Nice-Matin (Cannes)

OVNI(s) en vue

Présentée en avant-première à CanneSérie­s, cette création qui mêle burlesque et paranormal­e sortira en 2021 sur Canal + avec Melvil Poupaud et Géraldine Pailhas

- MATHIEU FAURE mfaure@nicematin.fr

De toutes les créations originales que Canal + va diffuser durant cette saison 2020-2021, OVNI (s) porte très bien son nom. Présentée en avant-première lors de CanneSérie­s, la création de Clémence Dargent et Martin Douaire devrait atterrir sur nos écrans début 2021. Une série atypique dont les deux têtes d’affiche, Melvil Poupaud (Grâce à Dieu) et Géraldine Pailhas (Les randonneur­s), étaient présentes sur la Croisette, dimanche. Sous la direction d’Antony Cordier, à qui on doit Douches froides et Gaspard va au mariage ,onvase retrouver en pleine année 1978 lors de la création du GEPAN (Groupe d’études et d’informatio­ns sur les phénomènes aérospatia­ux non identifiés),

‘‘ un bureau qui dépend du CNES, le Centre national d’études spatiales, à une époque où on voyait beaucoup d’ovnis. Ce bureau a existé et existe encore. C’est au travers du personnage fictif de Didier Mathure, brillant ingénieur spatial interprété par Melvil Poupaud, que l’on va se lancer dans la série. Mathure voit son rêve partir en fumée quand sa fusée explose au décollage. En « punition », il se retrouve muté à la tête du GEPAN et doit, lui, le cartésien, gérer cette bande de fous tout en cohabitant avec son ex-femme, elle aussi ingénieure spatiale et jouée par Géraldine Pailhas. Une série qui s’attaque à un sujet plutôt rare dans la création française : le paranormal. « Je n’avais pas le sentiment que qui que ce soit ait osé se lancer dans un défi pareil, détaille Géraldine Pailhas. Ce projet m’a atterri dans les mains alors que ça n’était pas prévu, je devais m’engager en 24 heures et ça m’a plu. Les planètes étaient alignées en fait. »

Une opération séduction qui a également eu raison de Melvil Poupaud : « J’ai trouvé ça très drôle, très bien écrit. Qu’il y avait un mélange de burlesque et de palpitant, un côté enquête, film d’espionnage, complot, que tous ces registres se mélangeaie­nt très bien ».

Un couple de scientifiq­ues réunis et dirigés à l’écran par Antony Cordier. Le réalisateu­r, qui n’était pas tenté par l’univers de la série télé, s’est finalement retrouvé au coeur de la soucoupe spatiale OVNI (s). « Le ton m’a plu, plus que le sujet. On est sur du paranormal poétique. Je n’avais pas dans l’idée de faire une série mais intellectu­ellement c’était excitant ».

Il a donc fallu créer un univers, raconter une époque - – 1978 – sans en faire trop. Pour Géraldine Pailhas, ce voyage dans le temps n’est « pas une nostalgie ni une moquerie ou encore moins une satire, il y a une forme de tendresse envers une époque révolue. »

Du côté de Melvil Poupaud, cette plongée dans les souvenirs d’enfance s’apparente à une Madeleine de Proust. « Rien n’est exagéré, ce n’est pas une parodie des années soixante-dix. Sur le tournage, c’était bluffant de réalisme. Je trouvais que ça n’avait pas tellement changé, notamment le téléphone avec un cadre, alors que les acteurs plus jeunes n’y comprenaie­nt rien » . Pour le réalisateu­r, Antony Cordier, la prouesse était de faire de 1978 un voyage nostalgiqu­e. « On s’est replongé dans les albums de famille pour voir comment étaient habillés nos parents, comment était le papier peint. On y est allé mollo sur la couleur orange, sur les cols pelle à tarte. Il ne fallait pas faire rire avec l’époque mais la rendre attachante, notamment avec les objets ».

Mission réussie.

La série, qui mêle l’univers de

La troisième édition de CanneSérie­s s’arrête ce soir avec, en guise de bouquet final, la diffusion en avantpremi­ère des premiers épisodes de la quatrième et dernière saison de Dix pour cent dont la diffusion commencera le 21 octobre sur France 2. Qui dit cérémonie de clôture dit remise de prix. Ça tombe bien, le festival cannois en a neuf à remettre : meilleure série, meilleure série courte, meilleure interpréta­tion, Prix spécial d’interpréta­tion, meilleur scénario, meilleure musique, prix série courte, prix du public et prix des lycéens. Il est sans doute plus difficile de récompense­r une série dont on a

XFiles

au ton d’Au service de la France, navigue parfaiteme­nt entre phénomènes paranormau­x crédibles et une forme de légèreté. « C’est très amusant de se prendre très, très, très

‘‘ au sérieux pour raconter des trucs très, très, très cons. La série passe son temps à mêler des esprits cartésiens à des « je crois », « j’ai entendu », « j’ai vu », embraye Géraldine Pailhas. C’est important de retrouver une forme de légèreté. Je ne suis pas fascinée par le paranormal mais j’ai toujours aimé le cinéma et la littératur­e de genre comme HG Wells mais aussi David Cronenberg et Stanley Kubrick. J’aime que les films de science-fiction aient une dimension philosophi­que comme Solaris d’Andreï Tarkovski ».

Une création qui, pour être la plus crédible possible, a dû s’appuyer sur des choses concrètes. «On s’est appuyé sur Mindhunter de David Fincher, qui ne traite pas du même sujet, mais qui installait un bureau un peu nouveau dans une certaine époque. Comment on filmait un bureau pour que ça raconte une histoire, comment on traite l’époque », détaille Cordier. Le casting, lui, s’est fait assez facilement. seulement vu deux ou trois épisodes qu’un film en entier. Pour autant, depuis samedi, certaines séries ont marqué les esprits. De notre côté, on a placé la création israélienn­e Losing Alice, un thriller à la fois sombre et érotique avec la bouleversa­nte Ayelet Zurer (notre photo) en tête d’affiche.

Parmi les très bonnes surprises, la série finlandais­e Man in the room 301 qui oscille entre la froideur de la Finlande et le soleil grec pour résoudre un crime de famille douze ans après les faits. Partisan, une création suédoise sur une secte écolo est également assez novatrice. Atlantic Crossing, « Il y avait beaucoup de rôles à distribuer, Michel Vuillermoz, par exemple, c’était l’évidence, notamment par son côté capitaine Haddock ».

Mais c’est surtout le couple Pailhais-Poupaud qui fonctionne. « J’adorais l’idée que l’on pouvait être chien et chat à l’écran », assure la comédienne. « Ça a tout de suite fonctionné, ce côté ping-pong façon comédie du mariage qui marche bien, ces couples qui se séparent et qui essaient de recoller les morceaux », conclut Poupaud.

Les abonnés de Canal + auront la chance de découvrir cette création de douze épisodes en janvier prochain.

Une saison deux dans les tuyaux ? « On nous demande de se tenir déjà prêt pour la suite si la série trouve son public », précise Cordier.

Sur les trois premiers épisodes vus à CanneSérie­s, il n’y a pas de raison que cette OVNI(s) ne trouve pas ses fans.

Qu’ils soient amateurs d’ufologie ou juste d’une bonne barre de rire.

Se prendre très au sérieux pour raconter des trucs très cons”

On s’est appuyé sur Mindhunter de David Fincher”

sorte de The Crown norvégien avec Kyle MacLachlan (Twin Peaks) a également ce petit quelque chose en plus.

Enfin mention spéciale à Truth Seekers du duo Simon Pegg-Nick Frost qui a réussi à faire de losers programmés une série à la fois humaine et barrée. Du côté des Français, la série Molloch avec Olivier Gourmet débarquera le 22 octobre sur Arte et tient toutes ses promesses. Quant à Cheyenne et Lola, qui arrivera sur OCS en novembre, les premiers épisodes confirme que ce Thelma et Louise des temps modernes à de quoi trouver son public.

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