Comment des bars contournent l’obligation de fermeture
Par un tour de passe-passe administratif, l’annonce vendredi de la fermeture des bars et cafés à 22 heures, s’est transformée, lundi, en non-mesure. Une vraie exception azuréenne
La décision d’Olivier Véran de fermer les bars à partir de 22 heures, dans les départements en alerte Covid-19 renforcée s’est transformée, en quelques heures, en nonmesure dans les Alpes-Maritimes. « Absurde effet d’annonce », s’emportait, hier, le maire de Cannes, David Lisnard. « Incohérence qui génère une situation de désordre dans laquelle plus personne n’arrive à suivre », dénonçait de son côté Christian Estrosi, le maire de Nice.
Sur la Côte d’Azur, les derniers lieux de nuit visés par l’interdit d’Olivier Véran pourront, à une toute petite poignée près, rester ouverts jusqu’à minuit et demi. Plus question de tirer le rideau à 22 h dès lors qu’à défaut d’être son activité réelle, la raison sociale du café, d’un pub ou d’un bar de nuit comporte une partie, aussi infime fut-elle, de restauration.
Dans les autres grandes villes visées par un arrêté similaire, le critère retenu est la licence d’exploitation. A Marseille, avant qu’en fin de semaine dernière un « reconfinement » total soit imposé aux bars et aux restaurants, seuls les établissements ne disposant que d’une simple licence IV avaient été contraints à une fermeture anticipée. Ceux ayant une licence grande restauration avaient été épargnés par ce couvre-feu anticovid.
Sous la « saladerie » les mojitos ?
L’exception azuréenne a du coup été saluée par les syndicats de cafetiers, restaurateurs et hôteliers. Mais en coulisse, l’après-midi de lundi, après l’annonce du préfet, a été consacré à des fouilles quasi... archéologiques dans les archives de chaque bar, pub ou café. Opération : à la recherche du Kbis perdu : « On ne
(1) savait plus trop comment, il y a parfois dix ou quinze ans, on avait défini notre activité, raconte un rescapé de l’arrêté préfectoral. Or, on venait d’apprendre que, même si tu ne proposes que des cacahuètes ou si à partir de 22 h tu ne sers plus que des coups à boire, il suffisait d’avoir déclaré “saladerie”, “crêperie” ou autre dans le descriptif d’activité et tu pouvais rester ouvert. »
Un des plus gros bars de nuit de la Côte a ainsi pu passer entre les mailles de l’arrêté ministériel grâce à l’activité « saladerie » qu’il avait déclaré il y a près de dix ans au tribunal de commerce ! 1. Document officiel qui valide l’existence juridique d’une société et qui donne les informations relatives à sa personnalité morale (capital social, forme juridique, noms des dirigeants, adresse du siège...).