à l’Indre (1 à 36), du Bas-Rhin au Territoire de Belfort (67 à 90, à l’exception de Paris, de la Seine-et-Marne et des Yvelines), de Guyane, Polynésie, Saint-Barthélemy, Saint-Martin et Wallis-et-Futuna qui seront concernés. Le renouvellement des six sénateurs représentant les Français vivant à l’étranger a, lui, été repoussé à septembre 2021.
Larcher tranquille
Deux modes de scrutin cohabitent pour cette élection : le scrutin majoritaire dans les départements ne comptant pas plus de deux sénateurs, et le scrutin proportionnel par listes paritaires (sans panachage possible) dans les autres. Cette formule vaut pour le Var et les Alpes-Maritimes, nantis respectivement de quatre et cinq sièges au Palais du Luxembourg. Ce renouvellement partiel n’infléchira pas foncièrement l’orientation politique du Sénat. Malgré la poussée verte, les dernières municipales n’ont en effet pas modifié en profondeur la composition du corps électoral, la droite et la gauche ayant conservé en mars et juin la plupart de leurs bastions. On retrouve donc parmi les 87 000 grands électeurs français une majorité d’élus qui leur sont acquis, en particulier aux Républicains et aux centristes qui disposent aujourd’hui d’une majorité de 194 sénateurs. Aucun suspense donc : la chambre haute restera à droite et Gérard Larcher, le sénateur LR des Yvelines qui la préside depuis 2014, continuera à la diriger. Il a, d’ores et déjà, annoncé être de nouveau candidat au perchoir.
Une image redorée
Si ces sénatoriales manquent de sel, le Sénat n’en a pas moins retrouvé de la vigueur ces dernières années. Alors que d’aucuns plaidaient carrément pour sa suppression, il a réussi à valoriser son savoir-faire. En 2016, Gérard Larcher et le sénateur JeanLéonce Dupont ont lancé l’Institut du Sénat, sorte de formation continue destinée à promouvoir l’image de l’institution, en y conviant des Français de tous horizons, à raison de deux jours par mois durant six mois, pour tordre le cou à la caricature du sénateur pansu se gobergeant aux frais du contribuable. Une opération de com, certes, mais adossée au travail bien réel de sénateurs qui vont au fond des dossiers, dans un esprit souvent moins partisan que les députés. Depuis 2017, ils ont d’ailleurs su tirer parti d’une Assemblée nationale néophyte et peu audible pour se faire davantage entendre. Gérard Larcher s’est luimême posé en interlocuteur privilégié d’Emmanuel Macron, le Sénat revendiquant d’être la voix de territoires censés être, plus que jamais, associés aux choix de l’État.