Trafic de « gaz hilarant » à La Seyne-sur-Mer
I lvaut mieux mourir de froid que mourir du Covid. » C’est avec les fenêtres ouvertes que le tribunal correctionnel de Toulon a jugé un dossier inédit ce vendredi soir. Adrien B. et Priscilla L. étaient poursuivis pour avoir détenu et transporté neuf cartons de six bouteilles de protoxyde d’azote à La Seyne-sur-Mer, soit 27 kg de ce gaz dont l’usage détourné affole les autorités sanitaires.
« J’ai connu ça en boîte de nuit »
« J’ai connu ça à Marseille il y a quelques années, explique Priscilla, dans toutes les boîtes de nuit où je suis allée il y en avait… » Des ballons de baudruche gonflés avec ce produit permettaient alors aux fêtards d’absorber le fameux « gaz hilarant ». La jeune femme âgée de 19 ans aurait dès lors abandonné le cannabis pour cette nouvelle drogue. Elle affirme s’être approvisionnée dans une cité marseillaise. « Je suis consciente que c’est toxique mais je ne savais pas que c’était illégal .»
Son ami Adrien B., 21 ans, était venu l’aider à se débarrasser des encombrants cartons après que la mère de Priscilla L. les avait découverts dans sa chambre. « Moi je voulais rendre service… », dit-il.
« On en trouve partout »
L’accusation, portée par la procureure Stéphanie Batlle, est convaincue que le duo se livrait à des livraisons « dans l’ensemble du Var et dans une partie des Bouches-du-Rhône ». La principale prévenue a reconnu avoir « dégagé un bénéfice ». En défense, Mes Philippe Comani et Bertrand Pin soulignent que le protoxyde d’azote, utilisé dans des cartouches pour siphons à chantilly, est en vente libre. « On en trouve dans toutes les épiceries de Toulon », plaide Me Comani. « Il y a une réelle question au niveau de l’élément intentionnel », renchérit Me Bertrand Pin.
En vain, les délits d’acquisition et de transport de substances vénéneuses sont constitués, estime le tribunal présidé par Corinne Savonne. Priscilla L. écope d’une peine mixte : six mois de prison aménageables et six mois de prison avec un sursis probatoire (obligation de soins et de travail ou de formation). Son ami Adrien B., fort d’un casier judiciaire comportant déjà treize mentions, est condamné à six mois de prison ferme. Il a été conduit immédiatement en détention. La procureure avait requis le double. E. M.