Bougrain-Dubourg, Leonetti et Dombreval : « Oui mais »
On ne verra plus les dauphins « jouer » plus ou moins spontanément au ballon. Jean Leonetti, maire LR d’Antibes, ne saute pas au plafond. Sur la philosophie de la décision, le consentement est général : « On ne regarde pas les animaux en captivité aujourd’hui comme on le faisait il y a seulement vingt ans. » Si l’évolution lui semble logique, il s’étonne devant une réprobation à géométrie variable. Et souligne que la détention d’ours blancs, sur le site de Marineland, est régie par un plan européen de sauvegarde des espèces protégées : « On fustige ces naissances, on s’ébahit devant celle des pandas. Il y a là quelque chose d’étrange. » Cette parenthèse refermée, Jean Leonetti observe que l’équipe de Marineland a totalement repensé la nature du spectacle, « Beaucoup plus de pédagogie, moins de paillettes ». Deux ans pour sanctuariser les orques, sept pour les dauphins, à supposer qu’ils survivent en milieu naturel, ce dont il doute, c’est « un délai ridicule », sinon « une plaisanterie » .Le maire d’Antibes craint que ce laps de temps ne permette aucune reconversion du site. D’autant que des législations différentes au sein de l’Union européenne risquent d’inciter les actionnaires espagnols à envisager l’avenir autrement, voire ailleurs. L’arrêt de Ségolène Royal, retoqué par le Conseil d’État, envisageait l’interdiction de toute reproduction, même naturelle : « Était-ce une façon d’aller dans le sens du bien-être animal ? » Jean Leonetti est furax : « J’entends ce discours sur une relance et un argent magiques, mais j’attends quelques précisions. »
Loïc Dombreval :
« Il faut accompagner »
Le député LREM, qui a été le premier parlementaire des Alpes-Maritimes à signer la pétition pour un référendum d’initiative partagée sur le bien-être animal, se trouvait, hier matin, au côté de Barbara Pompili. « Maintenant, il va falloir qu’on accompagne économiquement, financièrement, socialement. »
Il estime que l’on pourra voir les cétacés, à l’avenir, dans un sanctuaire en pleine mer. Où « ils prendront leur retraite dans leur milieu naturel » avec « un soutien massif ou majeur de l’État, éventuellement avec des partenaires privés si c’est utile et s’ils le souhaitent ».
Donc, pas de sanctuaire au delphinarium : « Pour un dauphin ou pour une orque, le bassin, c’est une goutte d’eau. Un peu comme si vous voulez faire des longueurs dans un jacuzzi… »
La fin de Marineland ? « Il faut absolument que les services de l’État aident, je le répète, cette reconversion. Le bien-être des animaux ne peut pas se faire au détriment du bien-être des hommes. Mais cette transition est déjà, forcément, depuis longtemps dans l’esprit des équipes et des actionnaires. La fréquentation a été divisée par deux en quinze ans. »
Idem pour les cirques qui « tirent le diable par la queue », selon Loïc Dombreval qui insiste : « A l’heure de la crise de la biodiversité, on ne met pas un hippopotame dans une baignoire. Ce n’est pas sérieux, ce n’est pas éducatif. »
Marineland deviendra-t-il le plus grand centre de jeux aquatiques en Europe ? C’est une hypothèse. «Jenevoispasdu tout un retour en arrière sur une question aussi importante. » Quant aux cirques, il espère que « les associations les plus radicales » se montreront raisonnables : « On a envie que les spectacles avec animaux cessent le plus tôt possible, mais c’est un grand pas qui a été franchi, tout le monde doit être raisonnable. »
Allain Bougrain-Dubourg : «Unflou»
Le président de la LPO évoque «une avancée de principe formidable » .De principe car « il reste un flou dans la mise en oeuvre » et la crainte d’une « réaction très ferme des intéressés, circassiens ou éleveurs de visons notamment ».
« C’est le ministère de la Transition, mais il ne faudrait pas que cette transition dure trop longtemps », ironise ce défenseur de la cause animale qui regrette que des dossiers importants n’aient pas été abordés. Dont la question, essentielle à ses yeux, de la sensibilité de l’animal, sauvage. En raison de divers lobbyings, ajoute-t-il. « Tout le monde se bouscule en cette veille de Saint-François-d’Assises(1) et c’est heureux pour la cause animale que tout le monde aille dans le même sens », glisse Allain Bougrain-Dubourg. Ne manque que le calendrier, « ce qui n’est pas négligeable ».
1. Saint patron des animaux.