Covid : couac autour des instruments à vent à l’école
Leur pratique était interdite dans les classes à horaires aménagés du primaire mais pas dans le secondaire et au conservatoire. L’inspection académique vient de donner son feu vert
Jouer de la clarinette, de la trompette, du hautbois et de tout autre instrument à vent est, depuis la rentrée, interdit dans les écoles accueillant des classes à horaire aménagé musique, les Cham comme on les appelle. La pratique des cuivres et des bois a été mise sur la touche. Jugée en dysharmonie avec le protocole sanitaire contre le coronavirus. Tombée à la mi-septembre et applicable aux quatre écoles des Alpes-Maritimes ayant des Cham (Cannes, Grasse, Nice et Valbonne), cette note, émanant de l’inspection académique, a suscité, du côté des familles, stupéfaction et colère. Et cela en mode fortissimo ! Orchestré par les parents d’élèves de l’école Darsonval à Nice, ce concert de protestations a conduit l’inspection académique à revoir, hier, sa partition.
« Note absurde » pour « situation ubuesque »
« Sur quelle étude scientifique se base-t-on pour affirmer qu’en jouant de la clarinette ou de la flûte traversière, le risque de propagation de la Covid-19 serait accru ? Et pourquoi on autorise la pratique des instruments à vent en conservatoire, après 16 h 30, à la fin des classes et on l’interdit avant, pendant les Cham ? », s’étranglent Pierre et Marie parents d’élèves de Darsonval, école élémentaire intégrée au conservatoire régional de Nice(1).
Ce dispositif des Cham permet aux élèves motivés de bénéficier, pendant le temps scolaire, d’une formation musicale dispensée par les professeurs du conservatoire. Et ce, du CE1 au CM2, pour se poursuivre au collège et au lycée. À Darsonval, sur la centaine d’écoliers inscrits en Cham, 29 sont concernés par cette mesure jugée « absurde ».
« Parce que la situation est ubuesque, attaque Pierre. Pourquoi interdire la pratique des instruments à vent à l’école alors qu’elle est autorisée au collège dans les AlpesMaritimes ? Et pourquoi cette interdiction n’a-t-elle pas été reprise par Paris ou Marseille, ville pourtant classée en zone rouge au niveau de la Covid ? » Autre point souligné par les parents de Darsonval : les efforts déployés par le Conservatoire de Nice pour intégrer le protocole sanitaire et les gestes barrières à la pratique instrumentale. « Tous les cours, y compris le chant choral, se jouent en petits effectifs, dans de vastes salles, assure Marie, pour que les élèves gardent leur distance entre eux. »
« Besoin d’un temps d’analyse »
Alors pourquoi cette mise à l’écart des instruments à vent uniquement dans les écoles Cham du département ?
« Dans le secondaire [collège, lycée, ndlr] la directive du ministère est très claire et autorise la pratique des instruments à vent. Concernant le primaire, il n’y avait aucun texte, rien de publié », explique-t-on à l’inspection académique. Qui poursuit : « Selon les préconisations de l’inspecteur de l’enseignement artistique et musical, on avait besoin d’un temps d’évaluation, pour analyser la situation et voir si tout était en conformité avec le protocole sanitaire. »
La décision est tombée hier matin. Et c’est oui à la reprise de la pratique des instruments à vent, à l’école, en Cham. « Avec effet immédiat, toute ambiguïté ayant été levée » indique-t-on à l’inspection académique. Une bonne nouvelle applaudie et saluée, comme il se doit, par les parents et leurs enfants apprentis musiciens. 1. À leur demande, les prénoms ont été changés.