« Il faut être très prudent sur le bilan des victimes »
Le procureur de la République de Nice a fait le point sur l’enquête liée à la tempête Alex, hier, aux côtés des gendarmes. Le bilan de 5 corps identifiés s’annonce bien plus lourd... et incertain
Il a laissé passer la tempête et la phase d’urgence, avant de dresser un premier bilan. Le procureur de la République de Nice, Xavier Bonhomme, a évoqué hier les effets judiciaires des ravages d’Alex dans les Alpes-Maritimes. Cinq victimes ont été identifiées. Mais le bilan final de cette enquête pour « recherche des causes de la mort » et « recherche des causes de la disparition », pourrait être bien plus lourd. Voici sept points à retenir.
victimes identifiées
Le procureur prévient : le bilan impose « une extrême prudence ». Àce jour, cinq corps ont été identifiés : « Nous avons la certitude qu’il s’agit de décès consécutifs à la tempête. » La Vésubie paie le plus lourd tribut, avec quatre décès confirmés : le capitaine des pompiers Kohlhuber, emporté à La Bollène ; un couple piégé dans une voiture à Saint-Martin-Vésubie ; un habitant du même village retrouvé à Lantosque. Le corps d’un homme disparu à Breilsur-Roya dérivait au large de Nice. Leurs dépouilles ont été rendues aux familles.
En tout, sept corps ont été retrouvés. « Pour deux autres corps, nous avons un doute », explique Xavier Bonhomme. Analyses et autopsies tentent d’établir s’il s’agit de victimes d’Alex ou de sépultures provenant des cimetières dévastés.
disparus, corps retrouvés en Italie
Par ailleurs, le parquet de Nice est saisi de 13 disparitions inquiétantes : 8 dans la Vésubie, 5 dans la Roya. Et 7 corps ont été découverts en Italie. Mais Xavier Bonhomme n’a « pas la certitude que ces sept corps proviennent de chez nous. Ni que ces corps proviennent de la tempête ». D’autant que l’Italie déplore, elle aussi, des victimes. Ce bilan potentiel « d’une trentaine de corps » n’est donc « pas figé ».
Une situation inédite
« Nous sommes en présence d’un événement totalement hors norme. »
Xavier Bonhomme martèle cette expression à plusieurs reprises. À cette « tempête exceptionnelle » s’ajoute une problématique « qu’on n’avait pas imaginée, car c’était difficilement imaginable : que deux cimetières allaient être totalement dévastés ». Ceux de Saint-Martin-Vésubie et Saint-Dalmas-de-Tende comptaient près de 400 tombes. « La totalité a été dévastée et déplacée dans les vallées. Ce qui complexifie considérablement la tâche des enquêteurs. » Selon les éléments transmis au procureur, « c’est la première fois qu’un cimetière était aussi lourdement endommagé ».
Le temps contre eux
« On n’a jamais connu ce genre de situation », confirme le colonel Nicolas Thiburce, de l’IRCGN (institut de recherche criminelle de la gendarmerie). Le délicat travail de « distinguo » entre victimes et sépultures est inédit. Et compliqué, surtout en milieu aquatique. « Le temps qui passe ne nous aide pas », selon le procureur. Les analyses ADN, digitales et odontologiques n’offrent aucune garantie d’identifier des victimes. Hier, le colonel Thiburce estimait : « Nous avons peut-être 48 heures devant nous. Et encore... »
Enquête hors norme
Des moyens considérables ont été déployés. 130 à 140 gendarmes mobilisés sur chaque grande vallée. 400 militaires en renfort. Une cellule de huit enquêteurs chargée d’orienter les recherches. Tel est le dispositif décrit par le lieutenant-colonel Cochois, du groupement départemental de gendarmerie des A.-M., pour un « bassin de trois vallées avec 8000 personnes et 1000 km2 de zones en eau ».
Soutien psychologique
« Hors norme », l’affaire l’est aussi « car il a fallu mettre en place des mesures de soutien pour les victimes et les ayants droit », explique le procureur. L’association Montjoye assure soutien psychologique et conseils. « Plusieurs centaines de personnes ont été reçues ». La délégation interministérielle à l’aide aux victimes est mobilisée aussi. Comme en 2016 après l’attentat de Nice.
Pas de pillage signalé
Des pillages ont-ils été signalés dans les habitations dévastées ? Non, assure le procureur. « Aucune procédure de cette nature-là ne nous est remontée. On est souvent sur de la rumeur. Si c’était le cas, nous serions d’une fermeté exemplaire. »