Ils ont vu les oeuvres avant tout le monde !
Une trentaine d’élèves de Stanislas a rendu visite à Jason DeCaires Taylor en plein travail dans son atelier depuis lundi. Les oeuvres et les modèles seront dévoilés demain vendredi
Il a rejoint ses oeuvres lundi, dans un atelier improvisé au bord de mer. Jason DeCaires Taylor a encore beaucoup à faire avant l’immersion, fin novembre, des six sculptures qui constitueront l’écomusée sousmarin de Sainte-Marguerite. Mais comme la transmission est inscrite dans son ADN, il a accepté de passer un moment avec un groupe d’élèves de Stanislas. Ces derniers – une trentaine d’élèves de troisième – sont arrivés accompagnés de leurs professeurs d’anglais, français, SVT (sciences et vie de la terre) et Arts plastiques. Pris en charge par les équipes des musées, ils ont revu rapidement la genèse du projet (lire l’édition de lundi 12 octobre) et découvert les premières oeuvres déballées (trois sur les six au total).
Un double privilège car, à part eux, peu auront l’occasion d’échanger avec l’artiste comme ils l’ont fait. Et personne encore n’a vu les oeuvres ou n’a pris connaissance de l’identité des six modèles retenus pour le musée. Ces derniers seront dévoilés en conférence de presse, mais pas avant demain vendredi.
« Pourquoi des sculptures si grandes ? »
Les élèves avaient préparé cette rencontre avec passion. Ils ont posé – in english of course, l’artiste étant britannique – des tonnes de questions.
« Pourquoi avez-vous choisi de faire des sculptures aussi grandes ? » [N.D.L.R. : 2 mètres de haut] a commencé Carla. Réponse de Jason DeCaires Taylor : « L’océan est si vaste, je trouve que c’est comme ça qu’on peut ressentir l’immensité. J’ai commencé par des sculptures plus petites mais elles avaient trop l’air minuscules. »
« Et quel est le processus de réalisation ? » (Margot). « Nous commençons par des moulages avec du plâtre et du silicone. Puis je scanne et je crée des moules géants que je remplis de béton… »
« Pourquoi pas des symboles ou des objets ? »
L’artiste a ensuite expliqué que, depuis son arrivée, il polit les visages. Et prépare des socles suffisamment lourds (5 tonnes) pour lester les sculptures dans l’eau. « Et sinon, pourquoi faites-vous des gens et non pas des symboles ou des objets ? » (Lina) Réponse de Jason DeCaires Taylor : « Les objets changent au fil des époques, les humains non. Même quand les coraux auront recouvert les sculptures, on reconnaîtra toujours un petit bout d’humain… »
Enfin, cette petite minute philosophique avec Hanaé : « Si vous aviez un message à donner aux nouvelles générations ? » Réponse : « Allez voter et votez pour l’environnement ! Et aussi : il n’y a pas de but… C’est le chemin qui compte. Profitez de ce chemin.. »
Les élèves travaillent au projet depuis trois ans
Les élèves ne sont pas arrivés à ce rendez-vous les mains vides. Depuis trois ans, Stanislas travaille sur le projet a expliqué Aurélie Piquenot, enseignante d’arts plastiques : « Nous sommes allés voir l’exposition « Flux », de Jason DeCaires Taylor au musée de la mer en 2018. Puis nous avons travaillé en arts plastiques. Les élèves se sont pris en photo et mis en scène dans des décors naturels différents. Ils ont également étudié la première oeuvre de l’artiste [photo à gauche] : l’homme en train d’écrire une lettre. Ils ont imaginé le contenu et la provenance du courrier. »
La compilation de leurs travaux a été remise à l’artiste qui s’est aussi prêté au jeu des dédicaces et a montré comment il procède au ponçage des sculptures. Qu’on se le dise : les enfants ont eu du mal à reprendre le chemin de leur établissement.