Extraits du rapport d’Autopsie :

J’ai grandi dans un endroit dur et il a fallu être encore plus dur, j’aurais pu être un énorme salopard, je me suis contenté d’être un petit con.

Je déteste l’école. Et l’école me déteste. Je m’ennuie et je ne comprends rien. Je ne suis pas con, je suis juste inadapté. Je suis le boulet de toute une famille.

Je vais partir. Peu importe. Je quitte Fréjus. Je n’abandonne personne mais je fuis. Même une semaine. La nouveauté, des vacances, une grande ville. Prenez-moi, messieurs du Losc. Je vais vous montrer de quoi je suis capable pour me faire un nom. Je vois bien que je ne suis pas là grâce à mon football. Pendant les essais on ne me regarde presque jamais. On commente la technique des autres.

Je suis très mal à l’aise avec la tristesse, j’ai l’impression qu’elle porte malheur, qu’elle tire vers le bas, qu’elle dégonfle les muscles et atrophie l’ego.

Mon regard ne parvient pas à faire un arrêt sur image, je zappe entre plusieurs émotions. C’est violent le sport. Il faut encaisser beaucoup de coups de boule pour quelques caresses.

Très vite, je comprends comment fonctionne le système. Aucune ne me trouve séduisant ou beau gosse, et même si c’est le cas, elles s’en foutent. Elles vivent de ma naïveté. On les appelle des « vide-bouteilles », commissionnées au nombre de bouteilles que tu raques.

Quand je lis les journaux, je n’ai pas envie de me connaître. Je suis devenu un fait divers de tabloïds.

« Autopsie », éditions Hugo Sport, 300 pages, 19,95 euros.