Une braderie pour soutenir le commerce automnal
Le commerce local amorce l’automne dans la difficulté. Des enseignes ont fermé dans le centre ville. Pour rebooster la consommation, une grande braderie – une première – innove en octobre
Deux mois de confinement. Un été sans vacanciers internationaux à fort pouvoir d’achat. Un mois de septembre quasiment sans congrès et sans touristes. Une équation qui cumule les difficultés pour le commerce cannois en ce début d’automne. Rue d’Antibes, artère reine du shopping, plus d’une trentaine de cellules sont vides. Certaines fermetures sont conjoncturelles, premiers stigmates de la crise économique mondiale, conséquence de la pandémie de Covid 19. C’est le cas de Desigual ,–la marque espagnole a fermé avant le confinement –, Un jour ailleurs, en redressement judiciaire mais possiblement repris, ou de JB Martin. Un peu plus haut, le chausseur André, la boutique de maillots Yamamay et Promod aussi ont fermé.
Luxe : probables départs et arrivées
Sur la Croisette, certaines grandes marques de la joaillerie, privées de chiffre d’affaires, ont fait le choix de la fermeture : Breguet et Blancpain de Swatch Group, mais aussi Hublot, Chaumet et Chopart ont vidé leur boutique et baissé le rideau. « Il faut pouvoir tenir avec des loyers très élevés » souligne Jean-Pierre Venou, président de l’association Cannes Prestige.
« Mais de nouvelles marques vont arriver », rassure Robert Vandekerkhove, spécialiste dans le placement d’enseignes de luxe à Cannes. En ville, les commerçants indépendants et grandes enseignes font le dos rond. « Aucun de mes 200 adhérents n’a mis la clef sous la porte. Mais tout le monde a perdu de son chiffre », indique Jack Pons, président de l’Union des Commerçants de Cannes. Chez Devred, par exemple qui a enregistré de 30 à 70 % de baisse de fréquentation cet été, c’était 60€ de dépenses contre 300 à400 € habituellement.
Vers « le phygital »
Le commerce de proximité fait aussi les frais du changement dans les modes de consommation durant le confinement. « Quand on commence à prendre ses habitudes sur le net, difficile d’attirer dans les magasins. Il est important que les commercent de proximité se développent au plan digital. Pour être présent sur les deux plans. C’est le “phygital” », note Isabelle de Saint-Léger, manager du commerce à la Ville de Cannes. Si certaines boutiques sont en difficulté, c’est aussi que les propriétaires des locaux commerciaux ont été plus ou moins conciliants pour le paiement des loyers durant le confinement... « Certains ont joué le jeu en ne faisant payer que 50 %, d’autres non. C’est du droit privé. Difficile pour nous d’intervenir », glisse Mathilde Bernard, directrice du développement territorial à la mairie. Cette dernière soutient au maximum les commerçants. « Avec des animations qui ont permis d’éviter la casse. Moins de cessations que l’an dernier, mais moins de créations aussi » observe Jean-Michel Arnaud, élu cannois, président du Palais des festivals et chargé du développement du haut de la rue d’Antibes.
Au chevet du haut de la rue d’Antibes
Un secteur structurellement déserté depuis longtemps avec une dizaine de cellules vacantes, qui va faire l’objet d’un plan global de redynamisation. « Un travail est mené sur les flux pour faire revenir des commerces mais aussi des professions libérales en réfléchissant sur l’urbanisation, comme le réaménagement de la place Lamy. Une des clefs : que les propriétaires acceptent de baisser un peu les loyers. L’objectif ultime est d’accueillir une enseigne locomotive dans ce secteur .» Que la cause soit conjoncturelle ou structurelle, le commerce souffre.
En espérant que le pire ne soit pas à venir. Et que Noël lui redonne un peu le sourire. GAËLLE ARAMA