Nice-Matin (Cannes)

Dialogue absolu entre deux solitudes à Antibéa

La compagnie cagnoise Grain de scène propose sa création Hors contrôle sur les planches à partir de vendredi. Une comédie dramatique où deux âmes se rencontren­t

- PROPOS RECUELLIS PAR MARGOT DASQUE mdasque@nicematin.fr

Si tout semble les opposer, pourquoi ne pas les confronter ? Derrière les carapaces se murent des silences qui en disent long. Parce que l’amour ne peut qu’être protéiform­e, la compagnie cagnoise Grain de scène propose une idylle bien loin des clichés. Avec Hors contrôle, Didier Beaumont et Danielle Di Sandro interprète­nt un couple aussi éphémère qu’absolu. Avec, en filigrane, une troisième présence sur le plateau… Une création récompensé­e par de nombreux prix louant l’équilibre de cette comédie dramatique. Un cocon à la scénograph­ie épurée que les spectateur­s du théâtre Antibéa découvriro­nt dès vendredi.

Comment est née cette création ?

Au départ, l’idée repose sur l’envie de de parler d’un thème concernant pour les spectateur­s. Ici, la solitude en général. Un phénomène de plus en plus important dans notre société. J’ai donc créé deux personnage­s qui sont seuls dans la vie, mais de manière différente. En se rencontran­t, ils vont confronter leur solitude. Cela va déboucher sur une histoire d’amour aussi belle que furtive. Quand on est plongé dans une solitude depuis longtemps est-ce qu’il y a encore de l’espoir pour en sortir ?

Vous apportez des réponses à ces interrogat­ions ?

Surtout pas ! C’est au spectateur de les trouver. Je donne rarement des réponses dans les pièces. J’ouvre la réflexion.

Qui sont ces deux personnage­s ?

Il y a Claire. Elle est inspectric­e des impôts, divorcée depuis très longtemps. Elle a été mariée une fois. Depuis elle n’a jamais refait sa vie. Parce qu’elle s’est réfugiée dans son travail. Sauf que lorsque l’on fait son métier, ce n’est pas évident de rencontrer des gens pour les séduire… Eh oui, on fait peur ! Alors voilà c’est une vieille fille qui a la cinquantai­ne, parle à son chat et ses plantes et passe le week-end sous la couette à regarder Michel Drucker. Elle paraît très coincée mais tout cela n’est qu’un masque qui va tomber.

Elle est avant tout seule par obligation. Parce qu’elle n’a jamais réussi à trouver quelqu’un.

Et Alexandre ?

Il est patron d’une PME de dix employés. On est en pleine crise économique, sa boîte est en train de sombrer. Sa femme l’a quitté dès que les premiers nuages sont arrivés, ses amis ont fui, il porte malheur. Lui, il a choisi de vivre son isolement. Il part comme un capitaine qui va sombrer avec son navire. Pour accélérer le processus, il boit à longueur de journée, il développe une sorte de phobie administra­tive, il n’en a plus rien à faire de rien du tout. Il ne répond à rien, il vit presque comme un clochard dans son bureau.

Comment vont-ils se rencontrer ?

Un contrôle fiscal lui tombe sur le coin du nez. Le problème c’est que Claire a l’habitude que son autorité s’impose partout. Sauf que là elle va tomber sur un client différent qui n’en a plus rien à faire de rien du tout de la vie. Il va lui faire perdre les pédales et elle se retrouve complèteme­nt déstabilis­ée. Là, son masque va tomber, n va voir apparaître sa vraie personnali­té. Le phénomène va se faire inverse chez Alexandre qui petit à petit va être attendri par cette fille.

La solitude, c’est quelque chose qui vous effraie ?

Non. Quand on la subit c’est qu’on le veut bien. Souvent c’est aussi parce que l’on a été blessé. Mais quand on commence à souffrir de la solitude, il suffit d’aller vers les autres.

Horscontrô­le,vendrediet­samedià20 h 30,dimanche à 16 heures, au théâtre Antibéa, 15 rue GeorgesCle­menceau à Antibes. Tarifs : 14 à 16 euros. Rens. 04.93.34.24.30.

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(DR) La compagnie cagnoise monte sur les planches antiboises vendredi.

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