Nice-Matin (Cannes)

« Il faut être très prudent sur le bilan des victimes »

Le procureur de la République de Nice a fait le point sur l’enquête liée à la tempête Alex, hier, aux côtés des gendarmes. Le bilan de 5 corps identifiés s’annonce bien plus lourd... et incertain

- CHRISTOPHE CIRONE ccirone@nicematin.fr

Il a laissé passer la tempête et la phase d’urgence, avant de dresser un premier bilan. Le procureur de la République de Nice, Xavier Bonhomme, a évoqué hier les effets judiciaire­s des ravages d’Alex dans les Alpes-Maritimes. Cinq victimes ont été identifiée­s. Mais le bilan final de cette enquête pour « recherche des causes de la mort » et « recherche des causes de la disparitio­n », pourrait être bien plus lourd. Voici sept points à retenir.

 victimes identifiée­s

Le procureur prévient : le bilan impose « une extrême prudence ». Àce jour, cinq corps ont été identifiés : « Nous avons la certitude qu’il s’agit de décès consécutif­s à la tempête. » La Vésubie paie le plus lourd tribut, avec quatre décès confirmés : le capitaine des pompiers Kohlhuber, emporté à La Bollène ; un couple piégé dans une voiture à Saint-Martin-Vésubie ; un habitant du même village retrouvé à Lantosque. Le corps d’un homme disparu à Breilsur-Roya dérivait au large de Nice. Leurs dépouilles ont été rendues aux familles.

En tout, sept corps ont été retrouvés. « Pour deux autres corps, nous avons un doute », explique Xavier Bonhomme. Analyses et autopsies tentent d’établir s’il s’agit de victimes d’Alex ou de sépultures provenant des cimetières dévastés.

  disparus,  corps retrouvés en Italie

Par ailleurs, le parquet de Nice est saisi de 13 disparitio­ns inquiétant­es : 8 dans la Vésubie, 5 dans la Roya. Et 7 corps ont été découverts en Italie. Mais Xavier Bonhomme n’a « pas la certitude que ces sept corps proviennen­t de chez nous. Ni que ces corps proviennen­t de la tempête ». D’autant que l’Italie déplore, elle aussi, des victimes. Ce bilan potentiel « d’une trentaine de corps » n’est donc « pas figé ».

Une situation inédite

« Nous sommes en présence d’un événement totalement hors norme. »

Xavier Bonhomme martèle cette expression à plusieurs reprises. À cette « tempête exceptionn­elle » s’ajoute une problémati­que « qu’on n’avait pas imaginée, car c’était difficilem­ent imaginable : que deux cimetières allaient être totalement dévastés ». Ceux de Saint-Martin-Vésubie et Saint-Dalmas-de-Tende comptaient près de 400 tombes. « La totalité a été dévastée et déplacée dans les vallées. Ce qui complexifi­e considérab­lement la tâche des enquêteurs. » Selon les éléments transmis au procureur, « c’est la première fois qu’un cimetière était aussi lourdement endommagé ».

Le temps contre eux

« On n’a jamais connu ce genre de situation », confirme le colonel Nicolas Thiburce, de l’IRCGN (institut de recherche criminelle de la gendarmeri­e). Le délicat travail de « distinguo » entre victimes et sépultures est inédit. Et compliqué, surtout en milieu aquatique. « Le temps qui passe ne nous aide pas », selon le procureur. Les analyses ADN, digitales et odontologi­ques n’offrent aucune garantie d’identifier des victimes. Hier, le colonel Thiburce estimait : « Nous avons peut-être 48 heures devant nous. Et encore... »

Enquête hors norme

Des moyens considérab­les ont été déployés. 130 à 140 gendarmes mobilisés sur chaque grande vallée. 400 militaires en renfort. Une cellule de huit enquêteurs chargée d’orienter les recherches. Tel est le dispositif décrit par le lieutenant-colonel Cochois, du groupement départemen­tal de gendarmeri­e des A.-M., pour un « bassin de trois vallées avec 8000 personnes et 1000 km2 de zones en eau ».

Soutien psychologi­que

« Hors norme », l’affaire l’est aussi « car il a fallu mettre en place des mesures de soutien pour les victimes et les ayants droit », explique le procureur. L’associatio­n Montjoye assure soutien psychologi­que et conseils. « Plusieurs centaines de personnes ont été reçues ». La délégation interminis­térielle à l’aide aux victimes est mobilisée aussi. Comme en 2016 après l’attentat de Nice.

Pas de pillage signalé

Des pillages ont-ils été signalés dans les habitation­s dévastées ? Non, assure le procureur. « Aucune procédure de cette nature-là ne nous est remontée. On est souvent sur de la rumeur. Si c’était le cas, nous serions d’une fermeté exemplaire. »

 ??  ?? Le procureur Xavier Bonhomme entouré de son adjointe Parvine Derivery, du lieutenant-colonel Philippe Cochois, pour le groupement de gendarmeri­e des Alpes-Maritimes, et du colonel Nicolas Thiburce, responsabl­e du détachemen­t identifica­tion des victimes de l’IRCGN. (Photo C. C.)
Le procureur Xavier Bonhomme entouré de son adjointe Parvine Derivery, du lieutenant-colonel Philippe Cochois, pour le groupement de gendarmeri­e des Alpes-Maritimes, et du colonel Nicolas Thiburce, responsabl­e du détachemen­t identifica­tion des victimes de l’IRCGN. (Photo C. C.)

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