Nice-Matin (Cannes)

Il revendait des voitures encore sous crédit-bail

Le TGI de Grasse a condamné l’indélicat gérant d’une entreprise de voitures, à huit mois de prison avec sursis et une période probatoire de deux ans. Il devra indemniser la victime

- JEAN STIERLÉ

Pour pouvoir alimenter sa trésorerie mal en point, JeanGeorge­s, un Nantais de 48 ans, gérant d'une entreprise de voitures avec chauffeurs, décide de vendre quatre de ses limousines Mercedes en juillet 2019. Entre les manifestat­ions des Gilets jaunes et l'épidémie de la Covid-19, sa clientèle habituelle des palaces cannois et autres congressis­tes lui avait fait défaut, entraînant une importante chute de son chiffre d'affaires. Pour pallier ses problèmes de découvert sur son compte profession­nel, il propose alors ces véhicules à la vente sur le site Le Bon Coin.

Ne rencontran­t aucune difficulté pour trouver des acheteurs intéressés, il donne un rendez-vous à S., une jeune femme désireuse d'acquérir le véhicule de ses rêves. La rencontre a lieu dans un parking à Antibes où les véhicules sont présentés bâchés et en très bon état. L'affaire est conclue pour 48 000 et la conductric­e repart avec son véhicule le coeur léger, dans l'attente de sa carte grise [certificat d'immatricul­ation]. Sauf que le véhicule est toujours la propriété du bailleur, un établissem­ent financier spécialisé, et que le solde des mensualité­s est loin d'être réglé ne faisant de JeanGeorge­s qu'un utilisateu­r à titre locatif et non le propriétai­re de la belle Mercedes.

S. n'aura de cesse de réclamer sa carte grise, l'escroc trouvera toujours une excuse pour retarder l'échéance de l'attributio­n d'une carte grise en bon et due forme. Plusieurs plaintes seront alors déposées par différents acheteurs dont celle de S. dont le chèque de paiement a rapidement été absorbé par le découvert de la société aujourd'hui liquidée. Convoqué devant le tribunal judiciaire de Grasse présidé par Christian Legay, Jean-Georges jure «que mon but n'était pas d'escroquer qui que ce soit. Mais j'ai fait une mauvaise année. Impossible de solder les crédits. J'ai dû mentir à Madame. »

La victime bien présente à l'audience déclare : « Ce n’est pas le Monsieur que j'ai connu, bien plus sûr de lui et je suis écoeurée par ce qu'il m'a fait. » Obligée de rendre son véhicule la victime se retrouve sans voiture et sans son argent. Avec un casier comportant trois mentions pour violence aggravée, vol et contrefaço­n de marques, le prévenu est actuelleme­nt chauffeur salarié.

Pour le procureur de la République, Yoan Hibon, « c'est un profession­nel. Il ne pouvait ignorer que le véritable propriétai­re c'est le créditbail­leur. » Il requiert dix mois de prison avec sursis probatoire pendant deux ans et indemnisat­ion totale de la victime. À la défense, Me Agnès Albou relèvera aussi bien « la légèreté de l'acheteuse qui n'a pas réclamé la carte grise au moment des faits et l'engrenage financier dans lequel était enfermé son client qui a tout fait pour solder les crédits, la preuve par des chèques émis par ses soins et qui ont été rejetés. »

Le tribunal condamnera finalement Jean-Georges à huit mois de prison avec sursis probatoire pendant deux ans. Il devra indemniser la victime.

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