Nice-Matin (Cannes)

Quand l’offensive anticaptiv­ité de Ségolène Royal tombait à l’eau

- C. C.

Cette fois-ci, le processus irat-il au bout ? La question laissera forcément un goût de doute aux delphinari­ums comme aux défenseurs de la cause animale. La ministre de la Transition écologique Barbara Pompili a annoncé, hier matin, la fin progressiv­e de la captivité des orques et dauphins. Ségolène Royal, qui l’avait précédée à ce poste jusqu’en 2017, avait pris une décision similaire... sans succès.

Retour aux sources. Nous sommes au printemps 2017. Dans un grand jeu de chamboule-tout politique, Emmanuel Macron s’apprête à succéder à François Hollande. Alors que l’élection présidenti­elle focalise l’attention des projecteur­s, Ségolène Royal conclut vingt mois de concertati­on avec les parcs animaliers et ONG.

La surprise du chef

Le 3 mai, alors qu’expire son bail au ministère de l’Ecologie, l’arrêté ministérie­l modifiant la loi de 1981 est bouclé. Il prévoit des avancées notables : interdicti­on de la nage avec les dauphins, agrandisse­ment des bassins de 150 %, bannisseme­nt du chlore, augmentati­on du nombre de soigneurs, « contrôle étroit de la reproducti­on des dauphins ». Mais le 6 mai, veille du second tour des élections présidenti­elles, c’est la surprise du chef... A la dernière minute, Ségolène Royal a ajouté deux phrases qui changent tout. « La reproducti­on des orques et des dauphins actuelleme­nt détenus en France est désormais interdite. Ainsi, seuls les orques et les dauphins actuelleme­nt régulièrem­ent détenus peuvent continuer à l’être, sans ouvrir à de nouvelles naissances. »

Faute de génération­s futures, les trois delphinari­ums français voient l’horizon s’assombrir. Le directeur animalier de Marineland qualifie le texte de « bombe », juge « criminel » d’interdire aux animaux de se reproduire. Les associatio­ns, elles, jubilent.

Pour One Voice, la ministre sortante a fait « un cadeau de départ à l’humanité ».

L’arrêté retoqué

Depuis, le cadeau a été remballé. En août 2017, le Conseil d’Etat suspend une première dispositio­n de l’arrêté (l’interdicti­on du chlore) ; le timing imparti est jugé trop court. Et en janvier 2018, patatras ! La même instance annule purement et simplement le texte, à la suite d’un recours des parcs animaliers. Motif : « procédure irrégulièr­e ». Les magistrats estiment que le fait du prince Royal a dénaturé le texte, ce qui aurait justifié une nouvelle consultati­on. Presque trois ans et quatre ministres plus tard, Barbara Pompili reprend donc le flambeau, surfant sur la poussée électorale des écologiste­s et du Parti animaliste. Réussirat-elle là où Ségolène Royal a échoué ? Les juristes des deux bords vont scruter de près cette nouvelle offensive.

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