Nice-Matin (Cannes)

Un maître du street art dans la ville

Ses « visages burinés » ont fait le tour du monde : Lisbonne, Los Angeles, Pékin... L’espace, même ! L’artiste portugais s’attaque à la cité des parfums

- PASCAL FIANDINO pfiandino@nicematin.fr

Comme son illustre confrère, Banksy, chevalier fantôme du street art – aux côtés duquel il affichait l’une de ses oeuvres lors du Cans Festival de Londres en 2008 – il est une icône inconnue. Qui fuit, avec force, les sollicitat­ions médiatique­s. Force que l’on retrouve dans ses visages – célèbres, parfois, anonymes, surtout – burinés sur les murs. Question de caractère ; mais aussi parce qu’ils parlent à sa place. Et apposent la griffe VHILS partout sur le globe. Depuis sa première exposition en 2007 à Lisbonne, tout près de sa ville natale de Seixal, l’artiste portugais de 33 ans (Alexandre Farto dans le civil) a imposé son projet « Scratching the Surface » dans les plus grandes mégalopole­s : Pékin, Los Angeles, Shanghai, Rio de Janeiro, Sidney, Paris, Londres...

Il a même flotté dans l’espace, avec son portrait de l’astronaute danois Andreas Mogensen, mis en orbite dans la station spatiale internatio­nale en 2015. Son dernier site d’atterrissa­ge ? Grasse et le quartier du Rouachier !

« Fasciné » par le coeur historique de la ville

Un lieu en pleine mutation, avec sa médiathèqu­e Charles-Nègre et ses places mitoyennes, attendues en mars. Dans ce contexte, le choix de VHILS s’imposait « comme une évidence » au maire, Jérôme Viaud, désireux de faire de « l’art et la culture un outil de revitalisa­tion, dans un quartier historique longtemps à l’abandon. » Une scène qui colle au projet du street artiste, qui frappe l’oeil et l’imaginaire. Qui offre une vie nouvelle à ces vieilles façades, vestiges d’époques révolues, abandonnée­s en pleine lumière. VHILS, c’est une destructio­n créative, qui creuse les méandres de la mémoire. Depuis mardi, le maître est à l’oeuvre, sur l’un des pans d’immeuble de la place du Rouachier...

«Surpris » par la démarche grassoise, il a longtemps mûri sa réflexion. A observé et découvert « une si belle ville » ,été « fasciné par son coeur historique, son charme, son potentiel. » Chanceux que nous sommes, il nous a même exposé sa démarche : « J’aime appréhende­r l’art comme un moyen d’amener les gens, d’ici et d’ailleurs, à fréquenter un lieu. Créer un dialogue avec le visiteur, envisager un vieux mur d’une manière nouvelle. Cette place correspond parfaiteme­nt. En ces temps de pandémie, travailler dans l’espace public est plus important que jamais, pour nous aider à conserver notre bien-être mental. »

Samedi, Charles Nègre ressuscité au Rouachier

Le premier temps, c’est celui «du repérage, de l’étude de la perspectiv­e, de la profondeur » ; effectivem­ent, on parle là d’une oeuvre de plusieurs mètres, de haut comme de large. Voir, aussi, «ce qu’il y a derrière le mur. » La sculpture en bas-relief vient ensuite.

Avec les quatre membres de son équipe, il s’affaire jour et nuit ; un travail d’orfèvre, de dentellier, au marteau-piqueur et au burin. Pour faire réapparaît­re, dans ce quartier où il est né, le visage de Charles Nègre, peintre devenu photograph­e.

Une oeuvre(1) qui, si les éléments s’accordent, sera dévoilée ce samedi matin. Elle transforme­ra radicaleme­nt une façade décrépie, qu’il n’a surtout pas souhaité blanchir en amont. « Ça va être spécial » prévient ainsi VHILS. Et transcenda­nt, forcement...

 ??  ??
 ?? (Photos Smart B, José Pando Lucas, Alexandre Farto et DR) ??
(Photos Smart B, José Pando Lucas, Alexandre Farto et DR)
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ?? Le talent de l’artiste multifacet­te de  ans (ci-dessus) a également été repéré par le groupe U, qui lui a demandé en  de réaliser le clip de sa chanson Raised by wolves.
Le talent de l’artiste multifacet­te de  ans (ci-dessus) a également été repéré par le groupe U, qui lui a demandé en  de réaliser le clip de sa chanson Raised by wolves.

Newspapers in French

Newspapers from France