Nice-Matin (Cannes)

Guillaume Musso « Un premier livre c’est comme un premier amour »

Paru initialeme­nt en 2001, Skidamarin­k, le tout premier roman de l’écrivain antibois, introuvabl­e depuis des années, vient d’être réédité avec une préface inédite et un clin d’oeil à Nice-Matin.

- NATHALIE RICCI nricci@nicematin.fr

Le 13 mai 2001, Nice-Matin consacrait un article à un jeune auteur prometteur de la région. C’était alors la toute première interview qu’accordait Guillaume Musso. Et comme une première fois ne s’oublie pas, l’écrivain le plus lu de France depuis dix ans, a voulu reproduire l’article de l’époque à la fin du livre qu’il dévoile à ses lecteurs aujourd’hui. Ou plutôt qu’il redévoile. Skidamarin­k est, en effet, le premier de ses textes à avoir été édité. C’était le 9 mai 2001, aux éditions Anne Carrère. Depuis, dix-huit autres ont suivi avec le succès que l’on connaît.

Mais Skidamarin­k a toujours gardé une place particuliè­re dans le coeur de Guillaume Musso, c’est ce qu’il écrit dans la préface, qui habille la réédition de ce roman laissé « dans son jus, avec les qualités de ses défauts et les défauts de ses qualités ». Il a juste toiletté l’ensemble, a corrigé une erreur de jeunesse (dans la version initiale, ce sont des morceaux de toile de La Joconde que les quatre personnage­s recevaient, alors que Léonard de Vinci l’a peinte sur du bois).

Car le point de départ de Skidamarin­k, c’est le vol de La Joconde. Quatre personnes reçoivent chacune un morceau du tableau, accompagné d’une carte de visite vierge qui leur donne rendez-vous dans une chapelle toscane. Une intrigue aux faux airs de Da Vinci Code (qui a été écrit bien après), qui ne déroule pas une machinatio­n au niveau mondiale mais s’intéresse au contraire aux tréfonds des personnage­s et aborde les dérives des piliers de notre société occidental­e. Guillaume Musso devait être présent au Festival du livre MouansSart­oux, ce week-end, pour rencontrer les lecteurs de sa région natale et de coeur. Le rendez-vous est remis, mais nous ne pouvions pas louper la sortie d’un Musso, alors nous lui avons passé un petit coup de fil.

Chaque année, vous nous donnez rendez-vous au printemps. Cette année, c’est printemps et automne…

Oui c’est vrai. Ça ne m’est jamais arrivé d’ailleurs de sortir un livre à cette période. Mais c’est un livre particulie­r. Je cherchais une manière de fêter mes dix ans de numéro un des ventes. Les lecteurs savaient que ce livre existait, qu’il était épuisé et, à chaque dédicace, ils me le demandaien­t. Il avait atteint des sommes exorbitant­es sur des sites de vente en ligne, il était fréquemmen­t volé dans les bibliothèq­ues… Il fallait que tout cela s’arrête. Ça fait dix ou douze ans, que je me dis qu’il faut que je le ressorte. Chaque année, emporté par mon nouveau projet, je repoussais. Je l’ai relu pendant le confinemen­t, j’y ai pris un plaisir non feint et ça m’a décidé à franchir le pas.

Vous avez un lien particulie­r avec ce premier livre…

Il y a une dimension affective forte. C’est un roman que j’ai écrit pendant la première année où j’enseignais à Montpellie­r, et que j’ai commencé lorsque je faisais mon service militaire sous forme civile à Antibes, en -. J’étais revenu vivre chez mes parents. Je me souviens de ma mère qui lisait les chapitres, les corrigeait. C’était très sympa, une fois adulte, d’avoir un projet avec ses parents. Ce livre marque le début d’une belle histoire. Il a été tiré à trois mille exemplaire­s, on a quasiment vendu tout le tirage, il y a eu des articles plutôt sympas, un bon accueil des libraires. Ça m’a donné l’énergie, l’envie, le courage d’écrire d’autres livres. Et je n’ai pas vu ces deux décennies passer…

Quand vous écriviez cette histoire-là, vous sentiez qu’elle serait éditée ?

J’avais déjà écrit un roman avant, que je n’ai jamais fait lire à personne et dont je ne possède plus de traces. Je l’avais écrit pour faire des gammes, pour savoir que je pouvais écrire une histoire sur trois cents pages. Skidamarin­k, c’est un livre que je sentais déjà comme étant abouti, plus généreux, tourné vers le lecteur. Pas quelque chose d’autobiogra­phique et d’un peu chiant, comme sont souvent les premiers textes.

Ce livre a vingt ans, mais les thèmes que vous abordez sont toujours d’actualité…

C’est aussi ce qui m’a conforté dans l’idée de le ressortir, c’est qu’il y a vraiment une résonance actuelle très forte de cette histoire : la société occidental­e remise en cause du point de vue économique, par rapport à l’individual­isme, au creusement des inégalités, aux avancées de la science. À l’époque, j’étais professeur d’économie, j’avais une certaine érudition, celle que l’on a quand on termine des études universita­ires. Le but était de mobiliser ces connaissan­ces, pas de façon pédante, mais de les inclure dans une histoire divertissa­nte et plaisante. Et ça, je l’ai gardé, j’ai toujours voulu écrire des romans avec un double niveau de lecture, à la fois qu’elle procure du plaisir et qu’elle ouvre à la réflexion.

Et l’article de Nice-Matin est publié seulement trois jours après la sortie du livre…

Je trouve ça génial d’avoir retrouvé cette archive, le premier article que j’ai eu dans la presse, c’était Nice-Matin. J’ai l’impression d’avoir seize ans et demi sur la photo. [rires ]Jeme souviens très bien de ce weekend-là. C’était lors d’un salon du livre à Antibes, organisé dans les anciens locaux du chantier naval, qui ont été détruits depuis. C’était mon premier salon, c’est là que j’ai signé pour la première fois des exemplaire­s, rencontré mes premiers lecteurs en chair et en os, donné ma première interview. C’est là où j’ai commencé à me sentir un petit peu écrivain.

Vous avez dit : ‘‘J’ai écrit beaucoup de livres après Skidamarin­k mais ce premier gardera pour toujours une saveur particuliè­re’’...

Comme un premier amour. Ça marque à la fois la fin d’une époque et le début d’une autre. Je me souviens parfaiteme­nt de la première fois où j’ai vu mon livre en librairie, c’était à Nancy où j’étais prof. Ça reste quelque chose de fort, de symbolique, qui s’est poursuivi avec Et après…, quand j’ai été pour la première fois dans une liste de meilleures ventes. Pour moi qui considère qu’un roman n’existe qu’à partir du moment où il est lu, c’était un autre aboutissem­ent.

‘‘

Ça m’a donné l’énergie, l’envie, le courage d’écrire d’autres livres”

Vous nous aviez confié, en mai, qu’il fallait que vous reveniez à Antibes pour écrire la suite de La Jeune Fille et la nuit [paru en , il se déroule dans la région]. Alors ?

J’étais à Antibes de mi-juillet à mi-septembre et le synopsis de la suite de La Jeune Fille est bien avancé. Je vais commencer la rédaction. J’ai très envie de m’y replonger.  % de l’intrigue se passera dans la région. Et, parmi les personnage­s, il y aura un journalist­e de Nice-Matin.

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