UN VENT DE FRONDE
A Nice, « on ne fermera pas à 22 heures ! » A Marseille on organise la contre-attaque
Non, on ne fermera pas à 22h!» Après l’annonce d’Olivier Véran de nouvelles mesures restrictives, la riposte s’est organisée hier. Avec les cafetiers restaurateurs, les hôteliers de l’UMIH, les grossistes, les entreprises d’événementiel ainsi que les intermittents se sont joints spontanément à l’appel à la révolte lancé la veille par Frédéric Ghintran, le vice-président de la Fédération des hôteliers restaurateurs de Nice.
« Ne croyez pas le ministre ! »
Le téléphone a sonné toute la nuit. On s’est mobilisé. Tous très « remontés ». « Le ministre dit : “Ça ne concerne que les cafés.” Ne le croyez pas : à Marseille, il y a dix jours, on leur a dit pareil... »
Du coup, hier matin, après une réunion d’urgence en mairie avec Christian Estrosi, ils sont plus d’une cinquantaine réunis au Félix Faure à Nice pour dire « non » au ministre de la Santé. « On est déjà une cinquantaine. Ce n’est pas beaucoup ? Sauf qu’avec nos salariés, on représente des centaines, des milliers d’emplois directs et indirects. Et ces décisions les mettent en grand danger », tempête Gépéto, figure emblématique de la restauration azuréenne : « Je suis vraiment vieux pourtant ! J’ai fait quatre tests. Tous négatifs. On respecte tous très scrupuleusement les protocoles sanitaires. et ce n’est pas dans les restos et les cafés que le virus traîne le plus. » La réunion tourne vite à l’AG. L’appel à la désobéissance est dans l’air. « On a tous été de bons toutous, mais là c’est la goutte d’eau », s’emporte Christophe Souques Bonnet de Pineapple. «Le gouvernement se bat pour sauver 1 000 emplois à Bridgestone, c’est très bien… Mais nous, ce sont des dizaines de milliers d’emplois qu’on génère et là, ils sont en grand danger ».
Les cafetiers sont vent debout. Bruno Valéry, le patron du Master
Home , est «au bout de sa vie». Après une légère embellie en juillet, l’activité a de nouveau plongé. Ils étaient 15 salariés. Ils ne sont plus que 3. Un bon soir, avant la Covid, Bruno faisait 3 000 à 4000 € de chiffre. Hier, la caisse est restée bloquée à... 400 €. «Si on doit fermer à 22 heures, ce qui signifie mettre les clients dehors à 21 h 30, on sera vite mort. »
Les paroles se libèrent. L’AG se rebelle. Qui de proposer de bloquer l’argent des Urssaf et des impôts sur des comptes séquestres. Qui de lancer un appel au préfet : «On ne casse pas de voiture, on paie nos impôts, on a joué gentiment le jeu alors que la seule vraie aide qu’on nous a apportée, c’est de crouler sous les dettes… », tempête Frédéric Ghintran. »