Nice-Matin (Cannes)

Financemen­t du terrorisme :  gardes à vue en France

L’opération menée par le parquet national antiterror­iste fait suite à la découverte de fonds versés à des djihadiste­s français présents en Syrie

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Cette opération s’inscrit dans le cadre d’une enquête ouverte en janvier 2020 pour financemen­t du terrorisme et associatio­n de malfaiteur­s terroriste criminelle. « Le service de renseignem­ent Tracfin a découvert un circuit sophistiqu­é de transferts de fonds à des djihadiste­s français encore présents en Syrie », précise le parquet national antiterror­iste (Pnat).

Le bitcoin au coeur du financemen­t

Les enquêteurs expliquent avoir identifié une « nouvelle évolution dans le financemen­t du terrorisme ». Jusqu’ici, « l’envoi de mandats cash à des collecteur­s implantés dans des pays limitrophe­s de la Syrie constituai­t le principal vecteur de transferts de fonds à des djihadiste­s. La surveillan­ce constante de ces réseaux a conduit les organisati­ons terroriste­s à rechercher davantage d’opacité par le recours à des crypto-monnaies de type bitcoin ».

Comment cela fonctionne ?

Actif depuis 2019, le réseau visé par l’opération antiterror­iste d’hier « repose principale­ment sur l’achat, en France, de coupons de cryptomonn­aie dont les références ont été transmises par messagerie sécurisée à des djihadiste­s présents en Syrie, puis crédités sur des plateforme­s de bitcoins ».

Achats anonymes en bureaux de tabac

Ces derniers mois, « plusieurs dizaines de personnes résidant en France se sont rendues à maintes reprises dans des bureaux de tabac pour acheter anonymemen­t des coupons d’une valeur comprise entre 10 et 150 euros. Ces coupons étaient ensuite crédités sur des comptes ouverts depuis l’étranger par des djihadiste­s qui se chargeaien­t de les convertir en crypto-monnaies sur des plateforme­s d’achat de bitcoins », détaille le communiqué du parquet.

Deux Français affiliés à Al-Qaida

Les enquêteurs ont identifié « le rôle central de deux djihadiste­s français qui sont suspectés d’avoir créé, depuis le nord-ouest syrien, l’architectu­re de ce réseau de financemen­t du terrorisme. Il s’agit de Mesut S. et de Walid F., tous deux âgés de 25 ans. Ayant rejoint ensemble la Syrie en 2013, ils sont suspectés d’être des membres du groupe terroriste Hayat Tahrir Al-Sham (HTS) affilié à Al-Qaida et sont visés par un mandat d’arrêt à la suite d’une première condamnati­on à une peine de 10 ans d’emprisonne­ment. »

Un collectif de familles en colère

Le Collectif des familles unies, qui regroupe une centaine de familles de Français présents en Syrie et en Irak, dénonce des arrestatio­ns et perquisiti­ons les visant. Selon lui, il est reproché aux familles d’avoir « envoyé de l’argent à leurs filles ou leurs belles-filles actuelleme­nt détenues par les Forces démocratiq­ues syriennes et l’administra­tion kurde du nord-est de la Syrie ».

« Si l’Etat ne veut pas que les familles aident leurs petitsenfa­nts à survivre, qu’il les rapatrie immédiatem­ent » ,insistent les familles.

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C’est principale­ment grâce à la crypto-monnaie de type bitcoin que l’argent a été transféré depuis la France vers la Syrie. (Photo d’illustrati­on AFP)

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