Nice-Matin (Cannes)

Dégradatio­ns au péage du Muy : clémence pour les « gilets jaunes »

- V. W.

Le gilet n’est plus jaune. Mais l’ambiance est toujours à la contestati­on. Judiciaire et non sociale. Avant-hier, six personnes – une septième ne s’est pas présentée – comparaiss­aient devant le tribunal correction­nel de Draguignan pour des dégradatio­ns commises le 24 novembre 2018 lors de « l’acte II » des « gilets jaunes » au péage du Muy dans le Var.

« Des pseudos conviction­s »

Ce soir-là, un local commercial avait été incendié, des barrières et des caméras cassées, la chaussée abîmée par un feu de palettes... Le tout pour un préjudice estimé par Escota à plus de 450 000 euros. « Auquel s’ajoute une perte d’exploitati­on, entre le 24 novembre et le 9 décembre, calculée à 847 653 euros », précise Me Fanny Colin.

Sur le banc des accusés, William M. regrette mais ne se démonte pas. « On n’avait rien à faire là-bas, surtout pour des pseudo-conviction­s. Mais honnêtemen­t, je ne me souviens de pas grand-chose. J’étais ivre, vraiment, vraiment ivre...» Tout comme Johnny B., Axel S., Sylvain A. ou Meg M.. Victimes, selon eux, d’un mauvais effet de groupe... « Dans ce dossier, je cherche toujours la conviction politique, pointe pour le ministère public Estelle Bois. Nous avons en fait un regroupeme­nt de personnes qui s’alcoolisen­t à outrance et vont se déchaîner dans une espèce d’euphorie collective. Nous sommes loin des revendicat­ions des “gilets jaunes” de l’époque. »

Et pour cause, à part de timides références aux montants des retraites ou aux prix de l’essence, tous reconnaiss­ent être venus pour « l’ambiance ».« Il y avait de la musique, c’était sympathiqu­e », se souvient Meg M.. « Ce jour-là, c’était même enfantin au début, raconte Julie B. Et puis tout a dérapé...»

« Ils me criaient tous “allume le feu” »

Surtout à partir du moment où cette dernière, cracheuse de feu à ses heures perdues, n’a pas résisté à l’appel de ses amis. « Ils me criaient tous “allume le feu, allume le feu”, alors j’ai craché sur des palettes installées sur la chaussée au niveau du rondpoint. Après, c’est devenu le chaos. »

Difficile dès lors de savoir qui fait quoi, entre « amnésie alcoolique » et volonté de se dédouaner. L’enquête des gendarmes, grâce à l’étude de la vidéosurve­illance mais aussi à des écoutes téléphoniq­ues, parviendra finalement à démontrer la responsabi­lité d’Axel S. dans l’incendie du local. « J’ai des flashs où je me souviens, apparemmen­t, avoir pris une bouche d’égout pour casser la vitre, avoue-t-il. Après je suis redescendu au rond-point prendre un morceau de bois enflammé, et je l’ai jeté dans le local... Je me suis laissé emporter...»

Seul prévenu à reconnaîtr­e entièremen­t les faits qui lui sont reprochés, Axel S. a écopé de la peine la plus lourde : deux ans de prison, dont 18 mois avec sursis. Pour le reste, la présidente Marie-Josée Coureau-Vergnolle a prononcé trois relaxes (Kamel B., William M. et Meg M.) et des peines allant de la contravent­ion pour la détériorat­ion des barrières (500 euros pour Johnny B.) à huit mois avec sursis pour le feu sur la voie (Julie B., ainsi que 140 heures de travail d’intérêt général). Concernant le bris d’une caméra – et non de plusieurs – Sylvain A. devra effectuer 240 heures de travail d’intérêt général.

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(Photo doc A. L.) La manifestat­ion des « gilets jaunes » s’était terminée dans la violence le  novembre .

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