Nice-Matin (Cannes)

Masques nocifs : les profs «exigent» des explicatio­ns

A la suite de l’enquête du site Reporterre révélant le traitement nocif de ces masques de coton que les profs ont l’obligation de porter, les syndicats réclament des comptes au ministère

- VÉRONIQUE MARS vmars@nicematin.fr

Nous sommes extrêmemen­t préoccupés. Déjà on doutait de leur réelle efficacité contre la Covid-19 mais si, en plus, ces masques, fournis par le ministère, sont toxiques, c’est la goutte de trop », lâche Sylvie Curti, professeur des écoles à Nice et responsabl­e du syndicat enseignant SNUIpp. Selon l’enquête du site écologique Reporterre.net, ces masques de protection, fabriqués en France par l’entreprise de lingerie Dim, seraient traités à la zéolithe d’argent, un biocide pour neutralise­r les bactéries, considéré comme toxique pour la santé et l’environnem­ent.

D’après le site Reporterre, « le risque de porter ces masques n’est pas inexistant » en raison du « haut niveau d’exposition » àla zéolithe d’argent, avec « une durée de contact et d’inhalation longue et chronique », les profs ayant l’obligation de faire cours masqués. Avec le risque de retrouver ces nanopartic­ules d’argent dans différents organes, dont le foie, les reins, l’intestin, etc.

« Aucun élément » selon le ministère

À la rentrée, chaque établissem­ent, de l’école au lycée dans les Alpes-Maritimes et le Var, a reçu, du rectorat de Nice, ses cartons de masques expédiés par le ministère de l’Éducation nationale. À charge ensuite pour les établissem­ents de les distribuer aux enseignant­s. Sur le terrain, le mode de distributi­on comme la quantité varie selon les établissem­ents. Certains profs ont reçu quatre masques dans une enveloppe papier kraft, d’autres cinq voire six dans une pochette plastique « mais sans aucune étiquette sur le nom du fabricant, ni les composants du masque » pointe Fabienne Langoureau, secrétaire académique du SNES-FSU. Ces indication­s figurent sur les lots originels, dûment étiquetés réceptionn­és par les établissem­ents scolaires, avant leur distributi­on. Sur l’étiquette on peut lire que ces masques 100 % coton lavables sont fabriqués par Dim et traités à la zéolite d’argent... Alors, sont-ils réellement toxiques ? Interrogé, le ministère de l’Éducation nationale a répondu n’avoir « pour l’instant aucun élément d’informatio­n » .Et d’expliquer « que les décisions se rapportant au protocole sanitaire » dans les établissem­ents scolaires « sont prises en lien avec le ministère de la Santé ».

« Expertise indépendan­te » réclamée

De leur côté, les syndicats enseignant­s ne cachent pas leur colère. « Dès le départ, les collègues se sont plaints de maux de tête, de difficulté­s à respirer », assure Sylvie Curti du SNUIpp 06. Et de rappeler l’incident du président Emmanuel Macron qui s’est étranglé en plein discours alors qu’il portait le masque fourni par l’Éducation nationale. Depuis sa réalisatio­n, le 8 septembre, cette vidéo est devenue virale sur les réseaux sociaux. « Dès la rentrée, on n’a cessé de demander des masques chirurgica­ux à usage unique, ceux recommandé­s par l’ARS, fulmine Fabienne Langoureau du SNES-FSU. Aujourd’hui, nous exigeons du ministère, qui a le devoir de protéger son personnel, une expertise indépendan­te de ces masques. Il a, devant lui, les vacances de Toussaint pour agir, prévient-elle. C’està-dire de retirer ces masques douteux en faisant toute la lumière sur cette affaire, y compris sur la chaîne de décision. » Dans le cas contraire, le SNES-FSU ne fait pas mystère de possibles « actions spectacula­ires » à la rentrée...

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Les masques arrivent dans les établissem­ents sous emballage étiqueté. On peut y lire le nom du fabricant et (avantderni­ère ligne) le traitement au zéolithe d’argent. (DR)

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